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***Le Vénérable Thây Thich Nhât Hanh***

Thích Nhất Hạnh a dit...Le miracle n'est pas de marcher sur l'eau, il est de marcher sur la Terre verte dans le moment présent et d'apprécier la beauté et la paix qui sont disponibles maintenant .

***La Pleine Conscience*** 

Il Dit...“ L’écoute n’a qu’un seul but : permettre à l’autre de vider son cœur.Si vous pratiquez ainsi, la compassion sera toujours là. Si la conscience est là, je suis sûr que vous savez tous ici que la haine, la violence et la colère ne peuvent être neutralisés et guéris que par une seule substance : la compassion ”Il ne s’agit pas là d’un rêve idéaliste et éloigné de notre réalité quotidienne, mais bien au contraire de moyens, d’outils, de supports très concrets pour mettre des protections immédiates face à la violence qui nous habite...

C’est de la transformation de nos souffrances et violences intérieures que dépendent la paix et le bonheur des générations futures. C’est donc une démarche très sérieuse. Thich Nhât Hanh nous offre une méthodologie pour arriver à cette transformation. Par sa présence, sa Communauté de moines et moniales, nous apprenons à faire de chaque geste quotidien, une prière, un don, un acte d’amour. Il nous offre une nouvelle leçon de sagesse au quotidien qui s’adresse à tous, quelle que soit son origine ou sa foi...
 

 

Thich Nhat Hanh (Nhất Hạnh, en vietnamien, Thích étant un titre), né Nguyễn Xuân Bảo le 11 octobre 1926 à Thua Thien (VietNam Central),mort le 22 janvier 2022 était un Maître Bouddhiste vietnamien militant pour la paix...Ecrivain, poète, inlassable défenseur de la paix, il figure parmi les personnalités les plus engagées du bouddhisme dans le monde occidental après le Dalaï-Lama... Thich Nhât Hanh devient moine à l'âge de 16 ans. En 1950, Thây ("Maître" en vietnamien, appellation adressée à tous les moines) fonde l’Institut des Hautes Etudes du Bouddhisme An Quang, qui devient le berceau de la lutte non-violente des bouddhistes contre la guerre du Vietnam entre 1963 et 1975.Après avoir présenté un rapport sur sa vision du Christianisme, du Judaïsme et de l’Islam à l’Université de Princeton, il est invité à enseigner les études comparatives des religions à l’Université de la Ville de Columbia de New York de septembre 1961 à fin 1963. 

De retour au Vietnam, il fonde l’Université bouddhique "Van Hanh", puis en 1965, l’Ecole de la Jeunesse au Service Social (EJSS). Elle réunit près de 10 000 travailleurs sociaux dans 42 provinces du Sud Vietnam qui sont vraiment des artisans de paix en plein cœur de la guerre. En juin 1966, contraint à l’exil après avoir lancé un appel contre la guerre du Vietnam, il fait un pèlerinage pour la Paix en voyageant des Etats-Unis aux différents pays d’Europe, jusqu’en Asie et en Australie. Il travaille alors avec des personnalités comme le moine trappiste Thomas Merton, le Cardinal Danielou, le Pape Paul VI et le Pasteur lauréat du Prix Nobel de la Paix Martin Luther King. Celui-ci le proposa au Prix Nobel de la Paix en 1967.

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Réfugié en France à partir de 1969, il enseigne à la Sorbonne tout en dirigeant la Délégation de la Paix de l’Eglise Bouddhique Unifiée du Vietnam jusqu’à la fin de la guerre (1975). De 1976 à 1992, il poursuit son œuvre de Paix en aidant les réfugiés "boat people" du Vietnam, Cambodge et Laos. En septembre 1995, le Prix Nobel de la Paix Gorbatchev l’invite à offrir sa vision aux anciens chefs d’Etats et personnalités d’Etats comme Margaret Thatcher, George Bush, Ruud Lubbers, Jacques Delors... à la rencontre "States of the World Forum" à San Francisco (USA).

 

En 1999, Thich Nhat Hanh participe à l'élaboration du texte intitulé Manifeste 2000*, texte lancé par l'Unesco répondant à la proclamation de L'Assemblée Générale des Nations Unies sur "l'année internationale de la Culture et de la Paix" et les années 2001 à 2010 "la décennie internationale de promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du Monde".En 2005, il retourne au Vietnam pour la première fois depuis 39 ans...

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Thich Nhât Hanh vit actuellement dans le sud-ouest de la France au sein d’une communauté bouddhique, le "Village des Pruniers", qu’il a créé en 1982. Le maître y enseigne l’art de vivre en Pleine Conscience au quotidien. Le Village rassemble aujourd’hui plus de 150 moines et moniales de toutes nationalités et accueille chaque année près de 4000 retraitants.C'est un grand bonheur pour Thây et toute la communauté du Village des Pruniers de pouvoir rendre ces enseignements disponibles pour tous. Il s'agit d'outils très précieux, qui peuvent nous aider à nous arrêter, à regarder en profondeur, à être plus en paix avec nous-mêmes et les autres...

Tous les enseignements donnés par Thây sont disponibles, sauf ceux des retraites spéciales, telles que la retraite d'été, la retraite francophone ou la retraite de 21 jours par exemple. Nous aimerions en effet vous encourager à vivre ces retraites avec nous, au lieu d'écouter seulement les enseignements chez vous, car l'expérience d'une retraite avec la Sangha est bien plus importante, bien plus profonde que l'écoute seule des enseignements. Depuis peu, il vous est également possible d'écouter des enseignements en les téléchargeant sur votre ordinateur.Pour nous aider à continuer à offrir les enseignements au plus grand nombre, vous pouvez envoyer un don au Village des Pruniers, en précisant que ce don est destiné à la diffusion des enseignements...

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Conférence du 2 avril 1996 à la Mutualité Paris 
Par Thich Nhat Hanh 

Respires Tu Es Vivant...

Dans le bouddhisme on parle de salut par la connaissance. Cette connaissance compréhension, prajna, est le fruit de la méditation. Quand on pratique le regard profond dirigé vers le coeur de la réalité. On pratique la résurrection à chaque instant. Le seul moment où l’on est vivant, où l’on peut toucher la vie, C’est le moment présent ,l’ici et maintenant. La pleine conscience est l’énergie du Bouddha. Il faut s’entraîner par la pratique de la respiration consciente pour faire naître l’énergie de la pleine conscience et la maintenir vivante. Cette énergie-là nous éclaire, nous permet d’être concentré et d’être vraiment là ; elle nous permet aussi de regarder profondément dans le coeur des choses. Et de ce regard profond naît la vision profonde ; la pleine conscience amène la compréhension, l’amour et aussi la libération de la douleur... 

La graine de la pleine conscience est le bébé Bouddha qui est en nous. Et il faut lui donner tout notre amour car cette précieuse graine peut être enfouie très profondément sous plusieurs couches de souffrance et de douleur. Dans la pratique, nous commençons par rechercher, par identifier et par toucher cette graine de la pleine conscience que tout le monde possède. Nous avons cette graine en nous. Quand nous buvons de l’eau, si nous sommes présent au fait que nous sommes en train de boire de l’eau, l’énergie de la pleine conscience est là... La pleine conscience est l’énergie qui nous permet d’être conscient de ce qui se passe dans le moment présent...


Il n’y a que de la tendresse . Si vous inspirez et que vous savez que vous inspirez, alors la pleine conscience est là, la pleine conscience de Satipattana, ou Sutra de la respiration. Quand nous sommes en colère et que nous savons que nous sommes en colère, la pleine conscience est là. La colère est une énergie ; la pleine conscience en est une autre. Et cette deuxième sorte d’énergie va se manifester pour prendre soin de notre colère comme une maman va prendre soin de son petit enfant. Il n’y a pas de combat contre la colère. La pratique de la méditation c’est être conscient de la douleur... 

Donc chaque fois que vous avez une énergie négative comme la jalousie, le désespoir ou la peur, alors la pleine conscience doit se manifester pour prendre bien soin de cette énergie négative. Si vous ne voulez pas que cette énergie vous détruise, touchez la graine de la pleine conscience et invitez-la à s’épanouir ; embrassez tendrement votre douleur. Quand une maman entend son bébé crier, elle pose ce qu’elle est en train de faire, elle entre dans la chambre et prend le bébé. Une maman sait ce qu’est l’énergie de la pleine conscience ; dès le moment où l’enfant est dans ses bras, cette énergie de sagesse commence déjà à pénétrer son corps. La maman ne sait pas encore ce qui ne va pas avec le bébé, mais par sa présence, il obtient déjà un soulagement. Ensuite la maman naturellement pratique le regard profond et il lui faut seulement deux ou trois minutes pour se rendre compte de ce qui ne va pas avec le bébé : peut-être que ce sont les couches, peut-être que le bébé a une petite fièvre, peut-être qu’il a faim. . .

