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***Preceptes de vie amerindienne***

Avant-propos

La sagesse des Indiens d’Amérique du Nord n’a pas disparu, broyée par la société industrielle. Elle a survécu au génocide des tribus, à la disparition des grands espaces sauvages, à l’avancée impitoyable du monde moderne. Certaines grandes voix indiennes sont une véritable réponse spirituelle au désarroi de l’homme, à son angoisse quotidienne. Elles lui montrent comment se forger une âme forte, retrouver les voix secrètes de la nature, l’ancienne harmonie, le chemin du cœur. Ces «préceptes de vie» recueillis dans la sagesse amérindienne font aujourd’hui partie de l’héritage spirituel légué au monde moderne par les Indiens. C’est une réponse à la détresse de l’homme «civilisé» qui a détruit les forêts, pollué l’eau des océans et des rivières, pour bâtir une civilisation artificielle, orgueilleuse, arrogante, qui a brisé l’ancienne alliance entre l’homme et la nature...Preceptes de vie amerindienne.

Chacune de ces paroles touche le cœur et illumine l’esprit. Toutes évoquent le vent des plaines, les brûlures des déserts du NouveauMexique, les étendues de neige des grands lacs, ces territoires de l’Ouest sauvage où les nations indiennes ont souffert, se sont battues pour pré- server une sagesse, un art de vivre en harmonie avec les forces subtiles de la nature, avec les rêves profonds de l’homme. Certains thèmes reviennent avec constance, témoignant de leur intérêt pour la nature, pour la vie intérieure de l’homme, pour ses rêves et ses pouvoirs. La civilisation amérindienne s’est presque éteinte, comme ces lampes en terre rouge qu’utilisent les «hommes-médecines» cheyennes et qui s’éteignent à l’aube, au moment où le soleil se lève. Leurs paroles de sagesse sont restées; elles demeurent la plus belle offrande que ces peuples fraternels pouvaient faire à l’homme moderne ligoté par ses angoisses, sa peur du monde, ses incertitudes. Au seuil du troisième millénaire, ces préceptes proposent à l’homme une voie spirituelle, capable de lui redonner la paix intérieure...Jean-Paul Bourre

 La nature

La terre est ton aïeule, elle est sacrée. Tu dois l’honorer, la remercier pour la nourriture et le bonheur de vivre. Si tu ne vois pas de raison de remercier, la faute repose en toi-même.

Chaque matin, aie une pensée pour le soleil qui se lève. Il est le Grand Esprit, l’origine de la vie et la source de toute sagesse. Comme lui, tu connaîtras la naissance et le déclin, avant de venir briller à nouveau.

Apprends à observer. Chaque matin, la nature t’enseigne le retour de la vie. 

Ne désespère jamais. Les jours vont, comme les feuilles d’automne chassées par le vent, et les jours reviennent, avec le ciel pur et la splendeur des forêts. De nouveau chaque graine est éveillée, et de même tout animal est en vie.

Lève-toi tôt le matin, asperge-toi d’eau froide et offre une prière muette au soleil avec un sentiment d’aube dans le cœur. La création recommence avec toi.

Le lever du jour est un événement sacré, et chaque jour devient sacré. Tu n’as nul besoin de distinguer un jour parmi les sept jours pour en faire un jour saint, car tous les jours sont ceux de Dieu.

Il fut un temps où la nature fortifiait l’homme, l’instruisait, guérissait ses blessures et lui procurait la force de vivre. Il était empli de compassion et d’amour maternel pour la terre. Il savait que le cœur de l’homme éloigné de la nature se dessèche et devient dur. Ce temps n’a pas dis Il est en toi, indestructible. Il suffit de modifier ton regard sur les choses, de faire taire le vacarme du monde et de retrouver la parole du cœur.

Aujourd’hui, les vastes solitudes ont été peuplées par des villes puissantes; les forêts sont détruites, les eaux des rivières empoisonnées, mais le soleil se lève toujours et les étoiles restent à la même place dans le ciel. Apprends à contempler ce qui ne change pas, autour de toi, mais aussi à l’intérieur de toi-même, et tu retrouveras l’unité perdue, la sagesse de l’esprit et la santé du corps.

L’ homme de sagesse se tient au centre de luimême, comme l’Indien au centre de son tipi. C’est en lui qu’il voit tournoyer les étoiles, se lever et se coucher le soleil, dans un même mouvement d’amour et d’adoration. Il est l’éternel recommencement de toutes choses.

Tu n’es pas séparé des autres, enfermé dans une solitude mortelle, avec des angoisses et des maladies qui n’appartiendraient qu’à toi. Tourne-toi vers les autres, apprends à regarder autrement le monde qui t’entoure. Éprouve des pensées harmonieuses pour toutes les formes de vie si tu souhaites trouver le bonheur, car tu es le frère et la sœur de toutes les créatures.

