***La Méditation***
Citation...« Quelle est l'utilité d'un guru ? Sais-il plus que vous ne savez vous-même ? Et que sait-il ? S'il dit qu'il sait, en réalité il ne sait pas et d'ailleurs le mot n'est pas la réalité de ce qu'il désigne. Est-il possible d'enseigner cet extraordinaire état ? Ils peuvent peut-être vous le décrire, éveiller votre intérêt, votre désir de le posséder, de le vivre - mais ils ne peuvent pas vous le donner. Il vous faut marcher par vous-même, il vous faut entreprendre le voyage tout seul, et au cours de ce voyage, il vous faut être votre propre maître et élève. » J. Krishnamurti
La méditation c’est tout ce que l’air apporte, c’est tout ce qu’est le vent... Il faut qu’elle soit ouverte par amour, par affection, en toute liberté, et pas dans l’attente de quelque chose.Nous allons méditer ensemble comme lorsqu’on laisse la fenêtre ouverte et que l’air entre à sa guise....
Avoir pleinement conscience des choses est un état d’esprit extraordinaire - avoir conscience de son environnement, des arbres, de l’oiseau qui chante, du soleil levant, là derrière vous ; être attentif aux visages, aux sourires, à la boue qui couvre la route ; percevoir la beauté de ce pays, d’un arbre se détachant sur la rougeur du ciel, du friselis de l’eau -, avoir de toute chose une conscience sans choix. C’est ce que je vous invite à faire en chemin. Écoutez ces oiseaux, ne cherchez pas à les nommer, à en identifier l’espèce, écoutez simplement leurs bruits.
Écoutez le mouvement de vos pensées ; ne les contrôlez pas, ne les façonnez pas, ne dites pas : « Celle-ci est bonne, celle-là est mauvaise. » Mais accompagnez-en le mouvement. C’est cela, la conscience dénuée de tout choix, de toute condamnation, comparaison ou interprétation, et qui n’est qu’observation. Voilà qui rend l’esprit hautement sensitif. Dans cet état de vigilance, il y a attention - mais point de contrôle ni de concentration. Rien que l’attention. Autrement dit, vous êtes dans un même temps en train d’écouter les oiseaux, de voir le soleil se lever, d’entendre passer les voitures, d’être attentifs à vos pensées et à vos sentiments, et au mouvement dont est animée cette attention. Votre attention est globale, sans limites, et couvre non seulement le conscient, mais aussi l’inconscient.Lorsque l’esprit est ainsi attentif, le processus d’association de la pensée prend fin naturellement et l’esprit devient tranquille. Alors de cette tranquillité surgit un tout autre mouvement... Cette méditation-là part de l’éternel et rejoint l’éternel, car le fondement sur lequel on s’appuie n’est plus le temps, mais la réalité.J.Krishnamurti, La fenêtre ouverte..
***La méditation ne consiste pas à suivre un système***
La méditation ne consiste pas à suivre un système ; ce n’est pas une constante répétition ou imitation ; ce n’est pas une concentration. Une des méthodes favorites de certaines personnes qui enseignent la méditation est d’insister auprès de leurs élèves sur la nécessité de se concentrer, c’est-à-dire de fixer leur esprit sur une pensée et d’expulser toutes les autres. C’est la chose la plus stupide, la plus nocive que puisse faire n’importe quel écolier, lorsqu’on l’y oblige. Cela veut dire que pendant tout ce temps on est le lieu d’un combat entre la volonté insistante de se concentrer et l’esprit qui vagabonde, tandis qu’il faudrait être attentif à tous les mouvements de la pensée, partout où elle va. Lorsque votre esprit erre à l’aventure, c’est que vous êtes intéressé par autre chose que ce que vous faites.
La méditation exige un esprit étonnamment agile ; c’est une compréhension de la totalité de la vie, où toute fragmentation a cessé, et non une volonté dirigeant la pensée. Lorsque celle-ci est dirigée, elle provoque un conflit dans l’esprit mais lorsqu’on comprend sa structure et son origine —que nous avons déjà examinées— elle cesse d’intervenir. Cette compréhension de la structure de la pensée est sa propre discipline, qui est méditation.Extrait Se libérer du connu , J. Krishnamurti, Chapitre 15
Voici deux méthodes simples proposées par Krishnamurti dans son livre "Réponses sur l'éducation"pour faciliter l'entrée dans la méditation. Simplement en observant ses propres pensées...