Alors la compréhension vient et la maman peut transformer la situation.C’est la même chose avec la méditation. Quand nous avons une douleur en nous, la première chose est de générer l’énergie de la pleine conscience pour embrasser et prendre soin de cette douleur, pour générer de l’amour, de la tendresse et de la compassion. Si vous regardez profondément dans la nature de votre colère, vous découvrirez sa vraie nature. Cette découverte et cette compréhension vous libéreront de votre douleur. Et il faut prendre l’habitude de pratiquer cela, non seulement avec la colère, mais aussi avec les autres émotions comme le désespoir, la peur... On a peur de la vie, on a peur surtout de la mort...

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Le Bouddha nous a recommandé de méditer comme ceci en ce qui concerne la peur... 
« J’inspire, je sais que je vais mourir ; j’expire, je sais que personne ne peut échapper à cette nature, je sais que personne ne peut échapper à la mort. » Le Bouddha nous a enseigné cela parce qu’il sait bien que cette graine de la peur est enfouie très profondément en nous et que nous ne voulons pas qu’elle se manifeste parce que ça fait mal. On a peur de la peur. 
Nous cherchons donc à la rejeter. Nous cherchons à refouler la peur en invitant d’autres émotions pour occuper l’espace afin que cette énergie de peur ne puisse pas émerger. On allume la télé, pourquoi ? On lit des romans, pourquoi ? On parle au téléphone, pourquoi ?

Souvent seulement pour empêcher la douleur de se manifester. C’est une politique de refoulement et de répression. nous pratiquons un embargo sur les graines négatives qui sont en nous, et créons ainsi une situation de mauvaise circulation d’énergie.Par exemple, nous savons que parfois le sang ne circule pas bien dans notre corps et que cela nous crée des douleurs comme les maux de têtes ; nous faisons alors des massages pour accélérer la circulation ou prenons des remèdes qui nous soulagent. La même chose est vraie en ce qui concerne nos peurs. Si on pratique une politique de répression, de refoulement, alors on crée une situation de mauvaise circulation des formations mentales telles que la peur, la colère, le désespoir ou la souffrance ; et quand ces choses ne circulent pas bien dans notre âme, dans notre conscience, alors émergent les signes de troubles nerveux ou de stress profond et une dépression risque de commencer... 

Il ne faut pas pratiquer une politique d’embargo. Il faut ouvrir la porte pour que nos souffrances puissent se manifester. Mais nous avons peur de la souffrance. Nous ne devons pas en avoir peur car nous possédons cette énergie de la pleine conscience qui peut prendre soin de notre douleur comme d’un petit enfant. Chaque fois que la douleur se manifeste il faut lui souhaiter la bienvenue ; nous sommes vraiment là pour elle, nous devons l’embrasser, « Chéri, je suis là pour toi. . .» 

L’énergie de la pleine conscience est là pour embrasser la souffrance. La porte va s’ouvrir et les formations mentales pourront alors circuler librement ; si vous pratiquez cela pendant quelques semaines vous aurez alors une situation de bonne circulation de votre psyché. C’est pourquoi le Bouddha nous a enseigné d’inviter la colère. 

 

Il n’y a pas de combat entre le bien et le mal, 
il y a seulement besoin d’un peu d’amour pour découvrir cet état. 
Il faut apprendre l’art de transformer le compost en fleur... 

Dans la méditation nous devons observer et agir dans la non-dualité. Les déchets, les ordures du mental peuvent toujours être transformés en leurs de compassion, d’amour et de paix. Notre conscience est quelque chose de vivant, de nature organique. Il y a toujours les déchets comme il y a toujours les fleurs en nous. Le jardinier qui pratique l’art de la culture biologique tâche de conserver les déchets parce qu’il peut les transformer en compost et le compost en fleur. Ce jardinier qui regarde un tas d’ordures voit déjà les légumes et les fleurs. Donc on ne jette rien et un peu de pratique et de temps suffisent pour transformer le tas d’ordures en compost...

Dans le compost on peut voir des fleurs. 
Donc conservez vos énergies négatives, conservez votre souffrance, 
vous allez en avoir besoin... 

Regardez une fleur ; la fleur est belle, elle est parfumée, le fleur est saine. Si vous la regardez profondément vous pouvez déjà voir les ordures et le compost qui sont en elle. . . Nous pouvons dès maintenant voir des fleurs dans nos colères, nos ordures et nos déchets. . . La même chose est vraie avec nos formations mentales : il y a des fleurs comme la foi, l’aspiration, la compréhension ou l’amour, mais il y a aussi des déchets comme la peur, le doute ou la douleur. C’est le principe de non-dualité qui est en nous. Si une personne n’a pas souffert, cette personne-là ne peut jamais connaÎtre le bonheur. Si une personne ne sait pas ce qu’est la faim, elle ne peut jamais connaÎtre la joie de manger chaque jour...

La souffrance est une condition de compréhension de notre bonheur. 
Il faut donc savoir apprendre de la souffrance, 
il faut savoir se servir de la souffrance pour toucher l’énergie 
de la compassion, de l’amour, de la compréhension... 

La méditation est la pratique de la non-violence, de la non-dualité. Si je sais que l’amour c’est moi et que la douleur c’est aussi moi, que la compréhension c’est moi et que la souffrance aussi, alors je vais en prendre soin. Je ne vais pas supprimer ma souffrance parce que je sais que je peux la transformer en fleur.La fleur existe parce que la souffrance est là. Ceci existe parce que cela est... 

Le Bouddha a dit. « Ceci étant, cela est. . . » Donc il n’y aura pas de combat ni de violence contre un élément de notre être. Il faut seulement prendre soin de nous-mêmes, transformer notre souffrance et avoir une attitude non violente vis-à-vis de notre douleur, de nous-mêmes et de notre corps. Nous devons faire cela, non seulement avec nos formations mentales mais aussi pratiquer exactement de la même façon envers notre corps « J’inspire, je suis conscient de mes yeux, j’expire, je souris à mes yeux. . . » Et nos yeux deviennent l’objet de notre pleine conscience. Quand nous pratiquons ainsi nous commençons à faire la paix avec nous-même parce que nous commençons à comprendre la nature de nos yeux. 

Le paradis des formes et des couleurs nous est offert.Si nous continuons à pratiquer ainsi pendant quelques minutes, nous découvrirons que nos yeux sont une des conditions de base pour notre bonheur... C’est une chose merveilleuse. Nous n’avons qu’à ouvrir les yeux pour voir le ciel bleu, les nuages blancs, les fleurs de cerisiers, le coucher du soleil, le visage de notre enfant. Avec des yeux en bon état, le paradis des formes et des couleurs nous est offert. Il y a des gens qui ont perdu la vue et pour eux la retrouver serait un paradis ; et nous qui avons des yeux, nous oublions cela. Vos yeux sont déjà une des conditions de base de votre bonheur. Et la pleine conscience suffit à toucher une de ces conditions-là. Nous pouvons pratiquer cela avec chaque partie de notre corps...

 


La Pleine Conscience,c’est la Lumière du Bouddha... 

Si nous continuons, nous verrons que notre corps est aussi une des conditions de base de notre bien-être. Notre corps fonctionne normalement pour notre bien-être, il travaille nuit et jour pour nous préserver vivant et nous, pendant ce temps-Ià, nous avons le temps de dormir, de méditer, etc. D’instant en instant notre coeur irrigue toutes les cellules de notre corps, sans relâche. Et pourtant nous n’avons pas beaucoup d’attention ni de gestes amicaux envers lui ; il faut retourner vers notre corps. En méditant comme cela nous aurons de la sagesse, de la compréhension et de la compassion envers nous-même. Et cette sagesse nous dictera la conduite, la manière juste de diriger notre vie quotidienne...

 
Le Bouddha nous a conseillé de pratiquer le toucher profond envers chaque partie de notre corps. Nous pouvons balayer graduellement tout notre corps avec l’énergie de la pleine conscience. Et le rayon n’est pas X, c’est la pleine conscience, c’est là lumière du Bouddha. Il faut balayer notre corps tout entier, profondément, pour pouvoir le réveiller et faire la paix ; pour nous réconcilier avec lui...

Dans le bouddhisme on pratique les cinq, les dix ou les deux cent-cinquante préceptes parce qu’ainsi nous pratiquons le regard profond.Et les préceptes nous protègent de notre souffrance. Si vous pensez que les préceptes limitent votre liberté, vous avez tort : ils garantissent votre liberté. Quand nous touchons notre corps avec la pleine conscience nous commençons à l’entendre, et le message qui nous est envoyé est très important, mais parce que nous ne sommes pas là, le message n’arrive pas. Il faut être là et le toucher profond peut nous révéler la situation exacte de notre corps ; si nous recevons ce message nous cesserons toute conduite malsaine...

Sans la pleine conscience, nous vivons comme des morts.Nous sommes tous des rois et des reines et notre territoire est extrêmement vaste ; nous régnons sur le domaine des cinq éléments. Et c’est la pleine conscience de notre douleur qui peut nous aider à surveiller notre territoire pour voir ce qui arrive, pour reconnaÎtre les graines du conflit, les graines de la souffrance et de la dualité... Et c’est seulement avec une vue aussi vaste de notre territoire que nous ferons ce qu’il faut afin de rester roi et reine de ce domaine de la forme, des sensations, des perceptions, des formations mentales et de la conscience....

