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000aurobindo***La transformation du mental*** Sri Aurobindo***

Le tourbillon de l'activité mentale (intellectuelle) doit aussi être réduit au silence, de même que l'activité vitale du désir, afin que le calme et la paix puissent être complets. La Connaissance doit venir — mais d'en haut. Dans ce calme, les activités mentales ordinaires de même que les activités vitales ordinaires deviennent des mouvements de surface, et le moi intérieur silencieux n'a pas de relation avec eux. Telle est la libération nécessaire pour que la connaissance véritable et la vraie activité de vie puissent remplacer ou transformer les activités de l'Ignorance...

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Les activités intellectuelles ne relèvent pas de l'être intérieur; l'intellect, c'est le mental extérieur.L'intellect peut être un obstacle aussi grand que le vital, quand il décide de préférer ses propres constructions à la Vérité.L'intellect a pour fonction de raisonner à partir des perceptions du mental et des sens, d'élaborer des conclusions et d'établir entre les choses des relations logiques. Une bonne formation intellectuelle prépare le mental à accéder à une connaissance plus grande, mais le mental est incapable par lui-même de donner la connaissance yoguique ou de connaître le Divin; il ne peut qu'avoir des idées sur le Divin, et avoir des idées n'est pas la connaissance. Au cours de la sâdhanâ, l'intellect doit se transformer et devenir le mental supérieur qui est lui-même une voie d'accès à la vraie connaissance.L'intellect, chez la plupart des humains, est extrêmement imparfait, mal exercé, à demi développé, et ses conclusions sont par conséquent hâtives, mal fondées et erronées; ou si elles sont justes, c'est plutôt par hasard que par l'effet de ses mérites ou d'un fonctionnement correct. Il parvient à ses conclusions sans connaissance des faits, sans données exactes ou complètes, simplement par une déduction rapide, et le processus par lequel il va des prémisses aux conclusions est en général illogique ou fautif; et comme le processus par lequel la conclusion est atteinte n'est pas sûr, la conclusion risque d'être fausse elle aussi. En même temps, l'intellect est d'ordinaire arrogant et présomptueux; il énonce avec assurance ses conclusions imparfaites comme si elles étaient la vérité et qualifie d'erronées, de stupides et de sottes celles qui en diffèrent...

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Même lorsqu'il est parfaitement entraîné et développé, il ne peut parvenir à une certitude absolue ou à une vérité complète: il ne peut atteindre qu'un seul aspect, un seul côté de la question et formuler une affirmation raisonnable ou probable; mais lorsqu'il n'est pas entraîné, il est un instrument tout à fait déficient, à la fois hâtif et péremptoire, incertain et peu fiable.Le mental n'enregistre pas les choses telles qu'elles sont, mais telles qu'elles lui apparaissent. Il saisit certaines parties et en omet d'autres; ensuite la mémoire et l'imagination s'entremêlent et en donnent une représentation toute différente.Ce n'est nullement une faiblesse de la volonté ou une conséquence de la passivité, mais une hâte excessive à prendre une décision sous l'empire d'une impulsion mentale. C'est le mouvement habituel du mental; il résulte parfois d'une certaine sorte de zèle sattwique. Mais parce qu'on se hâte, on ne prend pas suffisamment le temps de considérer l'autre côté des choses, les inconvénients de la décision prise, ou l'objection qui pourrait être élevée à son encontre. La paix est la base, mais elle doit se laisser pénétrer par l'action d'une certaine Lumière d'en haut qui révèle chaque chose dans ses justes proportions par rapport à l'ensemble; car le mental, même dans ses meilleurs moments, est incomplet et généralement partial dans ses perceptions, s'il n'est pas guidé par cette Lumière supérieure...

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La plupart de ceux qui n'ont pas la connaissance ont tendance à être dogmatiques; ils ont leurs idées et ne veulent pas en changer, ni en troubler la rigidité.Le problème, c'est que les gens ne se donnent pas la peine de voir si leur intellect leur fournit des pensées justes, des conclusions justes, des vues justes quant aux choses et aux personnes, des indications justes quant à leur conduite ou leur ligne d'action. Ils ont leur idée et la considèrent comme une vérité ou la suivent simplement parce que c'est leur idée. Même lorsqu'ils reconnaissent qu'ils ont commis des erreurs dans le domaine mental, ils n'y attachent pas d'importance et n'essaient pas non plus d'être mentalement plus prudents qu'auparavant. Dans le domaine vital, les gens savent qu'ils ne doivent pas céder sans frein ni contrôle à leurs désirs ou à leurs impulsions, ils savent qu'ils doivent avoir une conscience ou un sens moral qui discerne ce qu'ils peuvent ou doivent faire de ce qu'ils ne peuvent pas ou ne doivent pas faire; dans le domaine de l'intellect, ils ne prennent aucune précaution de ce genre. Les hommes sont censés suivre leur intellect, avoir leurs opinions et affirmer leurs idées, justes ou fausses, sans aucun contrôle; l'intellect est, dit-on, l'outil le plus élevé de l'homme, qui doit penser et agir selon les idées qu'il lui dicte...

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Mais c'est faux: l'intellect a besoin, tout autant que le vital, d'être guidé, réfréné, maîtrisé par une lumière intérieure. Il y a, au-dessus de l'intellect, quelque chose à découvrir, et l'intellect ne doit être qu'un intermédiaire pour l'action de cette source de vraie Connaissance.Pour le mental pensant de l'homme, chaque chose a toujours de nombreux aspects et le mental fonde ses décisions sur son inclination ou ses préférences, ses idées habituelles ou toute autre raison qui se présente à l'intellect comme la meilleure. Il ne reçoit la vraie vérité que lorsqu'un autre élément introduit en lui une lumière plus haute, lorsque le psychique ou l'intuition l'atteint et détermine son sentiment ou sa vision.Bien des choses ne sont mauvaises que par le regard que l'on porte sur elles. Ce que vous considérez comme normal, d'autres diront que c'est mal; ce que vous croyez mal, d'autres le trouveront tout naturel.Ce qu'il faut, c'est tout voir dans un calme immuable, à la fois le "bien" et le "mal", comme un mouvement de la Nature à la surface. Mais pour le faire véritablement, sans erreur, sans égoïsme et sans réactions fausses, il faut une conscience, une connaissance qui ne soit pas personnelle et limitée...

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Il arrive très souvent que des influences intuitives viennent ainsi et que le mental n'en tienne pas compte. C'est parce que le mental a l'habitude de suivre sa propre méthode, est incapable de reconnaître l'intuition quand elle vient et de s'y fier. Le mental doit apprendre à observer ces phénomènes quand ils se produisent et à leur accorder une valeur, si l'expérience confirme leur vérité.Dans la sphère de l'Esprit, il n'existe que les Vérités éternelles; là, tout est éternellement soi-même, il n'y a pas d'évolution, rien n'est irréalisé, rien n'essaie de s'accomplir. Il n'y a par conséquent rien qui ressemble à des possibilités.Dans la vie, au contraire, tout est un jeu de possibilités; rien n'est réalisé, tout cherche à se réaliser; ce qui ne cherche pas encore à se réaliser attend, derrière le voile, la possibilité de le faire. Rien n'est réalisé dans sa forme la plus élevée, dans sa vérité ou dans sa plénitude, mais tout est possible. Toutes ces possibilités dérivent des vérités qui sont au-dessus: possibilité de connaissance, possibilité d'amour, possibilité de joie, etc...