1 Pour apprendre à méditer, commencez par observer comment fonctionne votre esprit, votre mental.nstallez-vous dans une posture de méditation, une posture confortable pour vous. Fermez les yeux et observez-les. Pouvez-vous les garder fixe ? L’immobilité des yeux est importante lors de la méditation. Gardez vos yeux complètement immobiles.Puis observez vos pensées, sans vous y attacher, leur façon de passer de l’une à l’autre. Observez ce que vous pensez de vos pensées, mais n’intervenez pas, ne retenez aucune pensée, laissez-les passer.Observez simplement, ne corrigez rien…laissez aller et entrez dans la méditation.Faites cet exercice au moment de vous coucher, pendant vos promenades et vous pourrez entrer dans le commencement de la méditation.
2 Prenez une position assise, soyez calme, tranquille, détendez-vous.Puis regardez la nature autour de vous, regardez les arbres, les fleurs, le ciel, la mer, une colline…selon l’endroit où vous vous trouvez.Observez les couleurs, les formes, les ombres…regardez avec vos yeux, ne pensez pas, observez simplement.Puis après avoir bien observé l’extérieur, allez vers l’intérieur…fermez les yeux, comme vous avez observé ce qui se passait à l’extérieur, observez maintenant ce qui se passe en vous.Ne pensez pas, observez simplement. Ici aussi gardez les yeux immobiles, ils n’ont plus rien à regarder ! Vous avez regardé tout ce qui vous entourait extérieurement, maintenant, voyez ce qui se passe dans votre esprit. Soyez calme….Au fur et à mesure de ces pratiques, vous deviendrez plus sensibles, présents à toutes choses en vous et autour de vous...
***Prière et Méditation***
L’aspiration exprimée dans la prière, n’est-elle pas une voie vers Dieu ?Examinons les différents problèmes contenus dans cette question. Ils portent sur la prière, la concentration et la méditation.Qu’appelons-nous prière ?
La prière comporte d’abord une pétition, une supplication adressée à ce que vous appelez Dieu, ou la réalité. Vous, l’individu, vous demandez, quémandez, mendiez, vous cherchez assistance auprès de quelque chose que vous appelez Dieu ; en somme vous cherchez une récompense, un contentement.Vous êtes dans de graves difficultés nationales ou individuelles et vous priez pour avoir du secours, ou vous êtes dans la confusion et vous mendiez de la clarté ; vous demandez de l’aide à ce que vous appelez Dieu.
Ceci comporte l’idée implicite que Dieu, quel que soit ce Dieu (nous ne discutons pas de cela pour l’instant) va se mettre à éclaircir la confusion que vous et moi avons crée. Car c’est nous qui avons engendré cette confusion, cette misère, ce chaos, cette affreuse tyrannie, ce manque d’amour ; et nous voulons que ce que nous appelons Dieu vienne tout mettre en ordre.En d’autres termes, nous voulons que notre confusion, notre affliction, nos conflits, soient remis en ordre par un autre que nous, nous nous adressons à quelqu’un pour qu’il nous apporte de la lumière et du bonheur.
Or, lorsque vous priez, quémandez et suppliez pour obtenir quelque chose, cette chose, en général, se produit. Lorsque vous demandez, vous recevez ; mais ce que vous recevrez ne créera pas l’ordre, car ce qui est susceptible d’être reçu ne donne ni clarté, ni compréhension, ne peut que satisfaire et faire plaisir, du fait que lorsqu’on demande, on reçoit ce que l’on a projeté soi-même.
Comment la réalité – Dieu – peut-elle répondre à votre demande particulière ?Est-ce que l’immesurable, l’imprononçable, peut-être occupé à résoudre nos petits tracas, nos misères et nos confusions crées par nous ?L’immesurable ne peut pas répondre au mesurable, au mesquin, au petit. Mais alors qu’est-ce qui répond ?