Chaque fois que la pleine conscience naît, nous naissons encore une fois dans la Terre de Bouddha, dans le royaume de Bouddha. Nous redevenons vivant parce que nous touchons le moment présent. Pratiquer la pleine conscience c’est ramener corps et esprit vers le moment présent et chaque fois que l’on pratique cela on redevient vivant. Si on jette un regard autour de nous on peut voir les gens qui vivent comme des morts. J’utilise une phrase d’Albert Camus. « II vit comme un mort. » Il y a des milliers de gens qui circulent autour de nous, transportant leur propre cadavre. Nous n’avons pas besoin de beaucoup de temps. Une fraction de seconde suffit pour revenir à la vie, parce qu’être vivant c’est être là, dans le moment présent, dans l’ici et le maintenant ; et cela est possible avec une seule respiration consciente. Respire, tu es vivant... 


Avec la méditation, on pratique la résurrection à chaque instant. C’est la pratique de vivre au quotidien. Il ne faut pas se perdre dans le passé ni dans le futur. Le seul moment où l’on est vivant, ou l’on peut toucher la vie, c’est le moment présent, l’ici et maintenant. Quand nous pratiquons la méditation marchée, chaque pas nous ramène au moment présent. Quand on marche sans la pleine conscience on sacrifie le présent pour une destination... quelque part... On ne vit pas ; on vit comme un mort. Quand on parle de destination on pourrait se demander quelle est notre destination finale ?

Peut-être le cimetière ! Pourquoi on se hâte toujours pour rien ? La vie n’est pas là, la vie n’est pas dans cette direction... La vie est juste dans chaque pas. Il faut marcher de telle sorte que la vie soit possible à chaque pas. Et c’est ce que nous devons pratiquer à chaque instant. Marcher comme une personne libre, de telle sorte que le royaume de Dieu soit possible dans l’ici et le maintenant. Marcher de telle sorte que la paix, la joie soient possibles ici, que la terre pure soit disponible sous nos pieds. Arrêtez d’attendre pour pouvoir vivre... 

Ce que l’on arrête en premier c’est l’attente ; quand nous contemplons la pleine lune, si nous pensons, alors la pleine lune n’est pas vraiment là, et nous ne sommes pas là non plus. L’attente nous empêche de vivre chaque moment de notre vie quotidienne d’une manière profonde. Quand on regarde la lune, on regarde seulement la lune, c’est la méditation. L’attente nous empêche de toucher la vie profondément : « Je pense donc je ne suis pas vraiment là... » La méditation nous aide à toucher la non-peur. Et le plus grand soulagement obtenu, c’est quand vous pouvez toucher le nirvana, quand la non-peur est devenue quelque chose de la vie de chaque jour. Nous avons une grande peur en nous ; nous avons peur de tout, nous avons peur de notre mort, de notre solitude, nous avons peur d’être abandonnés, nous avons peur du changement. . . Et c’est seulement grâce à la non-peur que nous pourrons expérimenter le soulagement total, le nirvana total...
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Nirvana, qu’est-ce que c’est ? 
Nirvana, c’est la fondation de notre être... 

C’est la base de l’être comme l’eau est la base des vagues. Nous sommes les vagues. . . Au début nous croyons que nous avons un commencement et une fin, une naissance et une mort et nous pouvons penser, nous pouvons croire qu’avant notre naissance nous n’étions pas là ; qu’avant la naissance est le non-être, qu’après la naissance est l’être, et qu’après la mort nous redevenons non-être. Regardons ensemble dans cette direction, regardons profondément la vague qui descend et qui monte. La vague vit sa vie de vague mais elle peut vivre la vie de l’eau en même temps. Si la vague se penche vers son fondement et touche sa substance qui est l’eau alors survient la non-peur : le nirvana total.Naissance et mort ne peuvent pas toucher le bodhisattva...

 Nous vivons avec des concepts tels que naissance, mort, être, non-être, unité, pluralité mais nous n’avons eu ni la chance ni l’occasion de toucher la fondation de notre être qu’est nirvana. On peut traduire nirvana par extinction. Mais extinction de quoi ? Extinction, cela veut dire tout d’abord extinction de toutes les naissances, y compris celle du nirvana, du moi, de l’être, ou du non-être. . . La mort et la naissance ne peuvent pas toucher la vague une fois que celle-ci est redevenue de l’eau. Les concepts, les notions telles que naissance, mort, être, non-être ne peuvent pas toucher l’eau. L’eau ne peut pas être décrite et ses qualités ne sont pas exprimables...

 
Donc quand nous parlons de naissance et de mort, d’être et de non-être, nous parlons en terme de phénomènes. Dans le bouddhisme on appelle cela la dimension historique. Quand nous parlons des vagues nous sommes dans la dimension historique, mais quand nous parlons de l’eau nous sommes dans la dimension ultime. Et dans la dimension ultime nous ne pouvons parler de naissance et de mort, d’être et de non-être. Quand je touche du papier profondément, je touche un nuage. Si nous regardons profondément dans la nature du papier, que voyons-nous ? Nous pouvons d’abord voir un nuage. Parce que sans nuage il n’y aurait pas de pluie et les arbres ne pourraient pas pousser. Donc quand je touche du papier profondément, je touche un nuage.Et quoi encore ? Il y a du soleil, parce que sans soleil les arbres ne peuvent pas pousser, et il y a aussi la terre...

Si nous continuons à pratiquer le regard profond dirigé vers la feuille de papier, nous pouvons voir le cosmos entier. Alors nous pouvons nous demander quelle est la nature de cette feuille de papier ? Est-ce qu’avant de naÎtre la feuille de papier était le non-être ou est-ce que la feuille de papier est de la nature du nuage ? Dans le bouddhisme on enseigne que cette feuille de papier est libre de la naissance et libre de la mort. Avant d’être feuille de papier elle avait une autre forme comme nuage, comme soleil, comme terre, comme arbre.La feuille de papier est seulement une forme constituée des cinq éléments. Nous aussi avant de naÎtre avions déjà une forme, une autre forme. Le moment où la feuille de papier est née n’est pas vraiment le moment de la naissance. C’est juste un moment de continuité. Quand le papier meurt, il ne redevient pas le rien ; le papier devient quelque chose d’autre comme un nuage, comme la pluie.La pluie est la continuité du nuage.« Rien ne se perd, rien ne se crée...» 

Lavoisier n’était pas bouddhiste mais il a pratiqué le regard profond dirigé vers la nature des choses. Il a découvert la même chose :il n’y a pas de vraie naissance, il n’y a pas de vraie mort. Sans naissance, il n’y a pas de mort, il n’y a que transformation et continuité. C’est ce qu’on trouve dans le Sutra du Coeur, l’essence de la Prajnaparamita. Nous avons tous peur de mourir. Mais est-ce que le papier peut mourir ? Prenons des allumettes et regardons avec toute notre pleine conscience pour voir si nous pouvons réduire le papier au néant, au non-être. Est-ce que vous avez vu la fumée ? La feuille de papier est devenue une partie d’un nuage. Peut-être qu’une prochaine rencontre avec la feuille de papier aura lieu sous la forme de pluie ou d’eau ? Donc au revoir et à bientôt ! Une partie du papier est devenue une énergie de chaleur, elle a déjà pénétré le cosmos et chacun d’entre nous.
Et les cendres, un moine les déposera dans un parc et peut-être que dans quelques mois elles se transformeront en petites fleurs...

 

Donc le morceau de papier est déjà en voyage. Et ce n’est pas facile de pouvoir suivre quelque chose comme les allées et venues d’une feuille de papier. La même chose est vraie avec nous. Notre vraie nature est non-naissance et non-mort.Quand un maÎtre Zen vous demande : « Quel était votre visage avant que votre grand-mère soit née ? » C’est une invitation vers un voyage très profond à la découverte de votre vraie nature. Notre vraie nature est la non naissance et la non-mort. Nous sommes libres, nous ne sommes pas pris dans la naissance et dans la mort car naissance et mort ne sont que des notions que nous utilisons pour emprisonner la réalité. Le Bouddha a déclaré ceci : « II n’y a pas de monde, pas de naissance, pas de mort, pas d’être, pas de non-être, pas de haut ni de bas... »

Si ce monde-là n’est pas là comment les mondes de la naissance et de la mort, de l’être et du non-être, peuvent-ils être quelque chose de réel ?II a parlé de la dimension ultime, il a parlé de l’eau mais en a juste dit quelques mots car en ce qui concerne l’ultime nous ne pouvons pas utiliser des concepts ou des mots. Nirvana ne peut pas être décrit avec des concepts et des mots comme être ou non-être. Quand on parle de Dieu, de la mort de Dieu, cela revient à dire qu’il faut que la notion de Dieu soit morte pour que Dieu touche la vie. La même chose est vraie avec le nirvana. Les théologiens érudits qui ne se servent que de notions, de concepts et de mots et non de l’expérience directe ne sont pas très utiles... 

Il faut tuer la notion de Bouddha pour que le vrai Bouddha puisse se révéler. Le nirvana est à toucher, à vivre et non pas à décrire. Les notions, les concepts déforment la réalité de l’ultime.Le Bouddha est une chose, la notion de Bouddha en est une autre. Un maÎtre Zen a dit ceci : « Si vous rencontrez le Bouddha sur votre route, vous devez le tuer... » La même chose est vraie en ce qui concerne les concepts de naissance et de mort...