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L'intellect, la volonté, etc. sont des intermédiaires qui essaient d'amener dans la vie ce qu'ils ont pu saisir des vérités supérieures cachées ou s'efforcent d'élever la vie jusqu'à elles pour que les possibilités de la vie ici-bas deviennent les réalités complètes qui existent déjà là-haut.L'intellect est constitué d'imaginations, de perceptions, de déductions. La raison pure est tout autre chose, mais rares sont ceux qui savent s'en servir. Quant à la connaissance yoguique, elle vient d'abord du mental supérieur; même celui-ci, toutefois, ne voit pas la Vérité totale, mais seulement certains de ses aspects.La raison pure s'intéresse aux choses en elles-mêmes: aux idées, aux concepts, à la nature essentielle des choses. Elle vit dans le monde des idées. Elle est par nature philosophique et métaphysique.Tout dépend du sens que vous attribuez aux mots employés; est une question de terminologie. D'ordinaire on dit d'un homme qu'il a un intellect lorsqu'il sait penser; peu importe la nature, le processus et le domaine de sa pensée. Si l'on donne ce sens au mot intellect, on peut dire qu'il y a différents niveaux dans l'intellect, que Ford appartient à un certain niveau de l'intellect et Einstein à un autre; l'intellect de Ford est pratique et tourné vers les affaires, celui d'Einstein est scientifique et porté aux découvertes et aux théories. Mais Ford aussi, dans son domaine, élabore des théories, invente, découvre...

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Qualifierez-vous cependant Ford d'intellectuel ou de penseur? S'agissant de la faculté générale du mental, je préférerais utiliser le mot intelligence. Ford a une intelligence pratique exceptionnelle et puissante, aiguë, rapide, efficace, dynamique. Son cerveau est capable de manier aussi les idées, mais même là il a tendance à être pragmatique. Il croit à la renaissance (à la métempsycose), par exemple, non pas pour des raisons philosophiques, mais parce qu'elle donne de la vie une explication, en en faisant une école où l'on évolue grâce à l'expérience accumulée. Einstein, au contraire, a un intellect scientifique exceptionnellement apte à la découverte et non, comme Marconi, une puissante intelligence, inventive et pratique, qui trouve des applications aux découvertes scientifiques. Les hommes ont tous, c'est évident, un "intellect" d'un genre ou d'un autre; tous, par exemple, peuvent discuter et débattre (et pour cela, vous le dites à juste titre, l'intellect est nécessaire); mais c'est seulement de l'homme qui s'élève au domaine des idées et s'y meut avec aisance que vous dites: "Cet homme a un intellect." Prenez la parole devant une assemblée de paysans, et vous vous apercevrez, si vous leur en laissez la latitude, qu'ils peuvent vous opposer des arguments et des objections qui laisseront souvent pantois l'orateur parlementaire. Et pourtant nous nous contentons de dire de ces paysans qu'ils ont une grande intelligence pratique...La faculté et l'habitude de discuter et de débattre est. je viens de le dire, commune à l'espèce humaine. C'est peut-être par là que l'homme commence à se distinguer des animaux; car les animaux ont beaucoup d'intelligence, bien des animaux et même des insectes ont une certaine faculté rudimentaire de raisonnement pratique, mais à ce que nous en savons, ils ne s'assemblent pas pour confronter leurs idées ou se les jeter à la figure dans un débat1 comme les humains les plus ignorants sont capables de le faire et le font, avec beaucoup d'animation...

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Mais cette faculté, bien qu'elle soit commune à l'espèce, est très souvent spécialisée, à tel point qu'un adversaire redoutable dans un débat sur la littérature, la science ou la philosophie pourra cependant se couvrir de ridicule en pataugeant avec bonheur dans un marécage de bévues et d'erreurs s'il discute politique, économie ou, par exemple, spiritualité ou yoga. Il ne trouvera son salut que dans la profondeur béatifique de son ignorance qui l'empêchera de voir quel gâchis il a fait. De même, un orateur peut être pénétrant en matière de droit ou de politique — les deux vont souvent de pair — sans être au demeurant un intellectuel. J'admets qu'un certain intellect logique aide à faire bonne figure dans un débat. Mais après tout, l'objet du débat est de gagner, de placer ses arguments, et cela même si l'argument est faux; le succès, non la vérité, est le but du débat. J'admets donc ce que vous dites, avec quelques réserves.Je suis d'accord aussi en ce qui concerne les étiquettes; même lorsqu'elles s'appliquent à des personnes peu évoluées, elles ne sont pas satisfaisantes. En réalité, on sélectionne un détail marquant dont on se sert pour étiqueter une personne comme si elle y était tout entière définie. Mais sans cela toute classification est impossible et l'intellect de l'homme est toujours poussé à classer, à établir des distinctions, à séparer à l'aide d'une étiquette. Les philosophes ont fait ressortir que la Science y apporte trop de rigidité et qu'en agissant ainsi, elle crée des divisions fausses dans la vérité de la Nature. Mais si nous ne le faisions pas, la Science n'existerait pas...

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À supposer qu'un intellectuel sera toujours capable de plus d'ampleur et d'élargissement, comment être sûr qu'il égalera un émotif en ferveur, en profondeur, en douceur?Il est possible que l'homo intellectualis demeure plus vaste, alors que l'homo psychicus sera plus profond par le cœur (même si son mental intérieur s'ouvre).Ne confondez pas connaissance supérieure et connaissance mentale. L'intellectuel sera capable de donner une expression plus vaste et plus ordonnée que l'homo psychicus à toute connaissance supérieure qu'il recevra; il ne s'ensuit pas, cependant, qu'il en recevra davantage. Il n'y parviendra que si les plans de la connaissance supérieure qu'il atteint ont une largeur, une plasticité et une étendue égales. Dans ce cas, il remplacera sa faculté mentale par une faculté supérieure au mental. Mais pour nombre de prétendus intellectuels, l'intellectualité peut être un écueil, car ils s'enferment dans des conceptions mentales ou étouffent leur feu psychique sous la lourdeur de la pensée rationnelle. J'ai vu, au contraire, des individus relativement peu cultivés exprimer une connaissance supérieure avec une plénitude, une profondeur et une exactitude surprenantes, que les mouvements incertains de leur cerveau n'auraient jamais laissé soupçonner. Pourquoi, par conséquent, fixer mentalement à l'avance ce qui sera possible ou ne le sera pas quand régnera le mental supérieur? Ce que le mental conçoit comme "ce qui doit être" n'est pas forcément la mesure de "ce qui sera". Tel ou tel homo intellectualis pourra se changer en fin de compte en un amant de Dieu plus fervent que le bouillonnant émotif; tel ou tel émotif pourra recevoir et exprimer une connaissance plus vaste que celle que son intellect, ou même que l'intellect de l'intellectuel, aurait pu contenir ou organiser. Ne déterminons pas les phénomènes de la conscience supérieure d'après les possibilités et les probabilités d'un plan inférieur...

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Un mental non intellectuel serait incapable de faire descendre la Connaissance? Et Râmakrishna, alors? Voulez-vous dire que la majorité des sâdhak de l'Ashram, qui n'ont pas étudié la logique et ignorent la philosophie, ne recevront jamais la Connaissance?Si l'on a la foi et l'ouverture, c'est suffisant. D'ailleurs il y a deux genres de compréhension: la compréhension par l'intellect et la compréhension dans la conscience. Il est bon d'avoir la première, si elle est exacte, mais ce n'est pas indispensable. La compréhension par la conscience apparaît si l'on a la foi et l'ouverture, bien que parfois elle ne vienne que peu à peu, à mesure que l'on gravit les degrés de l'expérience. Mais j'ai vu des gens sans instruction ou sans intellectualité comprendre ainsi à la perfection le déroulement de leur yoga, alors que des intellectuels commettaient de graves erreurs: par exemple ils prenaient la tranquillité neutre du mental pour la paix spirituelle et refusaient d'en sortir pour aller plus loin.Oui, chez ceux qui ont une tournure d'esprit très intellectuelle, le mental actif peut faire obstacle au mouvement spirituel profond et silencieux. Ensuite, lorsque le mental se transforme en pensée supérieure (intuitive ou surmentale), il devient au contraire une grande force.Le mental pensant doit apprendre à devenir entièrement silencieux. À cette seule condition la vraie connaissance peut venir...

