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***Le silence intérieur***

Vous me demandez de dire quelque chose sur le silence. Jusqu’à présent, on a beaucoup parlé et écrit sur cette question ; mais je ne veux pas vous répéter ce qu’on peut trouver dans les livres. Le silence est une question très difficile à comprendre si l’on tente de l’expliquer par des moyens philosophiques.

Il vous est arrivé, bien des fois, de sentir tout à coup un très profond silence se produire en vous, comme si le bruit intérieur (dont vous ne vous aperceviez pas jusque-là, étant donné que vous viviez quotidiennement en lui) s’était brusquement interrompu. Vous avez été étonné de vous trouver subitement plongé dans un calme inhabituel, dans un véritable silence. Cela était extrêmement agréable et vous vous sentiez libéré d’un pesant fardeau qui vous accablait lourdement. Une telle impression se produit dans différents cas. Quelquefois, c’est à un moment tragique, lors de la perte de quelqu’un ou de quelque chose qui vous est particulièrement précieux; ou encore à une heure solennelle, en présence d’un être bien-aimé, ou au cours d’une profonde méditation. Ces circonstances correspondent à différents états de silence. Le silence, la paix, la tranquillité, l’harmonie expriment, sous différentes formes, une même chose. Ne croyez pas que le silence n’ait aucun son; il y a toute une musique en lui et c’est la plus subtile, la plus douce qui soit. Nous ne l’entendons que lorsque la grosse caisse s’arrête de battre en nous. Grâce à la contemplation, la prière, la méditation, on parvient à entendre le son du silence.

La nature utilise diverses méthodes pour nous amener à sentir le silence. Après une bataille, une guerre, des luttes acharnées dans la vie, alors que toutes les forces mises en œuvre se trouvent enfin épuisées, le silence s’approche, se répand, nous enveloppe de sa cape merveilleuse. Une clarté se fait en nous et nous comprenons soudain qu’il y a quelque chose qu’on ne peut prévoir, même par les méthodes scientifiques les plus avancées; l’origine et la fin de tout. C’est le silence qui règne, ce silence d’où le cosmos est sorti et dans lequel il retournera.  

Combien de voyageurs parlent avec émerveillement des expériences qu’ils ont faites dans le désert ou au sommet des montagnes ! Face à l’immensité, en se laissant imprégner par le silence qui règne dans ces lieux, ils ont eu, disent-ils, la révélation d’un temps et d’un espace qui ne sont pas le temps et l’espace humain ; ils ont senti une présence qui échappe à toute explication, mais qu’ils sont obligés de reconnaître comme quelque chose de réel, la seule réalité.

Faut-il nécessairement des conditions exceptionnelles pour vivre de telles expériences ? La vérité, c’est que cette présence que l’homme découvre au sein du silence, ne cesse de se manifester partout, où que l’homme se trouve. Qu’il fasse seulement taire les voix discordantes de ses instincts, de ses passions, de ses pensées et ses sentiments obscurs, chaotiques : le silence qui s’installera alors en lui aura le pouvoir de le projeter dans un autre temps, dans un autre espace, où le savoir divin inscrit en lui de toute éternité se révélera peu à peu à sa conscience.

Le sage à qui vous poserez la question : « Qu’est-ce que Dieu ? » gardera le silence, car à cette question on ne peut répondre que par le silence. Seul le silence, le vrai silence, arrive à exprimer l’essence de la Divinité. Dire que Dieu est amour, sagesse, puissance, justice… c’est vrai mais ces mots ne saisissent rien de son infini, de son éternité, de sa perfection. On ne connaît pas Dieu en parlant ou en écoutant parler de Lui, on Le connaît en s’efforçant d’entrer en soi-même afin d’atteindre cette région qui est justement silence.

Le silence est la région la plus élevée de notre âme et, au moment où nous atteignons cette région, nous entrons dans la lumière cosmique. La lumière est la quintessence de l’univers. Tout ce que nous voyons autour de nous, et même ce que nous ne voyons pas, est traversé, imprégné de lumière. Le but du silence, justement, c’est la fusion avec cette lumière vivante, puissante, qui pénètre toute la création. Quand nous nous fusionnons avec cette lumière, nous ne nous demandons plus ce qu’est Dieu et encore moins s’Il existe.OMRAAM MIKHAËL AÏVANHOV

Source...La Fraternité Blanche Universelle    http://fbucanada.com/2016/10/24/la-voix-du-silence/

 