Lorsque nous prions, nous sommes plus ou moins silencieux, nous sommes dans un état réceptif ; et alors notre subconscient nous apporte un moment de clarté. Vous voulez quelque chose, vous le voulez très intensément ; au moment de cette intensité, de cette obséquieuse mendicité, vous êtes assez réceptif ; votre esprit conscient, actif, est relativement immobile, ce qui permet à l’inconscient de s’y projeter, et vous avez votre réponse.Ce n’est certainement pas une réponse qui provient de la réalité, de l’immesurable ; c’est votre propre inconscient qui répond. Ne commettez pas l’erreur de croire que lorsqu’il est répondu à votre prière, vous êtes en relation avec la réalité.
La réalité doit venir à vous, vous ne pouvez pas aller à elle.Il y a encore un autre facteur dans cette question, c’est la réponse de ce que nous appelons la voix intérieure.Ainsi que je l’ai dit, lorsque l’esprit est en état de supplication, il est relativement immobile ; et lorsque vous entendez la voix intérieure, c’est votre propre voix qui se projette dans cet esprit relativement silencieux.
Comment pourrait-elle être la voix de la réalité ? Un esprit confus, ignorant, avide, quémandant, comment peut-il comprendre la réalité ?
L’esprit ne peut recevoir la réalité que lorsqu’il est absolument immobile, et non pas entrain de demander, implorer, supplier, pour lui-même, pour la nation ou pour d’autres personnes. Lorsque l’esprit est tout à fait arrêté, que tout désir a cessé, alors seulement naît la réalité. La personne qui prie et qui aspire à être guidée recevra ce qu’elle cherche, mais ce ne sera pas la vérité. Ce qu’elle recevra sera la réponse des couches inconscientes de son esprit, lesquelles se projettent dans le conscient ; cette voix intérieure du silence n’est pas le réel mais la réponse de l’inconscient.
Et dans ce problème il y a aussi celui de la concentration. Pour la plupart d’entre nous, la concentration est un processus d’exclusion, que l’on fait fonctionner par un effort, une contrainte, une direction, une imitation.Je m’intéresse à une soit-disant méditation, mais mes pensées sont distraites ; je fixe mon esprit sur une image ou une idée et j’exclu toutes les autres pensées. Cette concentration, qui est une exclusion, est censée être un moyen de méditer.
N’est-ce pas cela que vous faites ?
Lorsque vous vous asseyez pour méditer, vous fixez votre esprit sur un mot, sur une image, sur un portrait, mais l’esprit vagabonde partout. Il y a une constante irruption d’autres idées, d’autres pensées, d’autres émotions et vous essayez de les chasser ; vous passez votre temps à batailler avec vos pensées.Ce processus, vous l’appelez méditation.
En somme, vous essayez de vous concentrer sur quelque chose qui ne vous intéresse pas et vos pensées continuent à se multiplier, à croître, à vous interrompre. Alors vous dépensez votre énergie à exclure, à écarter, à expulser ; et si vous pouvez enfin vous concentrer sur la pensée de votre choix ou sur un objet particulier, vous croyez avoir réussit à méditer.Mais cela n’est pas de la méditation.La vraie méditation ne consiste pas à exclure ou à écarter des pensées, ni à construire des résistances contre des idées importunes.La prière, pas plus que la concentration, n’est une vraie méditation.
Qu’est-ce que la méditation ?
La concentration de pensée n’est pas une méditation, parce qu’il est relativement facile de se concentrer sur un sujet intéressant. Un général absorbé par le plan de la bataille qui enverra ses soldats à la boucherie est très concentré.Un homme d’affaire en train de gagner de l’argent est très concentré, ce qui ne l’empêche pas, à l’occasion, d’être cruel et de se fermer à tout sentiment. Il est absorbé dans ses desseins, comme toute personne dont l’intérêt est capté ; il se concentre naturellement et spontanément.
Qu’est-ce donc la méditation ? Méditer, c’est comprendre ; la méditation du cœur est compréhension. Et comment puis-je comprendre s’il y a exclusion ? Comment puis-je comprendre s’il y a pétition et supplication ?
En la compréhension il y a la paix, la liberté ; car on est libéré de ce que l’on a compris. Se concentrer, prier, cela n’éveille pas la compréhension, et celle-ci est la base même, le processus fondamental de la méditation.Vous n’êtes pas tenus d’accepter ce que je dis, mais si vous examinez la prière et la concentration de pensée très soigneusement, profondément, vous verrez que ni l’une ni l’autre ne conduisent à la compréhension, tandis que la méditation qui consiste à comprendre engendre la liberté, la clarté, l’intégration.