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C'est bien; la cessation de la pensée et des autres vibrations est l'apogée du silence intérieur. Ce silence une fois obtenu il est plus facile à la vraie connaissance de descendre pour se substituer à la pensée mentale.Il faut réfréner un peu l'impatience du mental. La connaissance est progressive; si le mental cherche à atteindre d'un bond le sommet, il risque de faire une construction hâtive qu'il sera ensuite obligé de démolir. La connaissance et l'expérience doivent venir par degrés, pas à pas.Le mental a toujours une certaine hâte à s'emparer rapidement de ce qui se présente à lui comme la Vérité suprême. C'est inévitable, mais plus on aura tranquillisé son mental, moins il déformera les choses.Cette difficulté est constante dans le mental. Il doit apprendre à rester silencieux et à laisser venir la connaissance, sans essayer de s'en saisir pour jouer avec.Cette tendance du mental et du vital à vouloir s'emparer de l'expérience est toujours l'un des obstacles majeurs.On doit laisser à l'expérience tout le temps de se développer ou d'avoir tout son effet. Il ne faut pas l'interrompre, sauf en cas de nécessité ou, bien entendu, si ce n'est pas une bonne expérience.Durant l'expérience, le mental doit être tranquille. Quand l'expérience est terminée, il peut redevenir actif. S'il est actif pendant l'expérience, celle-ci peut cesser complètement...

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Il ne faut pas penser à une expérience et s'interroger à son sujet pendant son déroulement; par là même elle cesse ou diminue d'intensité. Laissez l'expérience se dérouler entièrement, si elle ressemble en quelque manière à cette "nouvelle force de vie", à la paix, à la Force, ou à autre chose de bénéfique. Lorsqu'elle est terminée, on peut y penser, non quand elle est en cours. Car ces expériences sont spirituelles et non mentales, et le mental doit être tranquille, il ne doit pas s'interposer.Il y a en vous quelque chose qui tient à son habitude de mentaliser à tout propos. Tant que vous n'aviez pas de véritables expériences, c'était sans importance. Mais maintenant, les vraies expériences ont commencé, et vous devez apprendre à les aborder de la bonne manière.Vous devez apprendre par expérience. L'information mentale (lorsqu'elle est mal comprise, ce qui est toujours le cas sans expérience) aurait tendance à retarder plutôt qu'à aider. En fait il n'y a pas de connaissance mentale fixe en ce qui concerne ces choses qui varient à l'infini. Vous devez apprendre à dépasser l'appétit d'information mentale et vous ouvrir à la vraie manière de connaître.Il y a deux centres ou parties de la conscience: l'un est le témoin, sākṣī, qui observe; l'autre conscience est active et c'est cette conscience active que vous avez senti descendre, profondément dans l'être vital. Si votre mental n'était pas devenu actif, vous auriez su où il allait, ce qu'il allait y faire ou quelle expérience il allait y chercher. Quand une expérience se produit, vous ne devez pas y penser, car c'est tout à fait inutile et cela ne fait que l'arrêter; vous devez rester silencieux, l'observer et la laisser se dérouler jusqu'à soi terme...

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Ce n'était pas de l'imagination, c'était une expérience. Quand une expérience comme celle-ci se produit, essayer de s'en saisir par le mental et de la faire durer peut au contraire l'interrompre. Mieux vaut la laisser se poursuivre d'elle-même; si elle cesse, il est probable qu'elle reviendra.L'aspiration n'est pas tellement nécessaire durant l'expérience. C'est dans les intervalles qu'elle doit être là.Quand le mental personnel est silencieux, la Force se charge elle-même de toute action mentale nécessaire et l'accomplit; elle engendre toutes les pensées nécessaires et les transforme peu à peu en y faisant descendre un plan de perception et de connaissance de plus en plus
Il est parfaitement possible d'exécuter un travail dans un état de vide complet, sans aucune intervention ni aucune activité des parties inférieures de la conscience.C'est dans le silence du mental que peut venir l'action la plus vigoureuse et la plus libre, par exemple écrire un livre, composer de la poésie ou prononcer un discours inspiré, etc. Quand le mental est actif, il s'oppose à l'inspiration, y introduit ses petites idées qui se mêlent à l'inspiration, fait surgir quelque chose d'un niveau inférieur, ou simplement fait cesser tout à fait l'inspiration par le bouillonnement de toutes sortes de suggestions purement mentales. De même les intuitions, l'action, etc. viennent plus aisément en l'absence du mouvement inférieur ordinaire du mental. C'est aussi dans le silence du mental que la connaissance peut venir plus facilement du dedans ou d'au-dessus, du psychique ou de la conscience supérieure...


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L'absence de pensée est exactement ce qu'il faut, car la vraie conscience intérieure est une conscience silencieuse qui n'a pas besoin de penser, mais reçoit la perception, la compréhension et la connaissance justes d'une manière spontanée, de l'intérieur, et qui parle ou agit selon ce qu'elles lui dictent. C'est la conscience extérieure qui est obligée de dépendre des choses extérieures et d'y penser, parce qu'elle n'a pas cette direction spontanée. Quand on se stabilise dans cette conscience intérieure, on peut certes revenir au comportement antérieur par un effort de volonté, mais le mouvement n'est plus naturel et à la longue il devient fatigant. Pour les rêves, c'est différent. Les rêves relatifs à de vieux souvenirs enfouis viennent du subconscient qui retient les impressions anciennes, les germes des anciens mouvements et des vieilles habitudes, alors que la conscience de veille les a abandonnés depuis longtemps. Abandonnés par la conscience de veille, ils continuent à venir en rêve, car pendant le sommeil la conscience physique extérieure descend dans le subconscient ou vers lui et de nombreux rêves en remontent.Le silence où tout est calme et où l'on demeure comme un témoin, tandis qu'une partie de la conscience adresse uni appel spontané aux choses d'en haut pour qu'elles descendent, est le silence complet qui apparaît lorsque la pleine force de la conscience supérieure règne sur le mental, le vital et le corps...


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L'inspiration pure, la conception pure est tout autre chose; elle vient des profondeurs intérieures ou des hauteurs supérieures. Ceci, c'est le mental vital inférieur à l'œuvre, qui fait des formations. Quand règne le calme, toutes sortes de choses peuvent émerger à la surface; il n'y a pas lieu de les accepter, mais simplement de les regarder. En temps opportun le calme se sera assez développé pour apaiser le vital ainsi que le mental extérieur, et dans cette tranquillité complète les vraies perceptions viendront.Il ne faut pas laisser le mental bouillonner de toutes sortes d'idées et de sentiments, mais demeurer tranquille et apprendre à penser et à sentir uniquement ce qui est vrai et juste.Le danger des forces mentales, c'est que lorsque la conscience supérieure descend, elles ont tendance (à moins que ne règne un silence profond) à devenir actives dans la conscience pour former des idées d'un genre mental qui risquent toujours d'être mal appliquées. Il devrait y avoir d'abord une base de calme, de paix et de silence complets; la seule activité souhaitable est celle d'une connaissance qui descend et d'un mental qui la reçoit fidèlement. Cela, on peut facilement l'acquérir, pourvu que le mental soit tranquille.Le danger du vital est qu'il s'approprie l'amour, l'Ânanda, le sens de la Beauté, et les utilise à ses propres fins, pour favoriser les relations ou les échanges vitaux avec autrui ou encore, simplement, pour y trouver sa propre jouissance...

