Sri Aurobindo

0aurobindo***SRI AUROBINDO (1872-1950)***

***Sri Aurobindo fut à la fois un penseur, un maître spirituel, un poète et un révolutionnaire nationaliste,demeure aujourd'hui encore le plus fascinant et le plus énigmatique leader de l'Inde moderne. Il laisse Une œuvre littéraire considérable, qui englobe des domaines variés : spiritualité, philosophie, poésie, histoire, culture, linguistique, sociologie, théâtre et critique littéraire***

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Aphorisme...   ***Les idéalistes s'égarent ; ce n'est pas le Mental qui a créé les mondes, mais ce qui a créé le mental a créé les mondes aussi. Le mental voit mal parce qu'il voit partiellement et seulement des détails de ce qui est créé***

Sri Aurobindo né à Calcutta le 15 Août 1872,Il meurt le 5 décembre 1950.A l'âge de sept ans, ses parents le conduisent en Angleterre. En 1889, obtenant une bourse d'étude de lettres classiques, décernée par la St Paul's School de Londres, il entre à l'Université de Cambridge.Il y réussit brillamment ses études, ce qui lui donne la possibilité d'entrer dans l'administration civile de l'Inde. Il refuse alors de se présenter au concours d'équitation, ce qui lui vaut d'être éliminé.En 1893, il retourne néanmoins en Inde, et entre dans les services administratifs de la principauté de Barodâ, poste qui lui avait été proposé par le Gaëkwar, prince de Barodâ, lors d'une rencontre en Angleterre.Tout en conservant ce poste, il devient professeur au Collège de Barodâ (de français puis d'anglais). ll prend ensuite la direction par intérim de l'établissement. Durant cette période, il se perfectionne en sancrit et apprend d'autres langues indiennes...

1905: Partition du Bengale: il quitte l'année suivante Barodâ pour rejoindre Calcutta en tant que directeur du National College du Bengale.Il s'engage activement dans la politique et se fait connaître dans l'Inde entière par ses éditoriaux dans le journal Bande Mâtaram en tant que porte-parole du parti nationaliste.Il prime alors une propagande révolutionnaire visant à convertir le peuple à l'indépendance en sapant les fondements du gouvernement britannique. Non-coopération et résistance passive sont ses armes principales.En 1908 soupçonné d'être mêlé à une affaire de fabrication de bombes il est incarcéré à la prison d'Alipore. Ce séjour en prison durera un an, mais sera le tournant de sa vie.

Il se plonge dans la méditation et le yoga. De sa vie intérieure et de ses préoccupations spirituelles déboucheront une philosophie plus large que ses objectifs initiaux. De la libération de l'Inde, il passe à une philosophie axée sur l'avenir de l'homme, l'âge nouveau de l'Esprit et l'apparition d'une espèce nouvelle.Recherché par la police, il se cache deux mois au comptoir français de Chandernagor, près de Calcutta avant de s'embarquer pour Pondichery à bord du Dupleix.Il y arrive le 4 Avril 1910 pour rompre avec sa vie passée et s'absorber dans la pratique du Yoga.En Août 1920, il décline l'offre à présider le Congrès National Indien, et refuse de revenir à la vie politique. Il sort toutefois à deux reprises de cette retraite en 1940 et en 1942, date à laquelle il conseille aux dirigeants du pays d'accepter l 'offre d'indépendance de Sir Stafford Cripps...

 

Sri Aurobindo disparaît le 5 décembre 1950 à Pondichery après avoir, à partir de 1926 interrompu tout contact direct avec ses disciples et n'être plus apparu en public que trois ou quatre fois par an.Ces années passées à Pondichery ont été consacrées à la rédaction de l'Ayra, revue de synthèse philosophique, à une abondante correspondance avec ses disciples, et à la composition d'un grand poème épique: "Savitri".Se retirant en 1926, Sri Aurobindo confia la responsabilité de l'Ashram à la Mère: une française, Mirra Alfassa née à Paris, le 21 Février 1878 et arrivée à Pondichery en mars 1914. Après la disparition de Sri Aurobindo, la Mère poursuivit l'oeuvre commune jusqu 'au 17 novembre 1973...