Celebrer dieu du lever au coucher du soleil

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***Il faut puiser à la source du silence pour regarder et écouter. (Notes de Krishnamurti)***

La plupart des livres de Krishnamurti sont des retranscriptions d’enregistrements de causeries, de dialogues, d’entretiens, de séances de questions / réponses. Seuls quelques livres ont été rédigés par Krishnamurti : les Carnets, les Commentaires sur la vie, le Journal, le Dernier journal et les Lettres aux écoles. Voici un autre écrit de sa main non publié en dehors des bulletins de la KFT et de l’ACK.Le passage suivant est la retranscription de sept pages manuscrites rédigées par Krishnamurti entre 1967 et 1969 ; la ponctuation originale et les tirets séparant les différents passages ont été respectés. Les paragraphes initiaux ont déjà été inclus dans certains des premiers Bulletins ; le reste est inédit..

La méditation, si elle implique la moindre forme d’effort, n’est plus de la méditation. La méditation n’est pas un accomplissement, une pratique quotidienne répétitive soumise à un système, ni une méthode où l’on vise à atteindre un but recherché. Toute notion d’imagination et de mesure doit être définitivement bannie. La méditation n’est pas le moyen d’accéder à une fin : c’est une fin en soi. Mais pour qu’il y ait méditation, celui qui médite doit cesser d’exister.

La méditation n’est pas une expérience, une accumulation de souvenirs en vue d’un plaisir futur. Celui qui vit l’expérience suit un itinéraire qui reste toujours limité par le cadre de ses propres projections, du temps et de la pensée. Dans cet environnement confiné de la pensée, la liberté est un concept, une formule et, dans ce cadre-là, jamais le penseur ne peut être en contact avec le mouvement de la méditation. Un mouvement n’a ni commencement ni fin, mais pour le penseur le centre demeure.La méditation, c’est toujours le présent ; or la pensée appartient toujours au passé. La conscience, dans sa totalité, est pensée, et ses limites étroites excluent l’état de méditation. La méditation consciente, c’est l’appréhension de plus en plus précise de ces limites, et la destruction de toute liberté ; tant que demeurent les frontières de l’esprit, il n’est point de liberté. Et ce n’est que dans la liberté qu’est la méditation.Sans la méditation, vous serez à jamais esclaves du temps et de son ombre portée — la souffrance. Le temps, c’est la souffrance...

Jiddu Krishnamurti

Le silence et l’amour sont indissociables. Pour comprendre, soyez silencieux.

Méditer, c’est être vulnérable, d’une vulnérabilité qui n’a ni passé ni futur, ni hier ni lendemain. N’est vulnérable que ce qui est neuf.La méditation n’est pas la voie d’accès à des expériences uniques, exceptionnelles : de telles expériences mènent à l’isolement, aux processus d’enfermement liés aux souvenirs assujettis au temps, faisant obstacle à la liberté.La vallée était nappée de fleurs ; sur ses flancs un tapis de fleurs de toutes les couleurs possibles et imaginables s’étalait avec la richesse, la profusion qu’a la terre elle-même — avec tout son foisonnement de villes, d’usines et de prairies verdoyantes, de forêts et de verts pâturages — égalant en richesse et en beauté cette vallée. Pourtant cette abondance qui, grâce à la nature et à l’homme, foisonne à la surface du globe, est vouée à mourir pour se reconstituer à nouveau. La richesse de la méditation n’est pas le fait de la pensée ou du plaisir que suscite la pensée ; elle est ailleurs, de l’autre côté, sur l’autre versant de la fleur et du nuage. D’où jaillit une richesse incommensurable, comme celle de l’amour et de la beauté — or jamais pareilles choses ne se trouvent de ce côté-ci de la fleur et du nuage.

Le temps, c’est la mémoire. L’extase est hors du temps. La félicité de la méditation ne s’inscrit pas dans la durée. La joie devient plaisir dès qu’elle a une continuité. A l’aune du temps des horloges, la félicité de la méditation n’est rien qu’une seconde, mais dans cette seconde s’inscrit le mouvement global de la vie hors le temps, mouvement qui n’a ni commencement ni fin. Dans la méditation, une seconde, c’est l’infini.Soyez loin. Loin de cet univers de chaos et de malheur, tout en vivant en son sein, sans pour autant qu’il vous atteigne. Cela n’est possible qu’à condition d’avoir l’esprit méditatif, un esprit qui tourne son regard de l’autre côté de la fleur, vers l’autre versant du nuage. L’esprit méditatif n’est lié ni au passé ni au futur, tout en jouissant de la pleine capacité de vivre en toute clarté et en toute raison dans ce monde. Le monde n’est que désordre : il n’a pour seul ordre que le désordre et pour seule morale que l’immoralité.