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En Occident le mental physique est trop prédominant, de sorte que le psychique n'a pas si facilement l'occasion de se manifester, sauf bien sûr chez les individus exceptionnels.Après tout l'Inde, avec sa mentalité et sa méthode, a fait cent fois plus dans le domaine spirituel que l'Europe avec ses doutes et ses interrogations intellectuelles. Même quand un Européen surmonte ses doutes et ses interrogations, il ne lui est pas facile d'aller aussi vite et aussi loin qu'un Indien doté d'une personnalité aussi forte, parce que son mental est toujours plus agité. Il ne réussit que lorsqu'il dépasse cela, mais pour lui ce n'est pas si facile.Votre remarque est cependant juste. C'est "naturel, étant donné l'époque" et la mentalité occidentale qui prédomine partout. Il est probablement nécessaire aussi que la difficulté soit affrontée et surmontée avant qu'une réalisation supramentale devienne possible dans la conscience terrestre, car il s'agit de l'attitude du mental physique à l'égard des phénomènes spirituels; et puisque c'est dans le physique que la résistance doit être vaincue avant que l'on puisse dépasser le mental — comme le veut notre yoga — il était indispensable que ces difficultés se présentent avec la plus grande force possible...

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Très certainement, le rejet des doutes implique la maîtrise des pensées. Pour le yoga, et aussi en dehors du yoga, la maîtrise de nos pensées est aussi nécessaire que la maîtrise de nos passions et de nos désirs vitaux, ou celle des mouvements de notre corps. On ne peut même pas devenir un être mental pleinement développé si l'on ne domine pas ses pensées et si l'on n'est pas leur témoin, leur juge et leur maître, le Pourousha mental, manomaya puruṣa, sākṣī anumantā, īśvara. Il ne sied pas davantage au mental d'être la balle de tennis de pensées déréglées et immaîtrisables, que d'être un vaisseau sans gouvernail dans l'orage des désirs et des passions, ou un esclave de l'inertie et des impulsions du corps. Je sais que c'est plus difficile, car étant avant tout une créature de la Prakriti mentale, l'homme s'identifie aux mouvements de son mental et ne peut pas subitement se dissocier et se tenir à l'abri des tourbillons et des remous de la tempête mentale. Il lui est relativement facile de maîtriser son corps (du moins une certaine partie de ses mouvements), il est moins facile, mais encore très possible, après une certaine lutte, d'acquérir une maîtrise mentale de ses impulsions et de ses désirs vitaux; mais s'asseoir au-dessus du tourbillon de ses pensées, comme le yogi tantrique sur la rivière, est moins aisé. Néanmoins, cela se peut...

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Tous les hommes mentalement développés, ceux qui sont au-dessus de la moyenne, doivent d'une façon ou d'une autre, du moins à certains moments de l'existence et à certaines fins, séparer les deux parties de leur mental: la partie active qui est une fabrique de pensées, et la partie calme et maîtresse qui est à la fois Témoin et Volonté, qui observe, juge, rejette, élimine ou accepte les pensées, imposant les corrections et les changements; c'est le Maître dans la maison mentale, capable d'empire sur soi, sāmrājya.Le yogi va encore plus loin. Il est non seulement le maître, mais, tout en étant d'une certaine manière dans le mental, il en sort pour ainsi dire, et se tient au-dessus, ou complètement en arrière, libre. Pour lui, l'image de la fabrique de pensées n'est plus tout à fait valable, car il voit que les pensées viennent du dehors, du Mental universel ou de la Nature universelle, parfois formées et distinctes, parfois sans forme, puis elle reçoivent une forme quelque part en nous. La principale occupation de notre mental est de répondre et d'accepter ou de refuser ces ondes de pensée (de même pour les ondes vitales et les ondes d'énergie du physique subtil), ou encore de donner une forme mentale personnelle à cette substance mentale (ou aux mouvements vitaux) venus de la Nature-Force environnante. Je suis très redevable à Lélé de m'avoir montré ce mécanisme: "Asseyez-vous en méditation, me dit-il, mais ne pensez pas, regardez seulement votre mental; vous verrez les pensées entrer dedans; avant qu'elles ne puissent entrer, rejetez-les, et continuez jusqu'à ce que votre mental soit capable de silence complet." Jamais je n'avais entendu dire que les pensées pouvaient entrer visiblement dans le mental en venant du dehors, mais je ne songeai pas à mettre en doute cette vérité ou cette possibilité; simplement, je m'assis et fis comme il m'avait dit...

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En un instant, mon mental devint silencieux comme l'air immobile au sommet d'une haute montagne, puis je vis une, deux pensées venir du dehors d'une façon tout à fait concrète. Je les rejetai avant qu'elles ne puissent entrer et s'imposer à mon cerveau et en trois jours, j'étais libre. À partir de ce moment, l'être mental en moi devint dans son principe une Intelligence libre, un Mental universel qui n'était plus limité au cercle étroit des pensées personnelles comme un ouvrier dans une usine de pensées, mais était devenu le récepteur d'une connaissance venant des cent royaumes de l'être, libre de choisir ce qu'il voulait dans ce vaste empire de vision et de pensée. Si je raconte cela, c'est dans la seule intention d'insister sur le fait que les possibilités de l'être mental ne sont pas limitées; il peut être le libre Témoin et le Maître dans sa propre maison. Je ne veux pas dire que n'importe qui peut le faire comme je l'ai fait, avec un mouvement décisif aussi rapide (car bien entendu, il a fallu beaucoup de temps, de nombreuses années pour développer jusqu'au bout ce nouveau pouvoir mental sans entraves), mais que la liberté progressive et la maîtrise du mental sont parfaitement dans les moyens de quiconque possède la foi et la volonté d'entreprendre cette conquête.Cette lettre figure en partie dans Les Bases du Yoga, chapitre 1. Traduction de la Mère pour les parties concernées...

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Votre erreur est de croire que vos pensées vous appartiennent, que vous les fabriquez, et que si vous ne créez pas de pensées (c'est-à-dire si vous ne pensez pas), aucune n'apparaîtra. Si vous observez un peu, vous verrez que vous ne fabriquez pas vos propres pensées, mais plutôt qu'elles se produisent en vous. On naît poète, dit le proverbe, on ne le devient pas; de même les pensées naissent et ne se fabriquent pas. Évidemment il y a une sorte de labeur et d'effort, quand vous essayez de produire ou encore de penser sur un certain sujet, mais c'est une concentration dont le but est de faire émerger les pensées, de les faire entrer ou descendre selon le cas, et de les amener à s'assembler. Croire que c'est vous qui formez les pensées ou les assemblez est une illusion égoïste. Elles le font d'elles-mêmes, ou la Nature s'en charge à votre place, non cependant sans être soumise à une certaine contrainte; vous devez la fustiger souvent pour qu'elle le fasse, et les coups ne sont pas toujours efficaces. Mais le mental, la nature ou l'énergie mentale (appelez cela comme vous voudrez) le fait, d'une certaine manière, et poursuit un certain ordre de pensées, d'intellectuelleries (pardon pour le barbarisme) ou d'âneries fortuites, d'intellectualités rigoureusement ou imparfaitement ordonnées, de séquences et d'inconséquences logiques, etc., etc.

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Comment une intuition pourrait-elle pénétrer au sein de cette joyeuse cohue? Elle y parvient quelquefois; il arrive souvent que des intuitions pénètrent chez certains, mais aussitôt les pensées ordinaires les entourent et les dévorent toutes crues, et toutes souriantes de voir luire, à travers leur estomac nonintuitif, un fragment de l'intuition qu'elles ont assassinée, elles vous regardent et disent: "Je suis une intuition. Monsieur." Mais ce n'est rien que de l'intellect, une intelligence ou une pensée ordinaire qui contient une parcelle de l'intuition démembrée, et par conséquent trompeuse. Or dans un mental vide — vide mais non pas inerte, c'est important — les intuitions ont quelque chance de pénétrer vivantes et entières. Mais ne vous hâtez pas d'en déduire que tout ce qui vient dans un mental vide sera intuitif; n'importe quoi, n'importe quelle sorte d'idée folle peut entrer. Il faut être vigilant et examiner les lettres de créance du visiteur. En d'autres termes, l'être mental doit être présent, silencieux mais vigilant, impartial mais plein de discernement. Cela, cependant, quand vous êtes en quête de la vérité. Pour la poésie, il n'est pas nécessaire d'aller si loin. Seule la qualité poétique du visiteur doit alors être inspectée, ce que l'on peut faire lorsqu'il a déposé son paquet, au vu des résultats...