L'Ashram de Sri Aurobindo... 
L'Ashram de Sri Aurobindo a réellement vu le jour en 1926. Composé à l'origine de quelques bâtiments, il s'est étendu peu à peu dans de multiples directions. Le point central de la communauté reste la maison où la Mère et Sri Aurobindo ont résidé, Rue de la Marine.

L'Ashram compte actuellement plus de 2.000 membres, venus de toutes les parties de l'Inde et de l'étranger. Ces membres travaillent à dispenser la pensée de Sri Aurobindo et de la Mère.

En 1953 la Mère a créé le Centre International d'éducation Sri Aurobindo à Pondichery une expérience nouvelle et audacieuse dans le domaine de l'éducation. Le français est l'une des principales langues étudiées.
Le 28 février 1968, la Mère fonde la communauté d'Auroville située à quelques kilomètres de Pondichery. Elle réalise ainsi son rêve de voir un endroit dans le monde où tous les êtres de bonne volonté, sincères dans leurs aspirations pourraient vivre librement en citoyens du monde, obéissant à une seule autorité, celle de la vérité Suprême, un lieu de paix, de concorde et d'harmonie...

 

***Sri Aurobindo et l’avenir de la terre***

Parfois, une grande Pensée errante voit les âges encore inaccomplis, saisit la Force dans sa coulée éternelle et précipite sur la terre la vision puissante qui est comme un pouvoir de rendre réel ce qu’elle voit  le monde est une vision qui devient vraie, son passé et son présent ne sont pas vraiment le résultat d’une obscure poussée qui remonte du fond des temps, d’une lente accumulation de sédiments qui peu à peu nous façonnent et nous étouffent et nous enferment  mais la puissante attraction dorée du Futur qui nous tire malgré nous, comme le Soleil tire le lotus de la boue, et nous contraint à une gloire plus grande que ni notre boue ni nos efforts ni nos triomphes du présent ne pouvaient prévoir ni créer...


Sri Aurobindo est cette vision et ce pouvoir de précipiter le Futur dans le présent. Un instant, il a vu, et ce qu’il a vu, des âges vont l’accomplir et des millions d’hommes, sans savoir, vont se mettre en quête de l’imperceptible frémissement nouveau qui a envahi l’atmosphère de la terre. Ainsi, d’âge en âge, de grands êtres viennent parmi nous ouvrir un grand pan de Vérité dans le sépulcre du passé. Et ces êtres-là, en vérité, sont les grands destructeurs du passé, ils viennent avec l’épée de la Connaissance et brisent en miettes nos fragiles empires.Cette année, nous allons célébrer le centenaire de Sri Aurobindo  il est à peine connu d’une poignée d’hommes, et pourtant son nom retentira encore quand nos grands hommes d’aujourd’hui ou d’hier seront ensevelis sous leurs propres décombres. Son œuvre est discutée des philosophes, louée par des poètes, on parle de sa vision sociologique, de son yoga mais Sri Aurobindo est une Action Vivante, une Parole qui se réalise, et nous pouvons chaque jour, sous les mille circonstances qui semblent déchirer la terre et renverser ses structures, voir le premier reflux de la Force qu’il a mise en branle. Au début de ce siècle, quand l’Inde se battait encore contre la domination britannique, Sri Aurobindo s’écriait: «Ce n’est pas seulement une révolte contre l’empire britannique qui est nécessaire, mais une révolte contre la Nature Universelle tout entière!»


Car le problème est fondamental. Il ne s’agit pas d’apporter une philosophie nouvelle au monde ni de nouvelles idées ni des illuminations soi-disant. Il ne s’agit pas de rendre la Prison plus habitable ni de doter l’homme de pouvoirs toujours plus fantastiques armé de ses microscopes et télescopes, le gnome humain reste gnome, douloureux et impuissant; nous envoyons des fusées sur la lune, mais nous ne connaissons pas notre propre coeur. Il s'agit,dit Sri Aurobindo,de «créer une nouvelle nature physique qui sera l’habitation d’un être supramental au sein d’une nouvelle évolution.» Car, en vérité, dit-il, «l’imperfection de l’homme n’est pas le dernier mot de la Nature, mais sa perfection non plus n’est pas le dernier pic de l’Esprit.» Par-delà l’homme mental que nous sommes, s’ouvre la possibilité d’un autre être qui prendra la tête de l’évolution, comme un jour l’homme a pris la tête de l’évolution parmi les singes. «Si l’animal, dit Sri Aurobindo, est un laboratoire vivant au sein duquel la Nature a, dit-on, façonné l’homme, l’homme lui-même est peut-être bien aussi un laboratoire vivant et pensant au sein duquel, et avec la coopération consciente duquel, la Nature façonnera le surhomme, le dieu.» Et Sri Aurobindo vient nous dire comment faire cet autre être, cet être supramental  et non seulement nous le dire, mais le faire, ouvrir le chemin de l’avenir, précipiter sur la terre le rythme de l’évolution, la vibration nouvelle qui remplacera la vibration mentale, comme une pensée, un jour, est venue troubler la lente routine des bêtes, et nous donnera le pouvoir de briser les murs de notre prison humaine...