Dans un tel univers, vaine est la quête d’une clarté et de sa mise en ordre au profit de ce monde. A peine mise en oeuvre, elle se change en ténèbres. La nature de cette clarté est sa vacuité même. C’est parce qu’elle est vide qu’elle est claire ; c’est parce qu’elle est négative qu’elle est positive. Sans savoir où vous êtes, soyez loin. Là où la notion de vous et moi n’a plus cours.La mort ne concerne que ceux qui possèdent, ceux qui ont une sépulture où reposer. La vie est un mouvement évoluant dans la relation et l’attachement ; la négation de ce mouvement est la mort. N’ayez ni refuge extérieur, ni refuge intérieur ; ayez une chambre, une maison, ou une famille, mais n’en faites pas une cachette, un moyen de vous fuir vous-même. Le havre que s’est créé votre esprit, en cultivant la vertu, en se livrant à la superstition des croyances, en s’exerçant à la maîtrise habile du savoir-faire ou se lançant dans l’activité, débouchera inévitablement sur la mort. Impossible d’échapper à la mort si vous appartenez à ce monde, à cette Société dont vous faites partie.

Cet homme, qui est mort, là, tout près de chez vous, ou à des milliers de kilomètres, c’est vous ; depuis des années, il prépare sa mort avec le plus grand soin, comme vous. C’est ce qu’il appelle vivre — comme vous — que ce soit une vie d’efforts, une vie de souffrance, ou une plaisante comédie. Mais la mort est toujours présente, aux aguets, à l’affût. Celui qui meurt chaque jour, en revanche, est au-delà de la mort.Mourir, c’est aimer. La beauté de l’amour n’est ni dans les souvenirs passés ni dans les images projetées dans l’avenir. L’amour ne possède ni passé ni futur. Tout ce qui possède est mémoire, et la pensée, c’est le plaisir qui n’est point l’amour. L’amour, avec sa passion, est juste au-delà de cette zone où évolue la société  c’est-à-dire vous. Mourez  et il est là...

La méditation est à la fois un mouvement de l’inconnu et dans l’inconnu. Ce n’est pas vous qui êtes là, mais rien que le mouvement. Vous êtes trop insignifiant, ou trop grand pour ce mouvement que rien précède ni ne suit. Il est cette énergie avec laquelle la pensée-matière ne peut entrer en contact. La pensée est perversion car elle est le produit du passé ; elle est prisonnière des vicissitudes de tous les siècles passés, d’où son caractère confus et incertain. Quoi que vous fassiez, le connu ne pourra jamais accéder à l’inconnu. La méditation, c’est mourir au connu.Il faut puiser aux sources du silence pour regarder et écouter. Le silence, ce n’est pas la cessation du bruit ; le silence, ce n’est pas l’arrêt du vacarme incessant de l’esprit et du coeur ; ce n’est pas le produit ni le résultat du désir, pas plus qu’un effet de la volonté. La conscience, dans sa globalité, est un mouvement incessant et bruyant, évoluant dans des limites qu’elle s’impose elle-même.

Dans ce cadre-là, tout silence ou immobilité est la cessation momentanée du bavardage, mais c’est un silence touché par le temps. Le temps, c’est la mémoire, et pour elle, le silence est de plus ou moins longue durée ; le temps et la mémoire peuvent le mesurer, lui offrir un espace, lui donner une continuité — il devient alors un jouet de plus. Mais le silence, ce n’est pas cela. Tout ce qui est élaboré par la pensée reste du domaine du bruit, et la pensée ne peut absolument pas faire silence. Elle peut se forger une image du silence et s’y conformer, la vénérer, comme elle fait pour tant d’autres images de sa fabrication. Ayant fait du silence une formule, elle le nie par là-même ; les symboles qu’elle élabore sont la négation même de la réalité. Pour que soit le silence, la pensée elle-même doit être immobile et silencieuse. Le silence, à l’opposé de la pensée, est toujours neuf. La pensée, étant toujours vieille, ne peut en aucun cas pénétrer le silence, qui est toujours neuf. Ce qui est neuf devient vieux dès que la pensée le touche.