 
La peur naÎt de notre ignorance... 

La peur naÎt de notre ignorance, de nos concepts concernant la vie et la mort. Si nous pouvons nous débarrasser de tous ces concepts en touchant la réalité en soi, alors la non-peur sera là, le grand soulagement et le grand amour seront chose possible. Il faut transcender la naissance et la mort, il faut se débarrasser de ces notions parce qu’elles sont un obstacle à la réalité.Ces notions ne peuvent pas être appliquées au monde non-né, au monde non-mort. Le nirvana n’est pas quelque chose que nous devons rechercher parce que nous sommes déjà le nirvana... 

Comme la vague est déjà l’eau. La vague n’a pas à rechercher l’eau parce que l’eau est la substance même de la vague. Il nous faut vivre profondément puis toucher le nirvana, le monde de la non-naissance, de la non-mort, le monde de la non-dualité. . . et toute notre peur sera embrassée par cette connaissance directe de notre vraie nature.Etre ou ne pas être, là n’est pas vraiment la question.La vraie question est d’avoir assez de concentration, assez de pleine conscience pour pouvoir trouver la base de l’être, le nirvana. Et c’est pourquoi nous devons faire en sorte que la pratique de la méditation, de la pleine conscience soit la chose de la vie quotidienne. Quand nous mangeons, quand nous buvons, quand nous marchons, nous pouvons toujours pratiquer le calme, la concentration, le regard profond et un jour nous pouvons toucher la réalité ultime de l’être. la vie est une éternité... 


Méditer c’est générer l’énergie de la pleine conscience pour que la vie soit là comme une éternité et il faut vivre ces moments dans la vie quotidienne. Il faut s’entraÎner un petit peu pour que la méditation devienne la vie quotidienne. On inspire, on expire, on pratique la paix, et on revient chez soi, dans sa vraie demeure, dans l’ici et le maintenant ; on revient au moment présent pour toucher la Terre, toucher notre territoire. Si tout le monde pratiquait cela alors le monde deviendrait un monde de calme et de paix. Nous devons nous entraîner chaque jour à cultiver cette pleine conscience. Et il faut des amis, des frères et soeurs dans le dharma pour pouvoir apprendre cela facilement. C’est pourquoi on prend refuge en la sangha, car pour pouvoir être initié à la pratique, il nous faut un soutien c’est-à-dire une communauté de pratique...

 
Dans ma tradition on dit qu’un pratiquant qui quitte sa sangha est comme un tigre qui a quitté sa montagne pour descendre dans la plaine ; le tigre qui va dans la plaine sera tué par les hommes. Si l’on pratique la méditation sans prendre refuge dans une communauté de pratique, alors on abandonnera sa pratique au bout de quelques mois. Je vous souhaite à tous, mes amis, d’avoir un frère ou une soeur qui pratique sérieusement le dharma, peut-être aussi un maÎtre spirituel qui possède la solidité de la joie, de la liberté, de la compréhension profonde. Alors la pratique sera beaucoup plus agréable...

 

La pleine conscience...

Reconnaître la peur qui est en nous afin de pouvoir la transformer. On a peur de beaucoup de choses ; on a peur de perdre un jour son travail ; on a peur que la personne qui nous aime aujourd’hui nous abandonne demain ; on a peur des accidents ; on a peur des terroristes. Mais qu’est-ce que le Bouddha nous dit pour réduire la peur ? Les causes de l’accident peuvent se trouver hors de nous, mais elles peuvent aussi être en nous. Et il est fréquent que la cause intérieure déclenche la cause extérieure. Il y a beaucoup de choses à faire pour pouvoir se protéger. Je voudrais tout d’abord parler de l’énergie de la pleine conscience comme une énergie de protection... 

La pleine conscience c’est l’énergie qui nous permet de nous rendre compte de tout ce qui se passe dans le moment présent. Quand je bois une tasse de thé, je peux la boire dans la pleine conscience ; si je sais que je suis en train de boire une tasse de thé, je bois le thé dans la pleine conscience. Quand je fais un pas et que je le sais, je marche dans la pleine conscience. On peut préparer son petit déjeuner dans la pleine conscience ; peut-être avez-vous besoin de quinze minutes ou vingt minutes pour préparer le petit déjeuner, mais c’est une pratique. On peut porter son attention vers ce qui se passe, ce que l’on fait. Quand on fait la vaisselle, on peut apprendre à générer l’énergie de la pleine conscience. Une fois habité par la pleine conscience, on est vraiment là, on sait ce qui se passe et on peut réagir vite pour que le danger soit évité...

Avec la pleine conscience qui nous habite, on sait exactement ce que l’on doit faire et surtout ce que l’on ne doit pas faire. C’est pourquoi nous tous nous pouvons pratiquer pour cultiver cette énergie en or qu’on appelle l’énergie de la pleine conscience. La pleine conscience est la matière première avec laquelle on peut fabriquer beaucoup de choses ; avec la pleine conscience, on peut cultiver la compassion, on peut cultiver aussi la compréhension, la sagesse...

La compassion...

La compassion est un agent protecteur ; vous savez qu’une personne sans compassion souffre beaucoup, complètement isolée ; sans compassion, on ne peut pas établir de relation avec les autres êtres vivants, et l’on souffre ; c’est pourquoi la compassion nous soulage, nous donne de la liberté, de la paix et du bonheur. Si vous avez de la compassion en vous, vous êtes protégés ; c’est parce que la compassion se révèle, se manifeste dans la manière de regarder, de parler, d’agir. Et l’autre personne se sent en sécurité avec vous, c’est parce que vous êtes habité par l’énergie de la compassion. Elle sait que vous n’allez pas lui faire du mal ; elle peut toucher cette compassion en vous ; alors il faut cultiver la compassion pour sa propre protection, et on peut en même temps protéger les autres si on a de la compassion...

Les Israéliens ont peur et ils combattent pour leur survie ; et nous comprenons. Les Palestiniens ont peur, et ils veulent combattre pour leur survie, et nous les comprenons aussi. Osama Bin Laden a peur ; il a peur que le Judaïsme et le Christianisme détruisent l’Islam comme un mode de vie. Donc les terroristes agissent sur la fondation de leurs peurs ; ils combattent pour leur survie aussi. Et si on a assez de temps pour regarder en profondeur, on voit que tout le monde a peur ; et cette peur va de pair avec la haine, la colère et la violence. Et quand nous sommes victimes de la haine, de la colère et de la violence, nous souffrons et nous faisons souffrir les autres. C’est une chose très claire, très simple à comprendre...

Les perceptions erronées...

Donc si vous avez le temps de regarder... vous pouvez obtenir la compréhension : ils ont peur, ils souffrent ; ils sont victimes de leur peur, de leur colère, de leur haine, de leur violence ; et personne ne se trouve dans la situation de les aider. Pour pouvoir les aider, il faut faire en sorte que cette peur soit réduite, soit enlevée, soit transformée. Et nous savons très bien que la peur est née des perceptions erronées ; c’est le Bouddha qui a dit cela : "la peur est née des perceptions erronées". Nous avons peur l’un de l’autre, c’est parce qu’il n’y a pas assez de communication ; il y a des perceptions erronées qui nous séparent ; alors il faut faire en sorte de restaurer la communication...

La peur, le terrorisme ne peuvent pas être déracinés par les bombes ; c’est parce que la peur et la terreur sont nés des perceptions erronées ; et on ne peut pas enlever, détruire les perceptions erronées avec les bombes, avec les fusils, mais seulement avec le dialogue, l’écoute profonde, la parole aimante qui permettent seules d’aider l’autre personne à corriger ses perceptions erronées. Quand on écoute avec compassion, quand on pratique l’écoute profonde, on commence à comprendre pourquoi l’autre personne souffre, l’autre personne a peur, a de la haine et du désespoir. Et nous pouvons réaliser que cette personne-là est vraiment victime de ses propres perceptions erronées, et on se dit : "plus tard, j’aurai du temps pour pouvoir offrir des informations qui pourront aider cette personne-là à corriger ses perceptions" ; vous êtes motivés par la compassion ; vous êtes là assis tranquillement pour écouter l’autre personne, et c’est déjà là un acte d’amour...

Et quand vous réalisez que cette personne est victime de beaucoup de malentendus, beaucoup de perceptions erronées, vous vous promettez que plus tard vous ferez de votre mieux pour aider cette personne à corriger ses perceptions. Une fois les perceptions corrigées, une vue juste est obtenue et la peur sera alors diminuée en même temps que la souffrance. Cette personne a une conception d’elle-même, et elle a une conception de vous, de nous ; et ces deux sortes de perceptions peuvent être erronées ; et c’est pourquoi cette personne a agi ainsi avec de la colère et de la haine. Quand l’on écoute cette personne-là, on peut identifier ses perceptions erronées ; et puis on peut aussi en même temps réaliser que l’on est soi-même victime de ses propres perceptions erronées ; si l’autre personne est victime de ses perceptions erronées, moi aussi je peux être victime des perceptions erronées. En écoutant en profondeur comme cela, on peut réaliser qu’on a eu des perceptions erronées sur soi-même et sur l’autre personne ; et cela nous aide à corriger les perceptions en nous-même...