La simplicité n’est jamais banale ni ennuyeuse. Sa richesse est infinie, sans cesse nouvelle pour celui qui regarde le monde avec des yeux neufs.

Ne te laisse pas distraire par le vacarme des hommes, par leur quête insatisfaite, désordonnée. Ils sont comme l’animal emprisonné dans l’enclos, qui tourne sans comprendre et cherche une issue qui n’existe pas.

Apprends à rester libre. Ne sois pas le prisonnier des idées toutes faites, car celles-ci n’entraî- nent que désastre et confusion. Ne t’obstine pas dans l’obscurité, demande à la terre vivante la sagesse et la force.

Prière au Grand Esprit: Ô Grand Esprit, dont j’entends la voix dans les vents et dont le souffle donne la vie à toutes choses, écoute-moi.Faismoi sage, de sorte que je puisse comprendre ce que tu as enseigné à mon peuple et les leçons que tu as cachées dans chaque feuille et chaque rocher. Je te demande force et sagesse, non pour être supérieur à mes frères, mais afin d’être capable de combattre mon plus grand ennemi, moi-même.

Bien des fois, jadis, de vastes solitudes furent peuplées par des villes puissantes. Il n’en reste plus aujourd’hui que ruines, et les ruines ellesmêmes finissent par se confondre avec la terre éternellement vierge. Qu’importe les hommes qui passent? L’Esprit n’a qu’à souffler sur eux et ils ne seront plus! Alors les fils de la Terre reprendront possession de la Terre, et les temps passés redeviendront nouveaux.

L’ Indien préfère le doux son du vent s’élançant comme une flèche à la surface d’un étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi ou parfumé par le pin. L’air est précieux à  l’homme rouge car toutes choses partagent le même souffle: la bête, l’arbre, l’homme, tous épousent le même souffle.

Les Indiens qui vivent près de la nature et du Maître de la nature ne vivent pas dans l’obscurité. Savez-vous que les arbres parlent? Ils se parlent entre eux et vous parleront si vous savez les écouter.

Les saisons de la Terre sont aussi les saisons de l’âme et celles du corps. L’homme s’éveille au printemps, affirme sa force et sa passion de vivre en été, devient méditatif en automne, se tourne à l’intérieur de lui-même et contemple les autres mondes en hiver. C’est ainsi que la roue tourne, emportant les vivants et les morts, le soleil et la pluie, la nuit et le jour, dans la danse du retour éternel.

Tiens-toi à l’écoute du monde, comme l’enfant qui s’étonne de tout. Éprouve un sentiment d’amour et d’adoration pour toute la Création, du minuscule brin d’herbe jusqu’à l’étoile la plus lointaine, et tu retrouveras l’ancienne harmonie.

Regardez, mes frères, le printemps est revenu. Chaque graine est éveillée et, de même, tout animal revit. C’est à ce pouvoir mystérieux que nous devons, nous aussi, notre existence, et voilà pourquoi nous concédons à nos voisins, même à nos voisins animaux, autant de droits qu’à nous d’habiter cette terre.

Connaître le monde, c’est se connaître soimême.

La nature se renouvelle sans cesse, les milliers de jours qui passent reviennent sous des formes nouvelles. Apprends à saisir l’éternité dans chaque instant, l’éternité de l’instant qui est comme un diamant pur, inaltérable, au cœur du monde.

L’homme et la nature appartiennent au même cercle des transformations et des recommencements. L’un est le reflet de l’autre. Qu’il soit animal, végétal ou minéral, il s’agit du même monde, du même corps vivant, infini, éternel.

Apprends à goûter l’instant de beauté des choses, le vol d’un oiseau, les bruissements du vent, le chant des sources, la pénombre mysté- rieuse d’un sous-bois... Deviens comme l’enfant qui s’étonne de tout et le temps s’arrêtera; et tu feras l’expérience du monde à travers ton propre corps.

Tout passe, les heures, les nuages dans le ciel, la vie des hommes, emportés de la naissance vers la mort. Ne t’attache pas à la chronologie affective des choses. C’est une très mauvaise manière de voir le monde. Fais de chaque seconde une expérience enrichissante, sans t’inquiéter du temps qui fuit et des matins qui ne reviennent plus. Le présent est la seule chose qui n’ait pas de fin.

Celui qui ne respecte pas l’oiseau, la montagne ni l’eau des rivières, qui blesse la terre et empoisonne l’air qu’il respire, celui-là méprise la vie merveilleuse. Il ne sait plus voir la beauté simple des choses, qui accompagne chaque geste de la vie et protège l’homme depuis son enfance, comme un oiseau aux ailes d’or...Preceptes de vie amerindienne.

Source...http://www.ecriture-communication.com/chatelet/wp-content/uploads/sites/3/jean-paul-bourre-preceptes-de-vie-de-la-sagesse-amerindienne.pdf

Publié par Cristalyne 09 Mars 2018 Colonne de feu 2