Et elle craque déjà, notre prison: «La fin d’un stade de l’évolution, annonçait Sri Aurobindo, est généralement marquée par une puissante recrudescence de tout ce qui doit sortir de l’évolution.» Cet éclatement paroxystique de toutes les vieilles formes, nous le voyons partout autour de nous nos frontières, nos Églises, nos lois, nos morales s’écroulent de tous les côtés. Et elles ne s’écroulent pas parce que nous sommes méchants, immoraux, irreligieux, ni parce que nous ne sommes pas assez rationnels, pas assez savants, pas assez humains mais parce que nous en avons fini d’être humains! Fini de la vieille mécanique parce que nous sommes en transition vers autre chose. Ce n’est pas une crise morale que traverse la terre, c’est une «crise évolutive». Nous ne sommes pas en marche vers un monde meilleur  ni pire,nous sommes en pleine Mutation vers un monde radicalement différent, aussi différent que le monde de l’homme pouvait l’être du monde des singes au Tertiaire. Nous entrons dans une nouvelle ère, dans un quinquennaire supramental. On quitte son pays, on erre sur les routes, on se met en quête de drogues, en quête d’aventure, on fait des grèves ici, des réformes-là et des révolutions encore mais en fait, il n’y a rien de tout cela. On est en quête de l’être nouveau, sans le savoir, on est en pleine révolution humaine...
Et Sri Aurobindo nous donne la clef. Il est possible que le sens de notre propre révolution nous échappe parce que nous voulons prolonger l’existant  le raffiner, l’améliorer, le sublimer. Mais le singe, lorsqu’il était en pleine révolution simiesque pour produire un homme, aurait peut-être commis la même erreur; il aurait peut-être voulu faire un super-singe, capable de mieux grimper aux arbres, mieux chasser, mieux courir, doté de plus d’agilité et plus de malice. Nous aussi, avec Nietzsche, nous avons voulu faire un «surhomme», qui n’était qu’un super-homme; ou avec les spiritualistes faire un super-saint, mieux doté de vertu et de sagesse. Mais nous n’avons que faire de la sagesse et de la vertu humaines! Même poussées à leur paroxysme, c’est encore la vieille pauvreté dorée, l’envers glorieux de notre tenace misère: «La surhumanité, dit Sri Aurobindo, n’est pas l’homme grimpé à son zénith naturel, pas un degré supérieur de la grandeur humaine, de la connaissance, du pouvoir, de l’intelligence, de la volonté... du génie... de la sainteté, de l’amour, la pureté ou la perfection humaines.» C’est autre chose, une autre vibration d’être, une autre Conscience...


Mais si cette conscience ne se situe pas sur les sommets de l’humain, où donc la trouverons-nous? Peut-être, tout simplement, dans ce que nous avons le plus négligé depuis que nous sommes entrés dans le cycle mental  le corps. C’est notre base, notre fondement évolutif, la vieille souche à laquelle nous revenons toujours, et qui se rappelle douloureusement à nous en nous faisant souffrir, vieillir, mourir. «Cette imperfection même, assure Sri Aurobindo, recèle l’élan vers une perfection plus haute et plus complète. Elle contient l’ultime fini, qui pourtant aspire au Suprême Infini. Dieu est enfermé dans la boue mais le fait même de cet emprisonnement impose la nécessité de faire un trou dans la prison.»C’est là, le vieux Mal jamais guéri, la racine jamais changée, l’obscure matrice de notre misère, à peine différente de ce qu’elle était du temps des lémuriens. C’est cette substance physique qu’il faut transformer, sinon elle jettera bas, l’un après l’autre, tous les artifices humains ou surhumains que nous voudrons coller dessus...