Le père a des perceptions erronées à propos de son fils, et le fils peut avoir des perceptions erronées sur son papa ; alors tous les deux souffrent, et chacun pense qu’il est victime de l’autre personne ; mais tous les deux sont victimes des perceptions erronées. Si les Palestiniens et les Israélites réalisent cela : les deux partis sont tous les deux victimes des perceptions erronées, et que tous les deux combattent pour leur survie, alors pourquoi ne pas coopérer pour pouvoir avoir une survie collective. Je voudrais vous dire que le bonheur n’est jamais une chose individuelle ; la sécurité aussi, ce n’est jamais une chose individuelle. La survie, la sécurité, ce sont des choses collectives.

Imaginez un mari qui souffre profondément ; est-ce que sa femme peut être heureuse ? Non, pour être heureuse, cette dame-là doit aider son mari à souffrir moins ; donc la souffrance est une chose collective, et le bonheur aussi. Quand le père souffre, le fils ne peut pas être vraiment heureux ; alors il faut faire quelque chose pour que le père souffre moins, de sorte que le fils aura une chance d’être heureux. Donc, ce que je veux dire ici, c’est que la souffrance n’est jamais une chose individuelle. Il faut assurer le bonheur de l’autre pour qu’on puisse être heureux. La sécurité n’est pas une chose individuelle ; si les autres se sentent en danger, alors vous êtes en danger aussi ; il faut donc s’occuper de la sécurité de l’autre personne...

Est-ce que la politique américaine est sur cette voie ou non ? Est-ce que la politique française va dans cette direction ou non ? Pour avoir de la sécurité, on doit offrir de la sécurité. Alors, si l’autre personne souffre, ce sera très difficile pour nous d’être heureux ; il faut donc songer à faire quelque chose pour que l’autre personne souffre moins. Si l’autre personne a beaucoup de peurs, alors cette personne-là va devenir une cause de notre peur. C’est pourquoi réduire la peur en l’autre personne c’est réduire la peur en soi-même. Qu’est-ce qu’on a fait pour les arabes, pour les Palestiniens, pour les Israélites, pour Osama Bin Laden...

La méditation c’est l’acte de regarder en profondeur, regarder soi-même, regarder l’autre personne ; et si on peut identifier la cause de la souffrance, de la peur dans l’autre personne, la compassion jaillit de notre coeur ; et avec la compassion on n’accuse plus, on souffre beaucoup moins ; on peut commencer à regarder l’autre personne avec les yeux de la compassion ; on peut lui parler avec une parole aimante, et ça change déjà beaucoup de choses. Il faut donc avoir le temps pour pouvoir regarder, regarder en profondeur. Cette pratique nous procure, nous offre de la compassion. Avec la compassion on ne souffre plus, on peut accepter, on veut faire quelque chose pour aider, on n’a plus cette intention de punir. Et si vous êtes animés par cette compassion, par ce désir d’aider, alors l’autre personne va pouvoir reconnaître cette intention, et elle aura alors moins peur de vous, et vous aurez vous-même moins peur d’elle. Au sein de la famille, on peut pratiquer cela ; au sein de la communauté, on peut pratiquer cela ; et entre les nations, les groupes ethniques, on peut pratiquer cela...

On peut toujours commencer avec une inspiration profonde pour se calmer, pour apporter de la détente à notre corps. Et lorsqu’on est détendu physiquement, on peut déjà commencer à calmer nos sensations, nos émotions.Avec la pratique de l’inspiration, de l’expiration en pleine conscience, on aura assez d’énergie de pleine conscience pour pouvoir reconnaître les émotions comme la peur, la colère, le désespoir afin de pouvoir les embrasser."J’inspire, je sais que la peur est en moi. J’expire, je prends soin de ma peur maintenant avec beaucoup de douceur".Et comme on peut faire cela, on peut continuer et regarder en profondeur pour voir les racines véritables de cette peur. Si vous avez peur de lui, il a peur de vous ; alors vous êtes tous les deux des victimes de la peur. On peut dialoguer pour créer une collaboration qui permette de transformer la peur dans chaque camp...

Malheureusement, nos dirigeants politiques et militaires ne sont pas entraînés dans cette pratique : la pratique de la respiration profonde, la pratique de la pleine conscience, la pratique du regard compatissant. C’est pourquoi ils n’arrivent pas à enlever la peur, corriger les perceptions erronées qui sont à la base de tout conflit, de toute souffrance, de toute peur. Et comme citoyen, on doit pratiquer, on doit soutenir nos dirigeants politiques. La pleine conscience est un agent protecteur, la compassion en est un autre, et la sagesse est un agent protecteur aussi. Qu’est-ce que c’est que la sagesse, et quelle sagesse ?

Thich Nhat Hanh

L’inter-être...

Dans le bouddhisme, on parle de l’inter-être ; on ne peut jamais être par soi-même, on doit inter-être avec tout autre chose. Regardez une fleur par exemple. La fleur ne peut pas être par elle-même ; la fleur doit inter être avec le soleil, les nuages, la terre, etc... Imaginez qu’il n’y ait pas de soleil ; aucune fleur ne peut pousser. Donc en regardant profondément dans la fleur, on voit l’élément soleil ; et je peux toucher le soleil quand je touche la fleur ; le soleil est dans la fleur ; fleur et soleil inter sont. Quand je regarde la fleur, je vois un nuage, et je touche un nuage ; je sais très bien que sans nuage il n’y aura pas de pluie, et la fleur ne peut pas pousser ; donc il y a bien l’élément nuage dans la fleur ; la fleur ne peut pas être par elle-même, elle doit inter être avec le nuage...

Donc cette sagesse montrée par le Bouddha est une pratique. Quand on regarde quelque chose, quelqu’un, on doit voir la nature de l’inter être de cette personne-là, on doit voir la nature de l’inter être de soi-même. Si vous regardez en profondeur en vous-même, vous voyez tant de choses ; vous voyez que vous n’êtes pas vraiment vous-même, vous ne pouvez pas être par vous-même, vous devez inter-être avec tous les autres. Je reconnais que mes ancêtres, non seulement mes ancêtres humains, mais encore mes ancêtres animaux, végétaux et minéraux sont en moi. Mon père et ma mère sont encore vivants dans chacune de mes cellules ; et je peux tout à fait parler à mon papa, à ma maman, c’est parce qu’ils sont encore là dans chacune de mes cellules. Essayez une fois de parler à votre papa et votre maman...

Mon père, avant sa mort, a essayé de pratiquer le bouddhisme, mais il n’a pas eu autant de chance que moi ; je suis devenu moine à l’âge de seize ans. Et je suis allé très loin dans le chemin de la pratique, et je le fais pour mon papa aussi. Une fois, dans la méditation assise, j’ai dit à mon papa : "Papa, on a réussi !". Donc, quand vous faites une inspiration et vous sentez le bonheur et la paix, vous le faites aussi pour votre papa et votre maman. Quand vous faites un pas en paix, un pas avec solidité, avec liberté, avec joie, alors vous le faites pour votre maman aussi ; peut-être maman n’a pas eu l’occasion de faire des pas comme cela dans la détente pour entrer en contact avec les merveilles de la terre, du ciel, comme on l’a fait ce matin ; et maintenant on marche pour maman, on marche pour papa, on marche pour tous nos ancêtres...

Imaginez, visualisez que des milliards de pieds se posent sur le sol en même temps que vous posez votre pied ; vous pouvez très bien visualiser cela. Quand vous touchez la terre avec votre pied dans la Pleine Conscience, dans la joie, tous vos ancêtres font la même chose en même temps ; c’est très gentil de votre part de permettre à vos ancêtres de marcher comme cela. Et quand je marche, je vois que ce n’est pas moi qui marche seul, c’est toute une lignée d’ancêtres qui marchent ; et la transformation, ce n’est pas pour moi seul, la transformation c’est pour tous mes ancêtres.Si vous avez eu le temps de faire des recherches sur vos ancêtres, vous verrez que ce travail-là peut vous aider beaucoup.Des générations d’ancêtres ont travaillé, ont combattu, ont pu franchir beaucoup d’obstacles pour pouvoir s’établir dans cette vie ; ils ont eu beaucoup d’expériences, ils sont déjà passés par beaucoup d’épreuves, beaucoup de souffrance, beaucoup de dureté ; et ces expériences-là, cette détermination-là sont encore en vous dans chaque cellule, dans chaque gène contenu dans votre corps...

Alors vous pouvez leurs parler : "Chers ancêtres, je sais que dans le passé vous avez beaucoup souffert, vous avez beaucoup réussi aussi ; et je suis très fier de vous ; à présent votre sagesse est en moi, votre courage est en moi, et je n’ai pas peur". Ainsi, avec vos ancêtres en vous, vous devenez plus forts, vous avez beaucoup plus de confiance en vous. Vous n’êtes pas quelque chose d’isolé, vous êtes toute une lignée d’ancêtres ; vous êtes forts, vous êtes muni de beaucoup d’expérience et de volonté. Alors, il n’y a pas de raison d’avoir peur ; si mes ancêtres sont parvenus à faire cela, moi aussi, au nom de mes ancêtres, je vais pouvoir surmonter les difficultés qui apparaissent sur mon chemin. Alors, l’inter-être c’est aussi le non-soi...