Mais qu’appelons-nous comprendre ?
Comprendre veut dire donner sa vraie valeur à toute chose. Être ignorant, c’est attribuer des valeurs erronées. La nature même de la stupidité est le manque de compréhension des vraies valeurs. La compréhension se fait jour lorsque s’établissent des vraies valeurs.
Et comment établirons-nous les valeurs justes de nos possessions, de nos rapports humains, de nos idées ? Pour que surgissent des valeurs exactes, il me faut comprendre le penseur, n’est-ce pas ?
Si je ne comprends pas le penseur – lequel est moi-même – ce que je choisis n’a pas de sens ; si je ne me connais pas, mon action, ma pensée sont sans fondement. Donc, la connaissance de soi est le début de la méditation. Il ne s’agit pas des connaissances que l’on ramasse dans des livres, chez des guides spirituels, des gurus, mais de celle qui provient d’une enquête intérieure et d’une juste perception de soi. Sans connaissance de soi, il n’y a pas de méditation. Si je ne comprends pas mes mobiles, mes désirs, mes aspirations, ma poursuite de modèles d’action (lesquels sont des « idées ») ; si je ne me connais pas, je n’ai pas de bases pour penser ; le penseur qui demande, prie, exclut, sans se comprendre, doit inévitablement tomber dans la confusion de l’illusion.
Le début de la méditation est la connaissance de soi, ce qui veut dire percevoir chaque mouvement de la pensée et de l’émotion, connaître toutes les couches stratifiées de ma conscience, non seulement les régions périphériques, mais les activités les plus secrètes, les plus profondément cachées. Pour connaître ces mobiles cachés, ces réactions, ces pensées et ces sentiments, il faut que le calme se fasse dans l’esprit conscient ; en effet, celui-ci doit être immobile pour percevoir la projection de l’inconscient. L’esprit conscient, superficiel, est occupé par ses activités quotidiennes : le pain à gagner, les gens qu’il faut tromper et ceux que l’on exploite, la fuite devant les problèmes, bref toutes les activités quotidiennes de notre existence.
Cet esprit périphérique doit comprendre la vraie signification de ses activités, et ce faisant se donner la paix. Il ne peut pas provoquer ce calme et ce silence en se dominant, en se disciplinant, en se mettant au pas ; mais il permettra à cette tranquillité de se produire en comprenant ses propres activités, en en étant conscient, en voyant sa cruauté, la façon dont il se comporte par rapport à un domestique, à sa femme, à sa fille, à sa sœur, etc.
Lorsque l’esprit superficiel et conscient perçoit de la sorte ses activités, il devient, grâce à cette compréhension, spontanément tranquille ; il n’est pas drogué par des contraintes ou par des désirs enrégimentés ; il est alors à même de recevoir les émissions, les suggestions de l’inconscient, des très nombreuses couches de l’esprit telles que les instincts raciaux, les souvenirs enfouis, les poursuites cachées, les profondes blessures non encore cicatrisées.Ce n’est que lorsque toutes ces zones se sont projetées et ont été comprises, lorsque la conscience toute entière se trouve déchargée, lorsqu’il ne reste plus une seule blessure, plus une seule mémoire pour l’enchaîner, que l’éternel peut être reçu.
La méditation est connaissance de soi, sans connaissance de soi, il n’y pas de méditation. Si vous n’êtes pas conscient tout le temps de toutes vos réactions, si vous n’êtes pas pleinement conscient, pleinement averti du sens de vos activités quotidiennes, le simple fait de vous enfermer dans votre chambre et de vous asseoir devant le portrait de votre guru, de votre maître, est une évasion ; car sans cette connaissance de soi, votre pensée n’est pas orientée dans une direction juste et votre méditation n’a aucun sens, qu’elle que soit la noblesse de nos intentions.