Ce corps, cette substance physique, cellulaire, contient «des pouvoirs tout-puissants», une conscience muette qui possède toutes les lumières et toutes les infinitudes, autant que les immensités mentales et spirituelles car, en vérité, tout est Divin, et si le Seigneur des Univers n’est pas dans une seule toute petite cellule, il n’est nulle part. C’est cette obscure Prison originelle, cellulaire, qu’il faut briser; et tant que nous ne briserons pas celle-là, nous continuerons à tourner en vain dans les cercles d’or, ou de fer, de notre prison mentale. «Les soi-disant lois absolues de la Nature, dit Sri Aurobindo sont simplement un équilibre établi par la Nature, un sillon dans lequel elle s’est habituée à travailler afin d’obtenir certains résultats. Mais si vous changez de conscience, le sillon changera aussi, inévitablement...»


Telle est la nouvelle aventure à laquelle Sri Aurobindo nous convie, une aventure dans l’inconnu de l’homme. Bon gré, mal gré, la terre entière est en train de passer dans un nouveau sillon mais pourquoi pas de bon gré? Pourquoi ne collaborerions-nous pas à cette aventure jamais courue, à notre propre évolution au lieu de répéter mille fois la vieille histoire, au lieu de courir après des paradis artificiels qui n’étancheront jamais notre soif, ou des paradis de l’au-delà qui laissent la terre pourrir avec nos corps. «Pourquoi commencer si c est pour en sortir! s’écriait la Mère, qui continue l’œuvre de Sri Aurobindo. À quoi sert-il d’avoir tant lutté, tant souffert, d’avoir créé quelque chose qui, dans son apparence extérieure au moins, est si tragique et dramatique, si c’est simplement pour vous apprendre à en sortir  il aurait mieux valu ne pas commencer! L’évolution n’est pas un chemin tortueux pour en revenir un peu meurtri au point de départ; c’est, tout au contraire, dit la Mère, pour apprendre à la création totale la joie d’être, la beauté d’être, la grandeur d’être, la majesté d’une vie sublime, et le développement perpétuel, perpétuellement progressif, de cette joie, de cette beauté, de cette grandeur alors, tout a un sens...»


Ce corps, cette obscure bête de somme que nous habitons, est le terrain d’expérience du yoga de Sri Aurobindo qui est un yoga de la terre entière, car on peut comprendre que si un seul être parmi nos millions de souffrances, arrive à opérer le saltus évolutif, la mutation du prochain âge, la face de la terre s’en trouvera radicalement changée et tous les soi-disant pouvoirs dont nous nous glorifions aujourd’hui apparaîtront comme des jeux d’enfant devant ce rayonnement de l’esprit tout-puissant incarné dans un corps. Sri Aurobindo nous dit que c’est possible non seulement que c’est possible, mais que ça se fera. C’est en train de se faire. Et tout dépend, peut-être, non pas tant d’un effort sublime de l’humain pour transcender ses limites  car c’est encore employer nos propres forces humaines pour nous délivrer des forces humaines,que d’un appel, d’un cri conscient de la terre vers cet être nouveau, qu’elle porte déjà en elle-même. Tout est là, déjà, dans noscoeurs la Suprême Source qui est le Suprême Pouvoir mais il faut que nous l’appelions dans notre forêt de béton, il faut que nous comprenions notre sens, il faut que le cri multiplié de la terre, de ces millions d’hommes qui n’en peuvent plus, n’en veulent plus de leur prison, crée une faille par où jaillira la vibration nouvelle...

Alors, toutes ces lois apparemment inéluctables qui nous enfermaient dans leur sillon héréditaire et scientifique s’écrouleront devant la Joie des «fils aux yeux de soleil». «N’espérez rien de la mort, dit la Mère, la vie est votre salut. C’est en elle qu’il faut se transformer. C’est sur terre qu’on progresse, c’est sur terre qu’on réalise. C’est dans le corps qu’on remporte la Victoire...»«Et ne laisse point la prudence du monde murmurer à tes oreilles, dit Sri Aurobindo, car c’est l’heure de l’inattendu...»Satprem Pondichéry, le 9 décembre 1971...Ce texte a été écrit pour All India Radio, émission du 5 février 1972, à l'occasion du Centenaire de Sri Aurobindo...