Le non-soi

Le non-soi c’est un enseignement formidable offert par le Bouddha. Le non-soi c’est ça ; le non-soi ça ne veut pas dire que vous n’êtes pas là ; le non-soi dit que vous n’êtes pas là comme entité séparée, mais vous êtes là comme une merveille dans le sens de l’inter-être. Vous êtes vous-même bien sûr, mais vous êtes aussi vos ancêtres et vos enfants. Alors avec cette confiance, on est plus fort ; on sait qu’en cultivant les vertus de nos ancêtres, on va pouvoir surmonter toutes les difficultés qui se dressent sur notre chemin. Qu’est-ce que c’est que la sagesse ? C’est une vue juste. La vue juste, c’est la vue de l’inter être ; on n’est pas seul, on n’est pas isolé. Et on doit agir en inter-être. On inter est avec les chrétiens, on inter est avec les bouddhistes...

Nous sommes une famille, et le bonheur de l’un concerne le bonheur de l’autre ; alors il faut agir dans l’esprit de l’inter être. Inter-être, c’est un mot nouveau ; mais pas tellement nouveau, ça existe dans la littérature bouddhiste ; j’espère que nous aurons bientôt ce mot dans le dictionnaire français. Être, c’est vraiment inter être ; on ne peut jamais être par soi-même ; on ne peut qu’ inter être avec les autres. Et sur cette base, sur cette sagesse, on peut éviter les paroles et les actes qui séparent, qui détruisent, qui causent de la souffrance. L’inter être, c’est la vision profonde ; et avec la pratique de la méditation, la pratique du regard profond, on va pouvoir découvrir l’inter être. Avec l’inter-être, on peut produire des pensées justes. Une pensée juste est une pensée qui va de pair avec l’esprit de l’inter être. Il n’y a pas de séparation ; sa souffrance c’est la mienne, son bonheur c’est le mien...

Une pensée juste c’est une pensée qui va de pair avec la compassion, avec la compréhension. Et chacun de nous peut toujours produire une telle pensée, une pensée qui est digne de nous, qui est digne de nos ancêtres, une pensée qui va de pair avec la compréhension et l’amour, la compassion. Et vous savez, chaque fois qu’on produit une pensée juste, une pensée de compassion et de compréhension, cette pensée commence à nous guérir, à nous nourrir ; et ça va avoir un effet positif sur notre santé physique et morale. La juste pensée, la pensée juste, ça guérit et ça nourrit. Et vous savez très bien que vous avez cette capacité de produire une pensée juste, une pensée qui va de pair avec l’amour, le pardon et la compréhension. Et cette pensée va tout d’abord vous donner de la santé physique et mentale...

Croyez-moi, j’ai pratiqué : une pensée juste c’est très guérissant, très nourrissant pour vous-même, et ça guérit et nourrit le monde après cela. Et chaque jour on doit avoir l’occasion de produire des pensées comme ça, des pensées justes ; ça ne coûte rien. Si on a le temps de regarder en profondeur, et si on touche la nature, la vérité de l’inter être, alors on peut très facilement produire des pensées justes, des pensées de compassion et de compréhension qui vont nous changer et changer le monde. Et avec la sagesse de l’inter être, on peut produire des paroles justes, des paroles qui vont de pair avec la compassion, le pardon et la compréhension. Une parole juste peut inspirer de l’espérance, de l’espoir, de la joie dans une autre personne ; ça ne coûte rien ; mais il faut du temps, du temps pour pouvoir aimer, pour pouvoir regarder en profondeur...

Avec cette capacité d’être concentré, de regarder en profondeur, on va pouvoir comprendre, et on va pouvoir produire naturellement une parole juste, une parole aimante, une parole qui va de pair avec la compassion, le pardon, la réconciliation, la compréhension ; et vous savez très bien, chers amis, que vous êtes capables de produire une telle parole ; n’attendez pas demain pour le faire ; il faut le faire aujourd’hui, directement ou avec votre portable (Rires...).

Avec la sagesse de l’inter-être, on peut produire de l’action juste, l’action qui peut protéger, qui peut aider, qui peut soutenir ; et vous savez que vous êtes aussi capables de faire cela, une action juste recommandée par le Bouddha : la pensée juste, la parole juste et l’action juste. Je vous ai dit déjà que dans la méditation quotidienne, les moines et les moniales récitent cette phrase : " Quand je meure, je ne peux rien apporter avec moi sauf mon karma, le fruit de mon karma ". Mais qu’est-ce que c’est que le karma ? Le karma, c’est la pensée, c’est la parole, c’est l’action ; une fois produits, cette pensée continue à voyager dans le monde ; une fois produite, cette parole continue à voyager dans le monde, c’est votre propre continuation...

Si vous parlez d’une vie prochaine, ce sont des actes, des paroles et des pensées que nous produisons aujourd’hui, mais pas exactement prochaines, c’est parce que ces énergies que nous produisons peuvent déjà avoir un effet sur notre corps, notre esprit et le monde, on n’a pas à attendre la décomposition de ce corps. La vie future est déjà là, le futur est déjà là.Jean-Paul Sartre a dit ceci (c’est un philosophe français) : "L’homme est la somme de ses actes". C’est une pensée très proche du bouddhisme. Ses actes c’est le karma ; c’est parce que le mot karma, ça veut dire "acte" ; mais l’acte dans le bouddhisme est vu en trois termes : pensée, parole et action...

La pensée c’est une action ; la parole c’est une action ; et le geste c’est une action aussi. On veut continuer en beauté, et pour assurer une belle continuation, on doit faire attention à la pensée, à la parole et aux actions que nous produisons chaque jour. Un oranger produit des feuilles, des fleurs d’oranger et des oranges. Nous, êtres humains, nous produisons les pensées, les paroles et les actes ; et la pratique consiste à produire seulement des belles paroles, des paroles justes, des idées, des pensées justes, et des actions justes. Et pour pouvoir assurer une belle continuation, on doit y penser chaque jour : on ne produit que les pensées justes, on ne produit que les paroles justes, et on ne produit que l’action juste..

Le non être...

Il y a parmi nous ceux ou celles qui ont peur du non être. Aujourd’hui on est quelqu’un, mais plus on ne sera plus personne. On pense à sa propre mort. Si nous avons du temps pour regarder en profondeur, pour faire la méditation, on verra que la naissance et la mort, ce sont des idées, des concepts qui ne s’appliquent pas vraiment à la réalité ; et quand on pratique bien, on a une chance de toucher notre nature propre et on perd cette sorte de peur, la peur du non être. Regardons par exemple un nuage qui flotte dans le ciel... Est-ce qu’un nuage peut mourir ? Est-ce qu’on peut parler de la mort d’un nuage ? La mort... Qu’est-ce que ce que c’est que la mort ? De quelque chose on devient rien, de quelqu’un on ne devient personne ; c’est notre idée de la mort ; mais ça ne s’applique pas à un nuage...

Pour ceux ou celles qui pratiquent le regard profond, on sait qu’il est impossible pour un nuage de mourir, de devenir le néant. Un nuage peut se transformer en pluie, en grêle, en neige, mais un nuage ne peut jamais se transformer en néant. "Rien ne se crée, rien ne se perd", c’est un scientifique français qui a dit cela, c’est pas un bouddhiste. Donc, quand on regarde en profondeur le nuage, on voit que la nature véritable du nuage c’est la nature de non naissance et non mort. On se demande quelle est l’origine de ce nuage, et on peut déjà voir avant sa manifestation en forme de nuage que le nuage a été eau, chaleur...

La vague et l’eau...

L’eau dans l’océan, l’eau dans les rivières, dans les lacs, et la chaleur... ainsi dans une vie antérieure, le nuage a été eau et chaleur ; et cette manifestation en forme de nuage, c’est seulement une continuation ; ce n’est pas une naissance, ce n’est pas une création. Tu n’es pas une création, tu es une manifestation ; tu peux cesser ta manifestation pour te manifester autrement, mais tu es libre de la mort, du non être. Donc, quand on regarde un nuage on voit sa nature propre, sa nature de non naissance et non mort. Si vous avez quelqu’un qui vous est cher, qui vient de décéder, il faut regarder cette personne en profondeur pour voir qu’elle n’est pas perdue, elle est encore là dans ses nouvelles manifestations. S’il arrive que vous tombiez amoureux d’un nuage, et si le nuage n’est plus là dans le ciel, ne pleurez pas... C’est parce que le nuage s’est transformé en pluie, et c’est la pluie qui vous appelle : "Chéri, chéri, je suis encore là, tu ne me vois pas ?" Alors il faut un regard profond pour pouvoir reconnaître votre bien-aimée, elle est toujours là dans ses nouvelles transformations.Dans le bouddhisme, on préfère le terme manifestation au terme naissance, et on utilise aussi le terme continuation. La naissance c’est une continuation, la mort c’est aussi une continuation.