Ainsi la prière n’a aucune valeur sans cette connaissance de soi, mais celle-ci engendre une pensée correcte de laquelle découle une action correcte. Celle- ci dissipe la confusion, de sorte que l’homme qui se connaît n’a pas besoin de supplier qu’on le libère. L’homme pleinement conscient est en état de méditation ; il ne prie pas parce qu’il ne désire rien. Par des prières, des disciples, des répétitions et tout le reste, vous pouvez provoquer une certaine immobilité, mais ce n’est qu’un abêtissement par lassitude, car vous avez drogué votre esprit. L’exclusion – que vous appelez concentration – ne conduit pas à la réalité ; aucune exclusion ne peut le faire. Ce qui engendre la compréhension c’est la connaissance de soi, et il n’est pas très difficile d’être conscient, si l’intention y est. Si cela vous intéresse de découvrir tout le processus de vous-même – non seulement la partie superficielle, mais le processus de tout votre être – c’est relativement facile. Si réellement vous voulez vous connaître, vous fouillerez votre cœur et votre esprit afin de connaître tout le contenu ; et si vous avez l’intention de savoir, vous saurez.
Alors vous pourrez suivre, sans condamnation ni justification, chaque mouvement de votre pensée et chaque sentiment au fur et à mesure qu’ils surgissent, vous engendrerez cette tranquillité qui ne sera pas forcée, qui ne sera pas enrégimentée mais qui proviendra de ce que vous n’aurez pas de problèmes, pas de contradiction.C’est comme l’étang qui devient calme et paisible n’importe quel soir lorsqu’il n’y a pas de vent. Lorsque l’esprit est silencieux, ce qui est immesurable entre en existence.J.Krishnamurti : La première et dernière liberté.Question-réponse 19 : - Sur la prière et la méditation
Source...http://www.krishnamurti-france.org/Sur-la-priere-et-la-meditation.
pages 236 à 242.
A CHACUN DE FAIRE SA RÉVOLUTION INTÉRIEURE...KRISHNAMURTI INVITE CHACUN DE NOUS À LA MÉDITATION,À SAVOIR ÉCOUTER LE SILENCE, CELUI DU CŒUR ET DE LA NATURE...
La méditation n'est pas une évasion. Ce n'est pas une activité qui vous isole et vous enferme en vous-même, c'est plutôt une compréhension du monde et de ses évolutions. Le monde a peu à offrir en dehors d'aliments, de vêtements, d'abris, et de plaisirs doublés de chagrins. La méditation consiste à vaguer en dehors du monde. Il faut être totalement en dehors du monde, alors il a un sens, et la beauté des cieux et de la terre est toujours présente. Alors l'amour n'est pas plaisir, mais le départ d'une action qui ne provient ni d'une tension d'esprit, ni d'une contradiction, ni de la vanité du pouvoir.Il nie que son enseignement soit la continuité des enseignements anciens. Il n'a lu aucun des livres sacrés de l'Inde ou de l'Occident car ils ne sont pas utiles à l'homme qui se rend compte de ce qui se passe dans le monde et du comportement des êtres humains.
Ils répètent leurs théories, ils acceptent des propagandes qui durent depuis deux mille ou cinq mille ans, et qui sont devenues la tradition, la vérité, la révélation. Pour celui qui rejette totalement et complètement l'acceptation du monde, les symboles et leurs conditionnements, la vérité n'est pas une affaire de seconde main. Si vous l'avez écouté, Monsieur, il a dit dès le début que toute acceptation d'une autorité est la négation même de la vérité et il a insisté sur la nécessité de se situer en dehors de toute culture, de toute tradition et de toute morale sociale. Si vous aviez écouté, vous ne diriez pas qu'il est Indien ou qu'il reprend en langage moderne une ancienne tradition. Il dénie totalement le passé, ses maîtres, ses interprètes, ses théories, ses formules. La vérité n'est jamais dans le passé. Les vérités du passé sont les cendres de la mé- moire. La mémoire appartient au temps. Dans les cendres mortes d'hier il n'y a pas de vérité. La vérité est une chose vivante, elle n'est pas dans la sphère du temps. Ainsi, ayant mis tout cela de côté, nous pouvons maintenant aborder le point central concernant Brahman, tel que vous le postulez. Il est bien certain, Monsieur, que cette assertion est une théorie inventée par un esprit imaginatif - qu'il s'agisse de Shankara, ou d'un savant théologien moderne...