Source...https://auromaa.org/sri-aurobindo-ru/workings/satprem/sri_aurobindo_et_l-avenir_de_la_terre_f.htm#:~:text=Ce%20n'est%20pas%20une,monde%20des%20singes%20au%20Tertiaire.

 


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***Aperçus et Pensées***Sri Aurobindo***

 
Certains pensent qu’il est présomptueux de croire à une Providence
particulière ou de se considérer comme un instrument
entre les mains de Dieu. Mais je trouve que chaque homme a
une Providence spéciale et je vois que Dieu manie la pioche de
l’ouvrier et babille dans le petit enfant.
 
La Providence n’est pas seulement ce qui me sauve du naufrage
quand tous les autres ont péri. La Providence est aussi ce
qui m’arrache ma dernière planche de salut, tandis que tous les
autres sont sauvés, et me noie dans l’océan désert.
 
La joie de la victoire est quelquefois moindre que l’attraction
de la lutte et de la souffrance ; pourtant, le laurier et non la
croix doit être le but de l’âme conquérante.
 
Les âmes qui n’aspirent pas sont les échecs de Dieu, mais
la Nature est satisfaite et aime à les multiplier, parce qu’elles
assurent sa stabilité et prolongent son empire.
 
Ceux qui sont pauvres, ignorants, mal nés et mal éduqués
ne sont pas le troupeau vulgaire. Le vulgaire comprend
tous ceux qui sont satisfaits de la petitesse et de l’humanité
moyenne.
 
Aide les hommes, mais n’appauvris pas leur énergie. Dirige
et instruis-les, mais aie soin de laisser intactes leur initiative et
leur originalité. Prends les autres en toi-même, mais donne-leur
en retour la pleine divinité de leur nature. Celui qui peut
agir ainsi est le guide et le guru.
 
Dieu a fait du monde un champ de bataille et l’a rempli du
piétinement des combattants et des cris d’un grand conflit et
d’une grande lutte. Voudrais-tu dérober sa paix sans payer le
prix qu’il a fixé ?
 
Méfie-toi d’un succès apparemment parfait ; mais quand,
après avoir réussi, tu trouves encore beaucoup à faire, réjouis-toi
et va de l’avant car le labeur est long jusqu’à la réelle
perfection.
 
Il n’y a pas d’erreur plus engourdissante que de prendre une
étape pour le but ou de s’attarder trop longtemps à une halte.
 
Partout où tu vois une grande fin, sois sûr d’un grand
commencement. Quand une douloureuse et monstrueuse
destruction épouvante ta pensée, console-la avec la certitude
d’une vaste et grande création. Dieu est là, non seulement
dans la petite voix tranquille, mais aussi dans le feu et dans le
tourbillon.
 
Plus la destruction est grande, plus libres sont les chances
de création ; mais la destruction est souvent longue, lente,
oppressive, la création souvent tarde à venir et son triomphe est
interrompu. La nuit revient encore et encore, et le jour s’attarde
ou semble même avoir été une fausse aurore. Ne désespère donc
point, mais veille et travaille. Ceux qui espèrent avec violence
sont prompts à désespérer. N’espère ni ne crains, mais sois sûr
du dessein de Dieu et de ta volonté d’accomplir. La main du
divin Artiste œuvre souvent comme si elle n’était pas sûre de
son génie ni de ses matériaux. Elle semble toucher, essayer et
laisser, reprendre et rejeter, reprendre encore, peiner et échouer,
raccommoder et rapiécer. Les surprises et les déceptions sont
dans l’ordre de son travail avant que tout ne soit prêt. Ce qui
était choisi est rejeté dans l’abîme de la réprobation. Ce qui
était rejeté devient la pierre d’angle d’un puissant édifice. Mais
derrière tout cela, il y a l’œil assuré d’une connaissance qui
surpasse notre raison et le sourire sans hâte d’un infini pouvoir.
 