Rien ne se perd, rien ne se crée. Quand on vient dans un centre de pratique.La pratique peut nous apporter un soulagement de notre douleur, mais le plus grand soulagement ne peut être obtenue que quand vous êtes capable de toucher votre propre nature de non naissance et de non mort. Dans le bouddhisme on appelle cela l’Ainsité ou le Nirvana. Le Nirvana ce n’est pas un endroit ; le Nirvana c’est l’absence de ces notions comme naissance, mort, commencement, fin, ceci et cela, la même chose ou une chose différente ; c’est l’absence de la venue et du départ...

Être et non être

Il y a des théologiens qui parlent de Dieu comme fondation de l’être ; moi je ne pense pas comme cela en ce qui concerne l’être et le non être ; je me demande : "si Dieu est la fondation de l’être, qui sera la fondation du non être ?" Dieu doit dépasser les deux concepts être et non être. Regardez cette boîte d’allumettes, et essayez de voir la flamme ; la flamme est cachée quelque part dans la boîte. Est-ce que la flamme existe ou n’existe pas ? Chère petite flamme, est-ce que tu es là ? Tu existes ou tu n’existes pas ? C’est la méditation... Et si vous écoutez en profondeur, vous pouvez entendre la voix de la flamme : "Cher Thây, chère Sangha, chers amis, je suis là, vous ne pouvez pas me qualifier comme non être, je suis là cachée dans mes conditions ; toutes les conditions sont favorables à ma manifestation, sauf une ; il faut me procurer cette dernière manifestation, faites quelque chose, et je vais me manifester !"

Alors on a l’impression que la flamme se cache dans la boîte, mais ce n’est pas vrai ; l’oxygène hors de la boîte est une condition nécessaire pour la manifestation de la flamme ; donc, les conditions pour cette manifestation sont un peu partout, même dans mes doigts. Alors on ne peut pas qualifier la flamme de non existante ; et quand la flamme se manifeste, on ne peut pas la qualifier comme existante ; la notion d’être et de non être ne peut pas s’appliquer à la réalité, c’est l’enseignement du Bouddha. Être ou ne pas être, c’est pas là le problème (Rires...)

La flamme s’est manifestée, et pendant cette manifestation on ne peut pas la qualifier comme être sinon on doit la détruire comme non être après. Donc, non seulement la nature propre, la nature véritable du nuage est la nature de non naissance et non mort, mais la nature de la flamme également c’est la nature de non naissance et non mort. Alors il n’y a pas de fondation pour la peur.Quand on perd un être bien-aimé, on pose toujours cette question : "Il est venu de quelque part, il est parti quelque part ; je ne peux pas le trouver." Essayons de poser la question à la petite flamme : "Chère petite flamme, d’où viens-tu ?... D’où viens-tu ?" Et comme on prend le temps d’écouter, on peut entendre ceci : "Cher Thây, chers amis, chère Sangha, je ne viens de nulle part ; quand les conditions sont suffisantes, je me manifeste. Cher Thây, chère Sangha, chers amis, je ne viens de nulle part ; je ne viens pas du sud, du nord, de l’est, de l’ouest ; quand les conditions sont suffisantes, je me manifeste..."

Et on sait que la flamme a raison, il n’y a pas de venue. Votre bien-aimé également, il est venu de nulle part ; quand les conditions sont suffisantes, il se manifeste auprès de vous, et quand les conditions ne sont plus suffisantes, il cesse sa manifestation pour se manifester autrement. Chère petite flamme, où es-tu allée ? Je ne te vois plus... Où es-tu ? Et on peut entendre ceci : "Cher Thây, chère Sangha, chers amis, je ne suis partie nulle part ; je ne suis pas partie au sud, au nord, à l’est, à l’ouest, non... Quand les conditions ne sont plus suffisantes, je cesse ma manifestation pour pouvoir me manifester autrement. " Alors, cette fois-ci, on sait que la flamme a raison aussi. Alors, la personne qui vous est chère, elle est quelque part là ; il faut un oeil de sagesse pour pouvoir la reconnaître...

Elle est toujours avec vous, beaucoup plus proche que vous ne pensez. Peut-être est-elle en vous, et vous pouvez très bien respirer pour elle, marcher pour elle, et prendre le petit déjeuner pour elle, pour lui ; c’est une chose possible avec le regard profond. Alors le Bouddha nous offre des pratiques, beaucoup de pratiques qui nous aident à atténuer notre peur, réduire notre peur, et finalement à la transformer totalement. Regardez une vague qui se dresse sur l’océan ; vous voyez, il y a un commencement, une fin, une montée, une descente. Et la vague a peur. La vague peut avoir des complexes de supériorité ou d’infériorité, parce qu’il y a d’autres vagues tout autour ; et la vague souffre à cause de ces complexes-là, de cette peur-là, mais une fois que la vague peut toucher sa propre nature, l’eau, alors elle perdra toute peur. Et il est possible pour la vague de se courber et de reconnaître qu’elle est faite d’eau ; l’eau c’est sa propre nature. On peut parler de la vague en terme de commencement, de fin, de montée et de descente, plus grande, plus petite, plus jolie, moins jolie, mais on ne peut pas parler de l’eau avec les mêmes termes. Alors toucher votre propre nature, c’est le but ultime de la méditation, et ce serait dommage si, dans cette vie, nous n’avions pas le temps de faire cela. Vous regardez en profondeur pour toucher votre nature propre de non naissance et de non mort...

Une fois que la vague arrive à toucher l’eau, elle s’amuse en s’élevant, elle s’amuse en tombant ; elle rit tout le temps. Et nous pouvons faire la même chose avec notre soi-disant naissance et notre soi-disant mort. Et c’est pourquoi on a dit que le plus grand soulagement qu’on peut avoir avec la pratique, c’est seulement après avoir touché cette nature de non naissance et de non mort en soi. Et ceci est une invitation à la pratique. Je vais m’arrêter ici et je vais vous offrir la parole. Merci.

Discours donné le dimanche 22 octobre 2006 à la Maison de la Mutualité à Paris. Traduction de Frère Phap Tâp et de Frère P. Khi...    Source De L'article...http://www.meditationfrance.com/archive/2009/1103.htm

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La Respiration Consciente...Audio...

Premier enseignement audio Dharma en français dans la première semaine de la Retraite d'ouverture d'été...

 

 

Retraite francophone — dimanche 17 mars 2013...Audio 

 

 

Retraite francophone — 21 mars 2013...Audio...

 

 

***Mourir en paix, une ultime leçon de Pleine Conscience***

 

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Thich Nhat Hanh allant se promener avec ses assistants, temple de Tu Hieu, février 2019.

«Lâcher prise, ce n’est pas seulement lâcher, c’est aussi faire de la place en vous à votre maître, le laisser vivre en vous», explique un disciple monastique chevronné du maître et auteur zen.Thich Nhat Hanh a fait plus que peut-être aucun autre bouddhiste vivant aujourd’hui pour expliquer et diffuser les principaux enseignements de la pleine conscience, de la douceur et de la compassion à un large public international.

Le moine vietnamien, qui a écrit plus de 100 livres, n’est devancé que par le Dalaï Lama en renommée et en influence.
Thich Nhat Hanh s’est fait un nom en tant que défenseur des droits de l’homme et de la réconciliation pendant la guerre du Vietnam, ce qui a amené Martin Luther King Jr. à le nominer pour le prix Nobel.
Il est considéré comme le père du «bouddhisme engagé», un mouvement liant la pratique de la pleine conscience à l’action sociale. Il a également construit un réseau de monastères et de centres de retraite dans six pays du monde, dont les États-Unis.

En 2014, Nhat Hanh, qui a maintenant 92 ans, a eu un accident vasculaire cérébral au Village des Pruniers, le monastère et centre de retraite situé dans le sud-ouest de la France, qu’il a fondé en 1982 et qui était aussi son domicile. Bien qu’il n’ait pas pu retrouver la parole après son accident vasculaire cérébral, il a continué à être présent dans la communauté, utilisant son bras gauche et ses expressions faciales pour communiquer.En octobre 2018, Nhat Hanh a surpris ses disciples en les informant qu’il aimerait rentrer chez lui au Vietnam pour passer ses derniers jours au temple racine de Tu Hieu à Huê, où il est devenu moine en 1942 à 16 ans.

Comme l’écrivait Liam Fitzpatrick de Time, Thich Naht Hanh a été exilé du Vietnam pour son activisme anti-guerre de 1966 jusqu’à ce qu’il soit finalement invité à revenir en 2005. Mais son retour dans son pays natal est moins une réconciliation politique que quelque chose de plus profond. Et il contient des leçons pour nous tous sur la façon de mourir paisiblement et de laisser partir les gens que nous aimons.