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C'est ainsi que les choses viennent, mais on n'y fait pas attention. Les pensées, les idées, les belles inventions, etc. sont toujours à vagabonder (en ondes de pensée ou autrement) à la recherche d'un mental qui puisse leur donner corps. Un mental s'en saisit, les regarde, les rejette; un autre les prend, les examine et les accepte. Deux intellects différents attrapent la même forme ou onde de pensée, mais comme les activités mentales sont différentes, ils en tirent des résultats différents. Ou cette forme, cette onde de pensée vient à quelqu'un qui n'en fait rien; alors elle s'éloigne en disant: "Comme cet animal est mal préparé!" et s'en va vers un autre qui l'accueille à bras ouverts; elle s'installe et s'exprime en lui dans le joyeux bouillonnement de l'inspiration, de l'illumination ou de l'enthousiasme d'une création ou d'une découverte originale, et le bénéficiaire s'écrie avec orgueil: "Voilà ce que j'ai fait, moi!" L'ego, Monsieur, l'ego! Vous êtes ce qui reçoit la pensée et la met en forme, si vous voulez, mais rien de plus.Tout d'abord ces ondes de pensée, ces germes ou formes de pensée — appelez-les comme vous voulez — ont des valeurs différentes et viennent de différents plans de conscience. La même substance de pensée peut revêtir des vibrations supérieures ou inférieures selon le plan de conscience que les pensées traversent pour pénétrer en vous (par exemple: mental pensant, mental vital, mental physique, mental subconscient) ou selon le pouvoir de conscience qui s'en empare pour les pousser vers un individu ou un autre. De plus, chacun a sa substance mentale et la pensée qui y pénètre l'utilise pour se donner une forme ou se traduire (se transcrire, disons-nous en général), mais la substance peut être plus ou moins fine ou grossière, plus ou moins forte ou faible, etc., etc., dans un mental que dans un autre. Il y a aussi en chacun une énergie mentale, présente ou potentielle, qui est différente, et cette énergie mentale, dans sa manière de recevoir la pensée, peut être lumineuse ou obscure, sattwique, radjasique ou tamasique, et les conséquences varient dans chaque cas...

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Les idées du Mental universel prennent une forme verbale dans le mental, quand elles y pénètrent, à moins qu'elles ne proviennent de certains êtres et ne soient pas de simples idées-forces.Psychologiquement c'est faux. Il est très possible de penser sans mots. Les enfants ont des pensées, les animaux aussi — des pensées qui peuvent prendre une forme autre que les mots. D'abord on perçoit les pensées; puis le langage apparaît pour exprimer ces perceptions et entraîne lui-même de nouvelles pensées.La connaissance mentale est de peu d'utilité, sauf parfois pour servir d'introduction à la vraie connaissance qui vient d'une conscience directe des choses.Recevoir la connaissance d'en haut et la recevoir par la seule faculté du mental, est-ce la même chose? Si le mental en est capable, la connaissance supérieure est inutile; il peut recevoir la connaissance par l'effet de sa propre grandeur.Ce n'est pas la connaissance mentale qui est nécessaire, mais une perception psychique ou une perception directe dans la conscience. La connaissance mentale risque toujours d'être aveuglée par les stratagèmes du vital.Une plus grande perfection dans la connaissance] ne peut venir que par un développement plus poussé et par l'action d'un autre genre de connaissance qui se communique au physique et se charge peu à peu des fonctions du mental dans toutes ses parties.La connaissance vaut toujours mieux que l'ignorance. Par elle les possibilités se réalisent à la longue, sinon immédiatement, alors que l'ignorance a une action obstructrice et trompeuse...

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Il y a différentes sortes de connaissance. L'une d'entre elles est l'inspiration, c'est-à-dire quelque chose qui sort des plans de la connaissance comme un éclair et ouvre le mental à la Vérité en un instant. C'est cela, l'inspiration. Elle se formule aisément en mots, par exemple lorsqu'un poète parle, comme on dit, d'inspiration.L'idée ne suffit pas. Elle ne donne qu'une lumière partielle; vous devez accéder à la Vérité tout entière qui se trouve à la fois derrière l'idée et derrière l'objet.Être,conscience,force, tel est le triple secret.L'idée contient un pouvoir, une force dont l'idée est une forme. Derrière l'idée, la forme, le mot, il y a encore ce qu'on appelle l'esprit, une conscience qui engendre la force.Toute conscience vient de la Conscience unique; la Connaissance est l'un des aspects de la Conscience divine.La connaissance spirituelle est l'expérience consciente de la Vérité vue, sentie, vécue au-dedans; elle est aussi une perception spirituelle (plus directe et plus concrète que la perception intellectuelle) de la vraie signification des choses, qui peut s'exprimer par la pensée et la parole, mais en est elle-même indépendante.Je parlais de vos expériences de la conscience supérieure, lorsque vous voyiez la Mère en toutes choses; c'est ce que l'on appelle des réalisations spirituelles, la connaissance spirituelle. Les réalisations sont l'essence de la connaissance; les pensées qui concernent ces réalisations, leur expression en paroles sont une connaissance inférieure et si les pensées ne sont que mentales, sans expérience ni réalisation, "Ils ne sont nullement considérées comme Jnâna au sens spirituel...

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Le mental, dans sa partie supérieure, est conscient de son unité avec le Divin de toutes les manières et en toutes choses; comme il a cette connaissance suprême, il n'est pas troublé par l'ignorance et l'incapacité de ses instruments inférieurs; il les contemple avec un sourire et demeure heureux, illuminé de la lumière de la connaissance suprême.La conscience de l'union avec le Divin est, pour le chercheur spirituel, la suprême connaissance.Oui, c'est ainsi que cela se passe. Un simple contact de la réalisation suffit à faire couler la connaissance du mental supérieur ou la connaissance du mental illuminé.Il ne faut pas permettre à des questions de ce genre de faire cesser le flot [de la connaissance supérieure]. Plus tard, on peut les examiner et recevoir la réponse. La connaissance qui vient n'est pas forcément complète ou parfaite dans son expression; mais on doit la laisser venir librement; plus tard, on peut l'amplifier ou la rectifier.Rien n'est constant au début, pas plus la connaissance que le reste, et même quand elle est là on ne peut s'attendre à ce qu'elle soit toujours active. Cela vient plus tard.Ce qu'il faut écarter, c'est l'ego. La connaissance restera forcément limitée tant que l'immensité d'en haut n'aura pas atteint sa pleine extension; c'est sans importance.Votre mental est trop actif. S'il était plus tranquille, posait moins de questions, discutait moins et ne s'agitait pas sans cesse pour essayer de trouver des procédés,il me semble que la connaissance aurait davantage de chances de descendre et la conscience intuitive (non intellectuelle) de se développer en vous.Tant que le mental extérieur n'est pas tranquille, il est impossible à l'intuition de se développer. Si donc vous voulez continuer à poser des questions intellectuelles sur ce qui dépasse l'intellect, en attendant que l'intuition se développe en dépit de cette activité, vous n'en finirez jamais...

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C'est le mental physique qui soulève toutes ces questions et ne peut pas comprendre ni donner la bonne réponse. La vraie connaissance et la vraie compréhension ne pourront venir que si vous cessez de poser des questions avec le petit mental physique, et que vous laissez une conscience plus profonde et plus vaste, qui est là en vous, sortir et se développer. Alors vous pourrez recevoir automatiquement la vraie réponse et la direction véritable. Votre erreur vient de l'importance exagérée que vous attachez au mental extérieur, à ses idées et à ses perceptions, au lieu de vous concentrer sur la croissance de la conscience intérieure.On peut poser mille questions à propos de n'importe quoi, mais y répondre exigerait un volume, et même alors le mental ne comprendrait rien. C'est seulement par une croissance de la conscience elle-même que l'on peut recevoir une certaine perception directe des choses. Mais pour cela, le mental doit être tranquille et un sentiment direct, une intuition directe prendre sa place.Quand vous atteindrez le vrai plan de l'intuition, les instructions ou les questions sur la manière de faire la sâdhanâ deviendront inutiles. La sâdhanâ se fera d'elle-même à la lumière de l'intuition.Il en est toujours ainsi. Ce que l'on dit de la sâdhanâ — ou n'importe quelle vérité réelle — prend toujours davantage de signification à mesure que grandissent la conscience et l'expérience. C'est pourquoi lorsqu'on élève son niveau de conscience, la vérité vue auparavant dans le mental devient toujours nouvelle, plus vaste et plus profonde...