Dieu a tout le temps devant lui et n’a point besoin de toujours
se presser. Il est certain de son but et du succès, et n’hésite
pas à briser cent fois son œuvre pour l’amener plus près de la
perfection. La patience est la première grande leçon nécessaire,
mais non la lourde lenteur à se mouvoir du timide, du sceptique,
du fatigué, de l’indolent, du faible ou de l’homme sans
ambition : la patience pleine d’une force calme et concentrée
qui veille et se prépare pour l’heure des grands coups rapides,
peu nombreux mais qui suffisent à changer la destinée.
 
Pourquoi Dieu martèle-t-il son monde avec tant d’acharnement,
pourquoi le piétiner et le pétrir comme de la pâte,
pourquoi le jeter si souvent dans un bain de sang et dans
l’embrasement infernal de la fournaise ? Parce que l’humanité
dans son ensemble est encore un vil minerai grossier et dur
qui autrement ne se laisserait jamais fondre ni modeler. Tels les
matériaux, telles les méthodes. Que le minerai se laisse transmuer
en un métal plus noble et plus pur, et les procédés de
Dieu envers lui seront plus doux et plus bénins, et les usages
qu’il en fera, plus raffinés et plus beaux.
Pourquoi Dieu a-t-il choisi ou fabriqué de tels matériaux
quand il pouvait choisir dans l’infini des possibilités ? Parce que
son Idée divine avait en vue non seulement la beauté, la douceur
et la pureté, mais aussi la force, la volonté et la grandeur.
Ne méprise pas la force et ne la hais point à cause de la laideur
de certaines de ses faces, et ne pense pas non plus que Dieu soit
seulement amour. Toute perfection parfaite doit receler en elle
quelque chose du héros et même du Titan. Mais la plus grande
force naît de la plus grande difficulté.
 
Tout changerait si seulement l’homme consentait à être spiritualisé.
Mais sa nature mentale, vitale et physique se révolte
contre la loi supérieure. Il aime son imperfection.
 
L’Esprit est la vérité de notre être. Dans leur imperfection,
le mental, la vie et le corps sont ses masques ; mais dans leur
perfection, ils seraient ses formes. Être spirituel ne suffit pas ;
cela prépare un certain nombre d’âmes au ciel mais laisse la
terre exactement où elle est. Un compromis n’est pas non plus
le chemin du salut.
 
Le monde connaît trois sortes de révolutions. Les révolutions
matérielles ont de puissants résultats ; les révolutions morales et
intellectuelles sont infiniment plus vastes dans leur horizon et
plus riches dans leurs fruits ; mais les révolutions spirituelles
sont les grandes semailles.
 
Si ces trois changements pouvaient coïncider en un parfait
accord, une œuvre sans défaut serait accomplie. Mais le mental
et le corps de l’homme ne peuvent pas contenir parfaitement la
puissance du flot spirituel ; la plus grande partie en est gaspillée
et beaucoup du reste, perverti. Dans notre sol, de nombreux
labours intellectuels et physiques sont nécessaires pour obtenir
une maigre récolte à partir de vastes semailles spirituelles.
 
Chaque religion a aidé l’humanité. Le paganisme a augmenté
dans l’homme la lumière de la beauté, la largeur et la grandeur
de la vie, la tendance à une perfection multiforme. Le christianisme
lui a donné quelque vision de charité et d’amour divins.
Le bouddhisme lui a montré un noble moyen d’être plus sage,
plus doux, plus pur ; le judaïsme et l’islamisme, comment être
religieusement fidèle en action et zélé dans sa dévotion pour
Dieu. L’hindouisme lui a ouvert les plus vastes et les plus profondes
possibilités spirituelles. Ce serait une grande chose si
toutes ces vues de Dieu pouvaient s’embrasser et se fondre l’une
en l’autre ; mais les dogmes intellectuels et l’égoïsme des cultes
barrent le chemin.
 
Toutes les religions ont sauvé un certain nombre d’âmes, mais
aucune n’a encore été capable de spiritualiser l’humanité. Pour
cela, ce ne sont pas les cultes ni les credo qui sont nécessaires,
mais un effort soutenu d’évolution spirituelle individuelle qui
englobe tout.
 
Les changements que nous voyons dans le monde aujourd’hui
sont intellectuels, moraux, physiques dans leur idéal et leur
intention. La révolution spirituelle attend son heure et, pendant
ce temps, fait surgir ses vagues ici et là. Jusqu’à ce qu’elle
vienne, le sens des autres changements ne peut pas être compris; 
et jusqu’à ce moment-là, toutes les interprétations des
événements présents et toutes les prévisions de l’avenir humain
sont choses vaines. Car la nature de cette révolution, sa puissance
et son issue sont ce qui déterminera le prochain cycle de
notre humanité...