C’est en puisant aux sources de ce silence qu’il faut regarder et parler. L’anonymat véritable est issu du silence ; nulle autre humilité n’existe. Les vaniteux seront toujours des vaniteux, même s’ils se drapent dans l’humilité, ce qui fait d’eux des êtres durs et cassants. Jailli de ce silence, le mot amour prend un tout autre sens. Ce silence n’est pas là-bas quelque part : il est là où n’est point le bruit que fait l’observateur absolu.Seule l’innocence peut être passionnée. Les innocents ignorent la douleur, la souffrance, même s’ils ont vécu des milliers d’expériences. Ce ne sont pas les expériences qui corrompent l’esprit, mais les traces qu’elles laissent, les résidus, les cicatrices, les souvenirs. Ils s’accumulent, s’entassent les uns sur les autres, c’est alors que commence la souffrance. Cette souffrance, c’est le temps. Le temps ne peut cohabiter avec l’innocence. La passion ne naît pas de la souffrance. La souffrance, c’est l’expérience, l’expérience de la vie quotidienne, cette vie de tortures, de plaisirs éphémères, de peurs et de certitudes. Nul ne peut échapper à ces expériences, mais rien n’oblige à les laisser s’enraciner dans le terreau de notre esprit. Ce sont ces racines qui suscitent les problèmes, les conflits et les luttes incessantes. La seule issue, c’est de mourir chaque jour au jour précédent.

Seul un esprit clair peut être passionné. Sans passion, on ne voit ni la brise qui joue dans le feuillage, ni l’eau éclaboussée par le soleil. Sans passion, point d’amour.Voir et faire, c’est tout un. L’intervalle entre le voir et le faire est un gaspillage d’énergie, énergie qui est nécessaire pour voir autrement dit pour faire.L’amour ne peut exister que lorsque la pensée est silencieuse, immobile. La pensée est tout à fait incapable de produire ce silence. Elle peut seulement élaborer des images, des formules, des idées, mais ce silence immobile ne peut en aucun cas être touché par la pensée. La pensée, à l’opposé de l’amour, est toujours quelque chose de vieux.L’organisme physique a son intelligence propre, qui s’émousse sous l’effet des habitudes de plaisir. Ces habitudes détruisent la sensibilité de l’organisme, et ainsi la finesse de l’esprit se trouve à son tour émoussée. Cet esprit peut être vigilant dans une mesure étroite et limitée, tout en étant insensible. Un tel esprit, très mesurable quant à sa profondeur, est la proie des images et des illusions. C’est à sa superficialité même qu’il doit d’être brillant. La méditation requiert un organisme délié et intelligent. L’interrelation entre l’esprit méditatif et son organisme est un jeu de réajustement perpétuel de la sensitivité. Car la méditation exige la liberté. La discipline qui lui est propre, c’est la liberté.

L’attention ne peut exister que dans la liberté. Etre attentif, c’est prendre conscience de l’inattention. L’attention totale, c’est l’amour. Lui seul a la capacité de voir, voilà pourquoi voir et faire sont une seule et même chose.La souffrance est l’aboutissement ultime du désir et du plaisir. Or l’amour est incompatible avec la souffrance. Ce qui est porteur de souffrance, c’est la pensée, la pensée qui donne une continuité au plaisir, qui nourrit le plaisir, le renforce. La pensée est perpétuellement en quête de plaisir, ouvrant ainsi la voie à la douleur. La vertu que cultive la pensée, c’est la voie du plaisir, qui implique l’effort et la réussite. Ce n’est pas dans le terreau de la pensée que fleurit l’ultime bien, mais dans la libération, la délivrance de toute souffrance. La fin de la souffrance, c’est l’amour.

L’ambition isole. Individuelle ou collective, l’ambition, quelle qu’en soient les formes, mène inévitablement aux antagonismes et aux haines poussant au repli sur soi. Lorsque la famille prend de l’importance, c’est au détriment, à l’encontre du voisin — qu’il soit tout proche où à des milliers de kilomètres ; c’est à l’encontre de l’humanité toute entière. Qu’elle soit en quête des biens de ce monde ou d’un « autre » univers, l’ambition est la même, sous des jours dissemblables. La voie de l’ambition, c’est le conflit, et le conflit, sous quelque forme que ce soit, met fin à l’essence du beau et du bon, à l’amour. L’ambition et l’amour ne peuvent cohabiter. Comment la beauté peut-elle être du côté des ambitieux ? La beauté n’existe que lorsque l’Ïil n’est pas contaminé par la pensée, car la beauté est l’essence même de la non-pensée. La beauté n’est pas une sensation, un plaisir. La beauté, comme l’amour, est l’abandon total du centre, de l’ego. La beauté est inséparable de l’amour et de la mort. Qui en elle sont contenus.