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La seule chose à faire est de toujours laisser agir la Paix et le Pouvoir, et de ne pas laisser le mental courir après toutes sortes de choses et se troubler. Les valeurs du mental sont toutes des constructions de l'ignorance; c'est seulement quand votre être psychique vient au premier plan que vous avez la vraie connaissance, car votre être psychique sait.Oui, c'est bien cela. Le mental ordinaire gouverné par les désirs vitaux et par ses propres formations ne peut pas comprendre; il doit se tranquilliser et laisser agir la Paix et la Force pour qu'elles fassent apparaître une autre conscience qui contient la vraie Lumière. Quand ce sera fait, ces interrogations et les réactions qu'elles engendrent n'auront plus de raison d'être.Vous n'avez qu'à laisser la conscience se développer; au début il y aura des erreurs tout autant que des idées vraies, mais quand elle aura suffisamment grandi et que la force et la connaissance de la Mère agiront directement en vous, tout deviendra de plus en plus juste; de surcroît, vous aurez la certitude. Pour le moment, le rôle de l'ancien mental physique est encore trop grand pour que les perceptions soient toujours justes. A mesure que la Paix et la Force prendront directement et complètement possession de la conscience physique, tout cela changera et la conscience se développera avec plus d'assurance et dans une plus grande lumière.Retrouvez le vrai sentiment de Force et de Paix; la compréhension grandira en même temps que ce sentiment et cette expérience. Car la Force et la Paix s'accompagnent toujours d'une certaine Lumière, et c'est cette Lumière qui, en éclairant le mental, apporte la compréhension. Tant que vous essaierez de comprendre avec le mental non illuminé, les erreurs et l'incompréhension seront inévitables.Il est dans la nature du mental physique de ne rien croire ou de ne rien accepter qui soit supraphysique, à moins qu'il ne soit illuminé et n'y soit contraint par la lumière. Ne vous identifiez pas à ce mental, ne le considérez pas comme vous-même, mais seulement comme un obscur fonctionnement de la Nature. Appelez la lumière pour qu'elle descende en lui jusqu'à ce qu'il soit obligé de croire...

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Oui, le mental physique raisonne, mais principalement sur la base de données extérieures: sur les choses telles qu'elles apparaissent au mental extérieur et aux sens, sur les idées ordinaires auxquelles il est accoutumé,ou sur une connaissance purement extérieure.Le mental physique est l'instrument de la compréhension et de l'action ordonnée dans le domaine physique.Seulement au lieu d'être obscur, ignorant et maladroit, tel qu'il est maintenant, ou encore guidé seulement par une connaissance extérieure, il doit devenir conscient du Divin et agir selon une lumière, une volonté et une connaissance intérieures, en établissant un contact avec le monde physique et en s'unissant à lui dans la compréhension.Cela veut dire que le mental physique extérieur recèle une certaine obscurité qui empêche la connaissance d'émerger. Cette obscurité est universelle dans le mental physique extérieur; vous la ressentez davantage maintenant, parce qu'en ce moment l'opposition se concentre dans la conscience physique. Elle disparaîtra dès que la Force pourra descendre, en passant par le mental et le vital, pour agir directement sur la nature physique.Ce que vous avez senti, c'était l'obscurité du mental physique extérieur et de la nature physique extérieure (le centre de la gorge est le centre de ce mental extériorisant). Tant qu'elle persiste, la nature et l'action extérieures restent telles qu'elles ont toujours été et aucune communication ne peut s'établir entre elles et la conscience et l'expérience spirituelles intérieures. Cet état ne peut pas disparaître par une expérience isolée; il y faut une volonté persévérante de changement...

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Ce que vous dites est tout à fait vrai. Aucun effort personnel ne peut faire que ces choses s'accomplissent; c'est pourquoi nous vous disons toujours de conserver votre tranquillité et de laisser agir la paix et la force. Pour ce qui est de comprendre, c'est votre mental physique qui veut comprendre, mais le mental physique est incapable de comprendre ces choses par lui-même; car il n'en a aucune connaissance et ne possède aucun moyen de connaissance. Ses normes sont aussi très différentes des normes de la vraie connaissance. Tout ce que le mental physique peut faire, c'est rester tranquille, laisser la lumière le pénétrer, et l'accepter sans lui opposer ses propres idées; alors il recevra peu à peu la connaissance. Il est incapable de la recevoir par l'effort personnel, il doit se soumettre.Le mental physique extérieur a pour fonction d'agir sur le objets extérieurs; c'est pourquoi il veut sans cesse s'en occuper. Il doit apprendre à rester tranquille et à n'entrer en action que lorsque la Volonté veut l'utiliser, quand c'est vraiment nécessaire, et aussi à n'exercer cette action que sur les objets dont la Volonté veut s'occuper, et non courir ça et là au hasard. Quand il se tranquillise, il peut s'intérioriser, entrer en contact avec la conscience physique intérieure et s'unir à elle. L'élargissement et la paix, à mesure qu'ils se développent, peuvent grandement contribuer à calmer le mental physique et à lui faire découvrir la source intérieure d'une action plus profonde.Ce que vous venez de voir, et que vous décrivez dans votre lettre, est l'activité normale du mental physique qui est plein de pensées habituelles, ordinaires et répétitives, et qui est sans cesse préoccupé par des objets et des activités extérieurs. Auparavant vous étiez troublé par le mental vital qui est très différent, car il est sans cesse absorbé par des émotions, des passions, des désirs, des réactions de toutes sortes aux contacts de la vie et à la conduite des autres. Le mental physique, lui aussi, peut y réagir, mais d'une manière différente; sa nature est faite moins de désirs que d'habitudes, de petits intérêts, de petits chagrins, de petits plaisirs ordinaires. Si l'on essaie de le maîtriser ou de le refouler, il redouble d'activité...

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Dans vos rapports avec ce mental, deux choses sont nécessaires: (1) non pas tant essayer de le maîtriser, de le combattre ou de le réprimer que s'en écarter: on le regarde, on voit ce qu'il est, mais on refuse d'obéir à ses pensées ou de s'agiter parmi les objets qu'il poursuit, en se tenant à l'arrière-plan du mental, tranquille et détaché; (2) pratiquer la quiétude et la concentration dans cet état de séparation, jusqu'à ce que l'habitude de la tranquillité s'empare du mental physique et se substitue à l'habitude de ces petites activités. Cela prend évidemment du temps et ne peut venir que par la pratique. Ce que vous vous proposez de faire est donc juste.Détachez-vous du mouvement habituel des pensées, placez votre mental en dehors de lui, faites-en quelque chose que vous pouvez observer comme vous regardez ce qui se passe dans la rue. Tant qu'on ne le fait pas, il est difficile de devenir le maître du mental.Tout à fait exact. Mais c'est une expérience banale. C'est extraordinaire ce qu'il faut de temps au mental physique pour voir enfin la chose toute simple à faire...