 

 

Les Chaînes (1)  *Extrait de Aperçu et Pensées*

Le monde entier aspire à la liberté, et pourtant chaque créature est amoureuse de ses chaînes. Tel est le premier paradoxe et l’inextricable nœud de notre nature.
L’homme est amoureux des liens de la naissance ; aussi se trouve-t-il pris dans les liens jumeaux de la mort. Dans ces chaînes, il aspire à la liberté de son être et à la maîtrise de son accomplissement.
L’homme est amoureux du pouvoir ; aussi est-il soumis à la faiblesse. Car le monde est une mer et ses vagues de force se heurtent et déferlent sans cesse les unes contre les autres ; celui qui veut chevaucher la crête d’une seule vague doit s’effondrer sous le choc de cent autres.
L’homme est amoureux du plaisir ; aussi doit-il subir le joug du chagrin et de la douleur. Car la félicité sans mélange n’existe que pour l’âme libre et sans passion ; mais ce qui poursuit le plaisir dans l’homme est une énergie qui souffre et qui peine.
L’homme est assoiffé de calme, mais il a faim aussi des expériences d’un mental agité et d’un cœur inquiet. Pour son mental, la jouissance est une fièvre, le calme, une monotone inertie.
L’homme est amoureux des limitations de son être physique, et cependant il voudrait avoir aussi la liberté de son esprit infini et de son âme immortelle.
Et quelque chose en lui éprouve une étrange attraction pour ces contrastes. Pour son être mental, ils constituent l’intensité artistique de la vie. Ce n’est pas seulement le nectar, mais le poison aussi qui attire son goût et sa curiosité.
Il existe une signification pour toutes ces choses et une délivrance de toutes ces conditions. Dans ces combinaisons les plus folles, la Nature suit une méthode, et ses nœuds les plus inextricables ont leur dénouement...

Source...https://sri-aurobindo.co.in/workings/ma/playground_audio/57-10-16.htm

 

***L'heure de Dieu***

 

 Il y a des moments où l’Esprit se meut parmi les hommes, où le souffle du Seigneur se répand sur les eaux de notre être.Il en est d’autres où il se retire et abandonne les hommes à leurs actes, dans la force ou la faiblesse de leur propre égoïsme.Les premiers sont des périodes où même un léger effort suffit à produire de grands résultats et à changer la destinée, les autres sont des espaces de temps où un grand labeur n’apporte que de maigres résultats. Il est vrai que ces moments-ci peuvent préparer les premiers ; comme la fumée légère du sacrifice montant vers le ciel, ils peuvent appeler ici-bas la pluie de la munificence divine...

Infortunés, l’homme ou la nation, qui se trouvent endormis lorsque arrive le divin moment ou qui ne sont pas prêts à s’en saisir parce que la lampe n’a pas été entretenue pour l’accueillir, parce que leurs oreilles sont restées sourdes à l’appel.Mais trois fois malheur à ceux qui sont forts et préparés, et qui cependant gaspillent leur force ou mésusent de ce moment ; pour ceux-là, la destruction est grande et la perte irréparable. Lorsque vient l’Heure de Dieu, purifie ton âme de toute tricherie avec elle-même, de toute hypocrisie et vaine infatuation, afin que tu puisses regarder droit dans ton esprit et entendre ce qui l’appelle. Toute absence de sincérité dans la nature  c’était autrefois ta défense contre l’oeil du Maître et la lumière de l’idéal – devient maintenant un défaut dans ton armure et une invite pour les coups...

Et si tu vaincs pour l’instant, c’est plus grave encore pour toi, car le coup viendra sûrement qui te jettera à terre au milieu même de ton triomphe. Mais si tu es pur, rejette toute crainte.L’heure est souvent terrible, tel un feu, un tourbillon, une tempête, tel les vendanges foulées sous la colère de Dieu. Mais celui qui peut se tenir debout à cette heure, soutenu par la vérité de son but, celui-là durera ; même s’il tombe, il se relèvera ; même s’il semble passer sur les ailes du vent, il reviendra.