Quand j’ai appris que Thich Nhat Hanh était rentré au Vietnam, j’ai voulu en savoir plus sur cette décision. J’ai donc appelé frère Phap Dung, un disciple et moine chevronné qui aide à diriger le Village des Pruniers en l’absence de son fondateur. (J’ai rencontré Phap Dung en 2016, juste après que Donald Trump ait remporté l’élection présidentielle, pour parler de la manière dont nous pouvons utiliser la pleine conscience en temps de conflit.)Notre conversation a été modifiée pour gagner en clarté...Frère Phap Dung

Eliza Barclay
Parlez-moi de la décision de votre professeur d’aller au Vietnam et de la façon dont vous l’interprétez.
Phap Dung
Il revient définitivement à ses racines.
Il est revenu à l’endroit où il a été formé en tant que moine. Le message transmis par cette décision, c’est nous ne venons pas de nulle part. Nous avons des racines. Nous avons des ancêtres. Nous faisons partie d’une lignée ou d’un flux.
Se considérer comme faisant partie d’un courant, d’une lignée, c’est l’enseignement le plus profond du bouddhisme: le non-soi. Nous sommes vides d’un soi séparé, et pourtant, nous sommes pleins de nos ancêtres.
Il a mis l’accent sur la tradition vietnamienne du culte ancestral en tant que pratique dans notre communauté. Culte signifie ici se souvenir. Pour lui, rentrer au Vietnam, c’est souligner que nous sommes un courant qui remonte à l’époque du Bouddha en Inde, au-delà même du Vietnam et de la Chine.

Eliza Barclay
Donc, il est en train de se reconnecter au torrent qui l’a précédé. Et cela suggère que la communauté plus large qu’il a construite est également connectée à ce courant. La rivière continuera de couler après lui.

Phap Dung
C’est comme le cercle qu’il dessine souvent avec le pinceau de calligraphie. Il est rentré au Vietnam après 50 ans d’existence en Occident. Quand il est parti pour appeler à la paix pendant la guerre du Vietnam, c’était le début du cercle; lentement, il s’est aventuré dans d’autres pays pour enseigner. Et, toujours lentement, il est retourné en Asie, en Indonésie, à Hong Kong, en Chine. Finalement, le Vietnam s’est ouvert pour lui permettre de revenir trois autres fois. Ce retour ressemble maintenant à la fermeture du cercle.
C’est aussi comme si la flamme d’une bougie était transmise, à la prochaine, à beaucoup d’autres, pour que nous puissions continuer à vivre, à pratiquer et à continuer son travail. Pour moi, c’est comme ça, comme si la lumière était allumée en chacun de nous.
Eliza Barclay


Eliza Barclay Et en tant que l’un de ses principaux moines, avez-vous le sentiment de passer la lumière aussi?

Phap Dung
Avant de rencontrer Thay en 1992, je ne vivais pas en Pleine conscience. Je travaillais dur et je travaillais dans l’architecture avec ambition aux États-Unis. Il m’a appris à aimer vraiment vivre dans le moment présent, c’est quelque chose à quoi nous pouvons nous entraîner.
Maintenant que je pratique, je garde la lampe allumée et je peux également partager la pratique avec d’autres. Maintenant, j’enseigne et je prends soin des moines, des moniales et des amis laïcs qui viennent dans notre communauté, tout comme notre professeur.
Eliza Barclay
Il a donc 92 ans et sa santé est fragile, mais il n’est pas alité. Que fait-il au Vietnam?

Phap Dung
La première chose qu’il a faite quand il est arrivé a été d’aller au stupa [sanctuaire] pour allumer une bougie et toucher la terre. Rendre hommage de cette manière, c’est un peu comme se brancher directement à l’énergie des ancêtres. On peut avoir tellement d’énergie quand on se souvient de son maître.
Il ne reste pas assis à attendre. Il fait de son mieux pour profiter du reste de sa vie. Il mange régulièrement. Il peut même maintenant boire du thé et inviter ses étudiants à en prendre une tasse avec lui. Et ses actions sont très délibérées.
Un jour, avant le nouvel an lunaire, ses assistants l’ont amené profiter du marché aux fleurs. Au retour, il a demandé à son entourage de changer de cap et d’aller dans quelques temples particuliers. Au début, tout le monde était confus, jusqu’à ce qu’ils découvrent que ces temples étaient affiliés à notre communauté. Il s’est souvenu de l’emplacement exact de ces temples et de la direction à suivre pour s’y rendre. Ses assistants ont compris qu’il souhaitait visiter le temple d’un moine qui avait longtemps vécu au Village des Pruniers, en France; et un autre où il avait étudié quand il était jeune moine. Il est très clair que bien qu’il soit physiquement limité et en fauteuil roulant, il vit toujours, faisant ce que son corps et sa santé permettent. Chaque fois qu’il est en assez bonne forme, il se présente à des réunions de sangha, ou rassemblements communautaires même s’il n’a rien à faire. Pour lui, la retraite n’existe pas.
Eliza Barclay
Mais vous êtes également en train de le laisser partir, non?

Phap Dung
Bien sûr, le lâcher prise est l’une de nos pratiques principales. Cela va de pair avec la reconnaissance de la nature impermanente des choses, du monde et de nos proches.
Cette période de transition est son dernier et le plus profond enseignement qu’il donne à notre communauté. Il nous montre comment faire la transition avec élégance, même après une attaque et en étant limité physiquement. Il profite toujours de sa journée à chaque occasion.
Ma pratique est de ne pas attendre le moment où il rendra son dernier souffle. Chaque jour, je pratique de façon à le laisser partir, en le laissant être avec moi, en moi et en chacune de mes respirations conscientes. Il est vivant dans mon souffle, dans ma conscience.

En inspirant, je respire avec mon maître en moi; en expirant, je le vois sourire en moi. Lorsque nous faisons un pas avec douceur, nous le laissons marcher avec nous et nous lui permettons de continuer dans nos pas. Lâcher prise, ce n’est pas seulement lâcher, c’est aussi faire de la place en vous à votre maître, le laisser vivre en vous et voir qu’il est plus qu’un simple corps physique actuellement au Vietnam.
Eliza Barclay
Qu’avez-vous appris de votre maître sur le fait de mourir?

Phap Dung
Il y a la mort dans le sens de laisser ce corps, lâcher prise des sentiments, des émotions, de ces choses que nous appelons notre identité, et pratiquer pour les laisser partir.
Le problème, c’est que nous ne nous laissons pas mourir jour après jour. Au lieu de cela, nous nous attachons à des idées les uns sur les autres et sur nous-mêmes. Parfois, c’est bon, mais parfois, cela nuit à notre croissance. Nous nous identifions à une idée et nous nous enfermons en elle .
Lâcher prise n’est pas seulement une pratique pour quand nous aurons 90 ans, c’est une des pratiques les plus élevées. Cela peut vous amener à l’équanimité, un état de liberté, une forme de paix. Se réveiller chaque jour comme s’il s’agissait de renaître, maintenant c’est une pratique.
Dans la dimension historique, nous pratiquons pour accepter d’arriver à un point où le corps sera limité et où nous serons malades. Il y a la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. Comment allons-nous y faire face?
Eliza Barclay
Quels sont les enseignements les plus importants du bouddhisme sur la mort?

Phap Dung Nous avons conscience qu’un jour nous allons tous vieillir et mourir, nos neurones, nos bras, notre chair et nos os. Mais si notre pratique et notre Pleine Conscience sont assez fortes, nous pouvons regarder au delà du corps qui est en train de mourir et prêter attention au corps spirituel. Nous nous continuons dans les conséquences de nos paroles, de nos pensées et de nos actions. Ces trois aspects du corps, de la parole et de l’esprit se continuent.Dans le bouddhisme, nous appelons cela la nature de l’absence de naissance et de mort.
Dans la dimension ultime, il y a une continuation. Nous pouvons cultiver la conscience de cette nature de non naissance et non mort, cette manière de vivre dans la dimension ultime; alors lentement notre peur de la mort diminuera.Cette prise de conscience nous aide également à être plus attentifs dans notre vie quotidienne, à chérir chaque moment et chaque chose dans notre vie.Avant de tomber malade, l’un des enseignements les plus puissants qu’il partageait avec nous était de ne pas lui construire un stupa [sanctuaire pour sa dépouille] et de mettre ses cendres dans une urne pour que nous puissions prier. Il nous a fortement demandé de ne pas le faire. Je vais paraphraser son message:
«S’il vous plaît, ne construisez pas de stupa pour moi. S’il vous plaît, ne mettez pas mes cendres dans un vase, ne m’enfermez pas, ne limitez pas qui je suis. Je sais que ce sera difficile pour certains d’entre vous. Si vous devez cependant construire un stupa, assurez-vous de mettre une épitaphe disant: “Je ne suis pas ici.” En outre, vous pouvez également mettre une autre épitaphe déclarant: “Je ne suis pas dehors non plus”, et une troisième affirmant: “Si je suis où que ce soit, c’est dans votre respiration consciente et dans vos pas paisibles”...

Gratitude infinie pour ce si bel héritage que nous laisses Thay et qui restera toujours vivant,à travers tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a transmis. il sera toujours présent en nos coeurs...R.I.P.

Site Officiel...http://www.thich-nhat-hanh.fr/

Pour en savoir plus :
Thich Nhat Hanh - Village des pruniers
Centre Martineau - 33580 Dieulivol
Téléphone : 05 56 61 84 18

www.villagedespruniers.org/

 

Posté Par Cristalyne 02 Juin 2016  Colonne de feu 2

 

 

 

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