Le psychique peut avoir une très grande influence sur le mental physique en lui montrant l'attitude juste et la juste manière de considérer les choses; le mental physique en vient ainsi à soutenir l'être émotionnel dans son aspiration, son amour et sa soumission, il commence à s'intéresser à la vérité intérieure des choses, à croire en elle et à la percevoir, au lieu de ne voir que leurs aspects extérieurs et de se fier à des déductions et à des apparences fausses. Le psychique l'aide aussi à se débarrasser de l'étroitesse et du doute qui sont ses défauts majeurs.Le psychique, s'il s'empare du mental physique et du physique vital, peut transformer de fond en comble leur volonté, leur point de vue et leur orientation, et les ouvrir à la vraie perception des choses et à l'impulsion juste. Le mental et le vital supérieur peuvent grandement y contribuer.Quand le mental physique est troublé par le vital, il n'est pas facile à convaincre, parce que son raisonnement lui est fourni par le vital qui pense selon ses propres désirs et ses propres sentiments — à moins qu'une grande clarté venant du psychique ou du mental pensant, qui se trouve au-dessus, ne vienne à la rescousse.C'est la conscience psychique qui soutient certains de ceux dont vous parlez et leur facilite le progrès par la foi; sans être parfaite, cette conscience psychique est néanmoins bien développée en eux, mais elle n'a évolué qu'après bien des difficultés vitales; il n'y a pas de raison qu'un développement de ce genre ne se produise pas rapidement en vous aussi...

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Le mental physique est transmué par l'intuition] lorsqu'au lieu de voir les choses telles qu'elles apparaissent au mental et aux sens extérieurs, on commence à voir ce qui les concerne avec un mental physique et un sens plus subtils, c'est-à-dire à voir intuitivement ce qu'il faut faire, comment le faire, ce que veut l'objet (même s'il s'agit d'objets prétendus inanimés) ou ce dont il a besoin, ce qui risque d'arriver (ou parfois, arrivera certainement), quelles forces sont à l'œuvre dans le plan physique, etc., etc. Même le corps peut devenir conscient de cette manière, par l'intuition, et sentir, sans que le mental le lui dise, ce qu'il doit faire, ce qu'il doit éviter, ce qui est proche de lui ou s'en approche (même sans qu'il le voie), etc., etc.Certainement. [Le mental physique transformé] peut imposer [au physique vital] l'attitude et le sentiment justes, rendre plus difficile la pénétration des suggestions et des impulsions fausses, et donner leur pleine force aux mouvements vrais. Cette action du mental physique est indispensable à la transformation de la conscience physique dans sa totalité, jusqu'au niveau le plus matériel; à cette fin, cependant, il est indispensable que la lumière pénètre dans le subconscient.Pour qui veut pratiquer la sâdhanâ, la sâdhanâ doit passer avant tout le reste: la lecture et le développement mental ne peuvent être que secondaires...

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Un mental développé peut être ou ne pas être une aide dans la sâdhanâ; si le développement intellectuel du mental s'est poursuivi dans une direction trop rationnelle, il peut être gênant.Je ne vois pas en quoi le travail mental contribue à la sâdhanâ et je ne comprends pas très bien ce que cela veut dire. Le fait est que l'on peut faire du travail mental, comme du travail physique, une partie de la sâdhanâ, mais il ne peut rivaliser avec elle ni être une activité séparée qui aurait les mêmes prérogatives, tout en étant moins égoïste et moins égocentrique, que la recherche du Divin.Il est évident que la poésie ne peut pas remplacer la sâdhanâ; elle ne peut que l'accompagner. S'il existe un sentiment (de dévotion, de consécration, etc.), elle peut l'exprimer et l'affermir; si une expérience se produit, elle peut en exprimer et en accroître la force. La lecture des Oupanishads, de la Guîtâ ou d'ouvrages similaires, le chant dévotionnel, peuvent apporter une aide, en particulier à certains stades; il en est de même de la poésie. Elle ouvre aussi un passage entre la conscience extérieure et le mental ou le vital intérieur. Mais si l'on s'en tient là, on n'a pas gagné grand-chose. La sâdhanâ doit être l'essentiel, et la sâdhanâ, c'est la purification de la nature, la consécration de l'être, l'ouverture du psychique, du mental et du vital intérieurs, le contact et la présence du Divin, la réalisation du Divin en toutes choses, la soumission, la dévotion, l'élargissement de la conscience en la Conscience cosmique, le Moi un en tous, la transformation psychique et spirituelle de la nature...

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Si l'on néglige tout cela pour ne s'occuper que de poésie, de culture mentale et de relations mondaines, alors ce n'est pas de la sâdhanâ. Il faut aussi que la poésie soit composée dans l'esprit vrai, non pour acquérir la notoriété ou pour sa satisfaction personnelle, mais en vue d'entrer en contact avec le Divin par l'inspiration, ou de laisser son propre être intérieur s'exprimer, comme le faisaient en Inde les poètes d'autrefois qui nous ont légué tant de poésie dévotionnelle et spirituelle; si l'on écrit la poésie dans le même esprit que les artistes ou les littérateurs d'Occident, elle n'est d'aucune aide. Même les œuvres ou la méditation ne peuvent aboutir à moins d'être accomplies dans un juste esprit de consécration et d'aspiration spirituelle qui rassemble l'être tout entier et domine tout le reste.Ne pas rassembler ainsi toute la vie et toute la nature en les orientant vers le but unique, c'est là le défaut — très répandu ici — qui rabaisse l'atmosphère et s'oppose à ce que nous faisons, la Mère et moi.L'étude ne saurait avoir autant d'importance ou plus d'importance que la sâdhanâ.Si un sâdhak a le pouvoir de méditer longtemps, naturellement il le fera et aura peu de goût pour la lecture, à moins qu'il n'ait atteint le stade où tout fait partie de la conscience yoguique parce qu'elle est permanente. Le but du sâdhak est la sâdhanâ, non le développement mental. Mais s'il a du temps de reste, celui qui a une personnalité mentale le consacrera naturellement à la lecture ou à une étude d'un genre ou d'un autre...

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Le dhyāna et le travail sont tous deux une aide dans notre yoga, pour ceux qui sont capables de faire les deux. La lecture aussi peut devenir une aide.Il devrait vous être possible de consacrer chaque jour une demi-heure à la méditation, ne serait-ce que pour donner à la conscience une habitude de se concentrer qui l'aidera d'abord à moins s'extérioriser dans le travail, et en second lieu à cultiver une tendance à la réceptivité qui portera ses fruits jusque dans le travail.Oui, la lecture peut être pratiquée comme une partie de la sâdhanâ, pour améliorer l'instrument mental.Au début de la sâdhanâ, on n'a besoin de rien de plus que ce que vous dites: "la concentration dans la foi, la dévotion et la sincérité", sur une forme de l'Être divin; vous pouvez y ajouter la prière ou la répétition du nom, si vous le désirez.
Lire de bons livres peut être une aide quand on en est encore au stade mental: cela prépare le mental, le met dans la bonne atmosphère; à celui qui est doté d'une grande sensibilité, cela peut même donner certains aperçus de la réalisation sur le plan mental. L'utilité de la lecture diminue par la suite; il vous faut trouver toute la connaissance et toutes les expériences en vous-même...

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Ce mouvement est tout à fait normal. En lisant ces livres, vous entrez en contact avec la Force qui est derrière eux, et c'est ce qui vous pousse à méditer et à avoir l'expérience correspondante.Oui, si l'on a beaucoup pensé à un certain genre de réalisation et que l'on en a profondément absorbé l'idée, il est naturel que l'expérience spirituelle correspondante soit l'une des premières à venir.Votre objection portait sur l'étude des langues, en particulier du français, parce que vous la trouvez incompatible avec la paix et le silence, du fait qu'elle entraîne une activité. Le mental, lorsqu'il n'est pas en méditation ou dans un silence complet, est toujours actif, pris par une chose ou une autre: ses idées, ses désirs, d'autres personnes, des objets, une conversation, etc. Ce sont là des activités, pas moins que l'étude des langues. Maintenant, vous changez vos batteries et vous dites que votre objection vient de ce qu'en raison de leurs études, ils n'ont pas le temps de méditer. C'est absurde, car si les gens veulent méditer, ils établiront leurs horaires d'étude en conséquence; s'ils ne veulent pas méditer, la raison doit être ailleurs, non dans l'étude, et s'ils n'étudient pas, ils ne feront que continuer à penser à des "futilités". Ce n'est pas par manque de temps qu'ils ne méditent pas, ni sous la pression de l'étude...