Vous pouvez vérifier une théorie par votre propre expérience, mais à la façon de celui qui, élevé et conditionné dans le monde catholique, a des visions du Christ: il est évident que de telles visions du Christ sont des projections de son propre conditionnement. De même, ceux qui ont été élevés dans la tradition de Krishna ont des expé- riences et des visions engendrées par leur culture. L'expérience, donc, ne prouve absolument rien. Reconnaître qu'une vision est celle de Krishna ou du Christ est le fait d'une connaissance conditionnée. Cette vision n'est donc pas une réalité, mais un fantasme, un mythe renforcé par l'expérience et totalement fictif. Quel besoin avez-vous d'une quelconque théorie et pourquoi postulez-vous une croyance? Cette constante assertion d'une croyance est l'indication d'une peur: peur de la vie quotidienne, peur de la douleur, peur de la mort et d'une vie dénuée totalement de sens. Voyant tout cela, vous inventez une théorie, et plus elle est habile et érudite, plus elle a de poids. Au bout de deux mille ou de dix mille années de propagande, cette théorie, invariablement et sottement, devient « la vérité »...
Mais si vous ne postulez aucun dogme, vous vous trouvez face à face avec la réalité de ce qui est. Alors « cela qui est » est la pensée, le plaisir, la douleur et la peur de la mort. Lorsque l'on comprend la structure de la vie quotidienne - avec ses compétitions, son avidité, ses ambitions, ses luttes pour le pouvoir - on voit, non seulement l'absurdité des théories, des sauveurs, des gourous, mais on peut trouver une fin à la douleur, une fin à toute la structure que la pensée a élaborée. La méditation consiste à pénétrer dans cette structure et à la comprendre. On voit alors que le monde n'est pas une illusion, mais une réalité terrible que l'homme a construite dans ses rapports avec ses semblables. C'est cela qui doit être compris et non vos théories védantiques, avec leurs rituels et tout le bric-à-brac d'une religion organisée.
Lorsque l'homme est libre, sans motif de peur, d'envie ou de douleur, alors, et rien qu'alors, l'esprit devient naturellement paisible et tranquille. Alors, non seulement peut-il voir la vérité dans la vie quotidienne, d'instant en instant, mais il peut aussi aller au delà de toute perception, là où l'observateur et l'observé prennent fin et où la dualité cesse. Mais encore surpassant tout cela, et sans lien avec cette lutte, cette vanité, ce désespoir, il y a - et ce n'est pas une théorie - un flot de vie qui n'a ni commencement ni fin, un mouvement immesurable que l'esprit ne peut jamais capter. Ayant entendu cela, Monsieur, vous allez naturellement en faire une théorie, et si cette nouvelle théorie vous plaît, vous la propagerez. Mais ce que l'on propage n'est pas la vérité. La vérité n'est là que lorsqu'on est affranchi de la douleur, de l'angoisse et de l'agressivité qui, en ce moment, remplissent votre cœur et votre esprit. Lorsque l'on voit tout cela et qu'on rencontre cette cette bénédiction qui s'appelle l'amour, on sait que ce qui vient d'être dit est vrai...
Ce qui est important, dans la méditation, c'est la qualité de l'esprit et du cœur. Ce n'est pas ce à quoi on est parvenu, ni ce que l'on dit avoir atteint, mais plutôt la qualité d'un esprit innocent et vulnérable. Au delà de la négation, existe un état positif. Simplement accumuler des expériences - ou vivre dans un état d'expérience - c'est méconnaître la pureté de la méditation. La méditation n'est pas un moyen en vue d'une fin. C'est à la fois le moyen et la fin. L'esprit ne peut jamais être rendu innocent par l'expérience. C'est la négation de l'expérience qui engendre l'état positif d'innocence, état que la pensée ne peut pas cultiver. La pensée n'est jamais innocente. La méditation met fin à la pensée, mais non par l'action de celui qui médite, car celui qui médite n'est autre que la méditation. Ne pas méditer c'est être comme un aveugle dans un monde de grande beauté, de lumière, de couleur...