L’austérité n’a rien de dur, d’agressif, de brutal. Son expression extérieure n’est pas nécessairement décelable ; si elle l’est, alors c’est qu’elle est partie prenante dans tout ce cirque que l’homme cultive depuis toujours avec tant de diligence. L’austérité est un mouvement intérieur, pas une condition requise ; toute chose vivante est difficile à étudier, contrairement à une chose morte, qui peut être copiée. Une austérité intérieure profonde est indispensable pour pouvoir abandonner totalement tout le mécanisme du conflit - l’ego. Sans cette liberté-là, point d’amour ; et sans l’amour, il n’est point de beauté.L’exclusion et la solitude ne sont pas synonymes ; là où il y a solitude, il n’y a pas exclusion. S’isoler, c’est élever tout autour de soi un mur de résistance, mais cela ne vous apporte nullement la solitude, qui, elle, est nécessaire. Car c’est dans la solitude que l’on commence à découvrir les mouvements de ses propres pensées-sentiments. C’est dans cette solitude que sont grandes ouvertes les portes de la perception.

Il est une beauté au-delà de la beauté visible aux yeux. Ce que voit le regard est assez pauvre et superficiel ; son jugement reste étroit, limité ; ce qu’il voit est conditionné par les souvenirs ; c’est une vision comparative. Mais la beauté qui ne concerne pas simplement le regard ne se trouve ni dans la nature, ni dans les livres, ni dans aucun temple, dans aucune église. Elle est en dehors et au-delà de tout cela. Pour la rencontrer, situez-vous plus loin que la pensée et le plaisir.L’amour n’est jamais le plaisir. Dans le plaisir il entre toujours de la douleur et de la peur. Le plaisir n’est jamais beau. L’esprit en quête des félicités de l’amour ne trouvera que l’excitation de la pensée, les images qu’elle a façonnées. L’amour n’est pas suscité par la pensée, et lorsque tel est le cas, il n’est que sensation, désir. Le désir n’est jamais l’amour. Le désir est quête de satisfaction, sensuelle ou intellectuelle ; ce n’est pas de l’amour. La pensée et l’amour ne peuvent jamais se rejoindre ; ce sont deux mouvements différents, dont l’un détruit l’autre.

Les croyances ne sont que superstition. Ce qui est c’est-à-dire le fait n’a nul besoin de croyances, de conclusions qui empêchent de voir ce qui est. Le fait est beaucoup plus important que les conclusions que l’on tire de lui. L’acte de tirer des conclusions est totalement différent de l’action liée à ce qui est. Cette action-là est porteuse de liberté, alors que la première nous soumet au joug du temps.La méditation n’est pas la voie de l’expérience. Si vous êtes en quête d’expériences plus larges, plus profondes, il faut vous soumettre, obéir. Toutes les expériences ont une fin, mais la douleur et l’attente demeurent. L’abolition, l’achèvement de la souffrance est le commencement de la sagesse, qui n’est pas le fruit de l’expérience. L’expérience ne fait que renforcer, amplifier le savoir. L’amour et la sagesse ne peuvent cohabiter.

Se connaître soi-même les activités, les interminables dialogues , les fantasmes, les illusions sans fin de l’ego, le réseau des mouvements qui lui sont propres c’est cela, abolir la souffrance. La souffrance fait obstacle à la clarté. La méditation est cette clarté dans laquelle n’entre nulle division. L’opposé est le résultat de la confusioLe sentiment est de l’ordre de la pensée ; il n’existe aucun sentiment d’où la pensée soit exclue. Mais le sentiment existe-t-il vraiment ? L’amour est dénué de sentiments car qui dit sentiment dit sensiblerie, sentimentalisme, dévotion, attachement, colère, etc. L’amour est dénué de qualités, d’attributs. L’amour n’est ni sensation ni plaisir, et dans l’amour n’entre point tout le travail du temps. L’amour est à lui-même sa propre action, sa propre éternité.Etre présent au monde, c’est éviter le monde...

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Traduction extraite du bulletin de l’ACK n° 69 - Deuxième bulletin 1995(1996).

Source/http://www.krishnamurti-france.org/Il-faut-puiser-a-la-source-du-silence-pour