Ne laisse pas non plus la prudence du monde murmurer de trop près à tes oreilles, car c’est l’heure de l’inattendu, de l’incalculable, de l’incommensurable.Ne juge pas du pouvoir du Souffle à la mesure de tes minuscules instruments, mais aie confiance et avance. Mais garde ton âme le plus que tu peux nette des vociférations de l’ego, même si ce n’est que pour un moment.Alors une colonne de feu marchera devant toi dans la nuit et la tempête sera ton auxiliaire et ta bannière flottera sur les plus hauts sommets de la grandeur qui était à conquérir...Sri Aurobindo, 1918...

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Source...http://sriaurobindo-yoga-integral.blogspot.ca/

 

Mère est née en février 1878 à Paris sous le nom de Mirra Alfassa, de mère égyptienne et de père turc. A l'âge de cinq ans elle a ses premières expériences spirutelles, dans lesquelles elle sent la Conscience comme une lumière et une force au-dessus de sa tête. A seize ans, elle entre à l'Académie Julian, proche du mouvement post- impressioniste. Elle y fréquente les grands artistes de l'époque et participe à des expositions du prestigieux Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts à Paris. Elle étudie aussi la musique et les mathématiques... 

Entre dix-huit et vingt ans, elle découvre le Râja Yoga de Vivékananda et la Bhagavad-Gitâ. Elle étudie l'occultisme et fonde, à Paris, un petit groupe de chercheur. Vers le début de 1900, Mirra se rend en Algérie pour y rencontrer deux grands occultistes Max Théon et son épouse Alma, une irlandaise.En 1914, elle accompagne son mari Paul Richard à Pondichéry et y rencontre Sri Aurobindo pour la première fois...

Sri Aurobindo a souvent parlé de la nécessité d'une synthèse entre l'Orient et l'Occident. L'idéal de l'Orient, a-t-il expliqué, a toujours été une perfection spirituelle. L'idéal de l'Occident a toujours été une société parfaite, un développement parfait de l'esprit humain et de la vie. Ce ne sont pas des idéaux incompatibles l'un avec l'autre, ajoute-t-il. Les deux peuvent se réconcilier dans notre vue de l'avenir. Il est significatif qu'une synthèse vivante entre l'Orient et l'Occident (Sri Aurobindo, ayant parfaitement assimilé les deux cultures, symbolisait déjà) était réalisée par cette rencontre entre l'Inde et la France...

« Dès que j'ai vu Sri Aurobindo, disait la Mère, j'ai su que c'était lui qui était venu faire le travail sur terre et que c'était avec lui que je devais travailler.» En 1914, la guerre éclate, elle rentrera en France, puis se rendra au Japon où elle séjournera pendant quatre ans. En 1920, elle reviendra en Inde, à Pondichéry pour ne plus en repartir. Elle allait travailler avec Sri Aurobindo pendant 30 ans. « La Conscience de la Mère et la mienne sont une seule et même conscience », dira Sri Aurobindo...

Sri Aurobindo se retire dans sa chambre en 1926 pour se consacrer au yoga Supramental et confie à la Mère la responsabilité des disciples réunis autour de lui à l'Ashram. Cet Ashram, contrairement à la tradition indienne, ne doit pas être une sorte de monastère, mais un champ d'expérience pour l'évolution d'une autre façon d'être.En 1951, Mère crée un Centre international d'Education Sri Aurobindo, où des méthodes novatrices d'éducation sont mises en pratique ; « c e que nous voulons enseigner, dit-elle, ce n'est pas seulement un idéal mental, c'est une nouvelle conception de la vie et une réalisation de la conscience »...

 

A partir de 1958, Mère s'engage de plus en plus dans ce qu'elle appelle « le yoga du corps », un yoga qui rendra possible une transformation de la conscience cellulaire.Le 28 février 1968, Elle fonde Auroville, la Cité de l'Aurore, cette ville internationale qui : « n'appartient à personne en particulier, mais à l'humanité dans son ensemble » comme le dit la Charte d'Auroville.Sri Aurobindo quitte son corps en 1950, la Mère poursuivra son travail jusqu'à ce qu'elle quitte le sien le 17 novembre 1973...

C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser...

C'est le Supramental qu'il nous faut faire descendre, manifester, réaliser.

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