nombreuses religions, des croyances, des sauveurs et des guides dont il pense qu'ils l'aideront à trouver une félicité sans fin. La misère de la recherche est qu'elle conduit à des imaginations de l'esprit, à des visions que l'esprit projette et évalue au moyen de choses connues. L'amour qu'il cherche est détruit par sa façon de vivre. On ne peut pas avoir une arme dans une main et Dieu dans l'autre. Dieu n'est qu'un symbole, un mot qui a perdu son sens, car les églises et les lieux de dévotion l'ont détruit. Bien sûr, celui qui ne croit pas en Dieu est comme celui qui croit: l'un et l'autre souffrent et passent par la douleur d'une vie brève et vaine, et l'amertume de chaque journée, fait de cette vie une chose qui n'a pas de sens. La réalité n'est pas au bout d'un courant de pensée, et un cœur vide est rempli par les mots de la pensée. Nous devenons très habiles, nous inventons des philosophies, et puis vient l'amertume de leur faillite. Nous avons inventé des théories sur la façon d'atteindre l'Ultime et le dé- vot va au temple et se perd dans les imaginations de son esprit. Le moine et le saint ne voient pas que pour l'un et l'autre la réalité fait partie d'une tradition, d'une culture qui les accepte dans la catégorie des saints et des moines...
La méditation n'est pas la répétition du mot, ni l'expérience d'une vision, ni la mise en œuvre du silence. Le grain du chapelet et le mot peuvent bien faire taire l'esprit bavard, mais cela n'est qu'une forme d'auto-hypnose. Vous pouvez aussi bien avaler une pilule. – 11 – La méditation ne consiste pas à s'envelopper dans un tissu de pensées, dans l'enchantement du plaisir. La méditation n'a pas de commencement, elle n'a donc pas de fin. Si vous dites: « Je commencerai aujourd'hui à contrôler mes pensées, à m'asseoir tranquillement dans une posture méditative, à respirer avec régularité », c'est que vous êtes pris par les artifices avec lesquels on se trompe soi-même. La méditation n'est pas le fait d'être absorbé dans une idée ou une image grandioses: cela ne calme - rait qu'un moment, à la façon dont un enfant est calme pendant le temps où un jouet l'absorbe. Mais dès que le jouet cesse d'être intéressant, l'agitation et les sottises recommencent. La méditation n'est pas la poursuite d'une voie invisible conduisant à quelque félicité imaginaire.
L'esprit méditatif voit, observe, écoute sans le mot, sans commentaires, sans opinion, attentif au mouvement de la vie dans tous ses rapports, tout au long de la journée. Et la nuit, lorsque l'organisme est au repos, l'esprit méditatif n'a pas de rêves, car il a été éveillé tout le jour. Ce n'est que l'indolent qui a des rêves, ce ne sont que les personnes partiellement endormies qui ont besoin d'émissions émanant de leurs propres états de conscience. Mais lorsqu'un esprit vigilant écoute le mouvement extérieur et intérieur de la vie, un silence lui vient, que n'élabore pas la pensée. Ce n'est pas un silence que l'observateur puisse percevoir en tant qu'expérience. S'il le vit comme expérience, et la reconnaît, ce n'est plus un silence. Le silence de l'esprit méditatif n'est pas inclus dans les limites de la récognition, car il n'a pas de frontières. Il n'y a que ce silence - dans lequel l'espace de la division n'existe plus...
La méditation est le déploiement du neuf. Le neuf est au delà et au-dessus du pas - sé répétitif - et la méditation met une fin à cette répétition. La mort que provoque la méditation est l'immortalité du neuf. Le neuf n'est pas dans le champ de la pensée, et la méditation est le silence de la pensée. La méditation n'est pas un accomplissement, ce n'est pas non plus la capture d'une vision ou l'ardeur d'une sensation. C'est comme un fleuve qu'on ne peut apprivoiser, rapide et débordant ses rives. C'est la musique qui n'a pas de sons ; on ne peut pas la domestiquer et s'en servir. C'est le silence en lequel l'observateur n'est plus là dès le début...Extrait La révolution du Silence J.Krisnamurto 1969
Voulez-vous continuer à écouter cette révolution du silence?Vous trouverez le livre en PDF gratuiement sur ce lien...Bonne écoute...https://krishnamurti-teachings.info/ebooks/fr/pdf/Krishnamurti-1969-la-revolution-du-silence.pdf
Aussi en Livre Audio..La Révolution du Silence..Traduit de l'anglais par Carlo Suarès Lu par Didier Artault
Source...https://www.youtube.com/watch?v=6TU8y0KR2OM
Publié Par Cristalyne 16 Janvier 2018