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L'étude et le silence intérieur, c'est très bien, mais cela ne développe qu'une partie de l'être; le silence intérieur peut aussi servir de support à un travail et à une vie plus vastes.La lecture ne permet pas de s'intérioriser réellement: elle vous transporte seulement de la partie la plus physique de la conscience extérieure à la partie la plus mentale.Un temps doit venir où la lecture ou toute autre activité extérieure ne s'oppose plus à la pression ou à l'activité de la conscience supérieure.La lecture doit apprendre à s'accommoder de la pression; c'est-à-dire qu'on doit lire avec le mental extérieur, alors que l'être intérieur reste concentré.C'est bien. La lecture ne doit pas absorber la conscience; la plus grande partie de la conscience doit se tenir détachée à l'arrière-plan, consciente d'une manière plus large.Vous pouvez, en commençant, vous souvenir du Divin et lui offrir votre lecture, et faire de même à la fin. Dans un certain état de la conscience, une partie seulement poursuit sa lecture ou effectue son travail, tandis qu'à l'arrière-plan, la conscience du Divin demeure en permanence...

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C'est ce qui arrive quand la passion pour la lecture ou pour l'étude s'empare du mental. On veut y consacrer tout son temps. C'est une force qui cherche à se satisfaire — comme les autres forces — et s'empare de la conscience pour l'utiliser à ses propres fins. Il faut se servir de ces forces sans leur permettre de s'emparer de vous; pour cela, l'être central doit toujours garder le contrôle des forces de la Nature qui entrent en contact avec lui, en choisissant lui-même ce qu'il acceptera d'elles, comment il les utilisera, comment il organisera leur action. Sinon, chaque Force se saisit d'une partie de la personnalité (l'étudiant, l'homme du monde, l'amant, le combattant), utilise l'être et en prend la direction, au lieu d'être maîtrisée et utilisée par lui.Les mouvements que vous décrivez ne vous sont pas particuliers, ils reflètent la tendance naturelle du mental vital et prennent des formes similaires chez la plupart des gens. Dans la sâdhanâ, ce mental doit être tranquillisé comme le reste et son énergie doit être maîtrisée, transformée et utilisée comme il convient; mais cela prend du temps et ne se fait que par l'élargissement de la conscience. La pression exercée par ces mouvements est trop normale pour que l'on y trouve une bonne raison de se décourager.Je ne crois pas que vous devriez cesser de lire tant que la passion de la lecture ne se sera pas détachée de votre mental; ce détachement se produit lorsqu'un ordre supérieur de conscience et d'expérience commence à s'établir dans l'être. Il n'est pas bon non plus de trop vous forcer à n'avoir d'autre activité que la peinture. Imposer au mental ou au vital une contrainte de ce genre se solde d'ordinaire par un échec et les rend plus agités qu'ils n'étaient, ou tend à créer une sorte de molle inertie.Quant au travail, aspirez tout simplement à ce que la Force vous utilise, mettez-vous intérieurement en relation avec la Mère lorsque vous travaillez, et donnez-vous pour but d'être son instrument pour exprimer la beauté, sans vous soucier de votre notoriété personnelle ni des louanges et des critiques des autres...

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Le fait même d'écrire sur des sujets ordinaires tend à extérioriser l'être, à moins que l'on ne se soit habitué à écrire (quel que soit le sujet) dans une conscience intérieure détachée, indifférente à l'activité de la conscience extérieure.Exécuter un travail mental tout en pratiquant la sâdhanâ n'est pas si facile, car c'est avec le mental que l'on pratique la sâdhanâ. Si l'on se retire à la fois du mental et du corps, et que l'on vit dans la conscience intérieure du Pourousha, c'est possible.Le seul moyen est de séparer la Prakriti du Pourousha. Lorsque vous sentez, au-dedans, quelque chose qui observe toutes les activités mentales, mais en reste séparé, comme vous regarderiez ce qui se passe dans la rue, alors le Pourousha est séparé de la Prakriti mentale.Cela signifie simplement que vous n'êtes pas capable de vous séparer de votre conscience mentale lorsqu'elle est active. Naturellement, si vous séparez votre conscience mentale de la lecture, vous ne pouvez pas comprendre ce que vous lisez, puisque c'est avec la conscience mentale que l'on comprend. Vous ne devez pas séparer la conscience mentale de la lecture, mais vous séparer vous-même de la conscience mentale. Vous devez être le Témoin qui la regarde lire, écrire ou parler, tout comme vous regardez votre corps agir ou bouger.Je n'ai aucune objection à ce qu'il continue ses études; qu'elles soient utiles ou non à une vie de sâdhanâ dépend de l'esprit dans lequel il les fait. Ce qui est vraiment important, c'est d'élaborer un état de conscience où l'on peut vivre dans le Divin et, de là, agir sur le monde physique. La discipline et l'éducation mentales, la connaissance des hommes et des choses, la culture, les capacités utilitaires sont une préparation dont le sâdhak ne peut que se féliciter, bien qu'elles ne soient pas la seule chose indispensable. L'enseignement, dans l'Inde, donne bien peu de tout cela, mais si l'on sait étudier sans trop se soucier de la forme et des réussites purement académiques, la vie de l'étudiant peut être utile à la sâdhanâ...Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 3

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Il n'y a aucune raison que X ne termine pas ses études, ou qu'il n'apprenne pas quelque chose qui lui permettra de se rendre utile dans la vie. L'inutilité n'est pas une qualification pour le yoga.Être ignorant des choses de ce monde n'aide pas à acquérir la connaissance spirituelle.Je ne puis vous donner une réponse plus précise. L'étude n'est importante que si l'on étudie de la bonne manière, et si l'on est doué pour l'acquisition de la connaissance et la discipline mentale.La lecture et l'étude ne sont utiles que pour s'informer et élargir ses connaissances. Mais elles ne mènent à rien si l'on est incapable de discerner, de discriminer, de juger, de voir ce qui est dans les faits et derrière eux.Non, pas nécessairement. L'étude de la logique est un entraînement théorique; on y apprend quelques règles pour penser logiquement. Mais la manière de les appliquer dépend de votre intelligence. Dans tous les domaines de la connaissance et de l'action, on peut être un bon théoricien mais un piètre exécutant. Un excellent théoricien et critique de l'art militaire, s'il reçoit le commandement d'une armée, peut fort bien perdre toutes les batailles, être incapable d'adapter correctement les théories au cas qui se présente. De même, un théoricien de la logique peut patauger dans les problèmes de pensée par manque de pénétration, de rapidité mentale ou de souplesse dans l'utilisation de ses aptitudes. Par ailleurs, la logique n'est pas toute la pensée: l'observation, l'intuition, la faculté de s'intéresser aux choses et de les voir sous leurs divers aspects sont plus importantes...

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À ma connaissance, ce n'est pas en apprenant la logique que l'on s'affranchit des contingences physiques. Quelques intellectuels mènent une vie mentale et sont, dans une large mesure, indifférents aux besoins physiques, mais ils sont très peu nombreux.L'entraînement du mental consiste à lire, à apprendre toutes sortes de choses, à acquérir des informations complètes et exactes, à s'entraîner à penser logiquement, à considérer sans passion tous les aspects d'une question, à rejeter les déductions et les conclusions hâtives ou erronées, à apprendre à regarder toutes choses clairement et dans leur ensemble.Le bon sens, soit dit en passant, n'est pas la logique (qui est la chose au monde qui ressemble le moins au bon sens); il ne fait que regarder les choses sans les amplifier ni les minimiser, sans se laisser aller à des imaginations débridées, en l'occurrence — se laisser aller à des désespoirs du style: "Mais pourquoi, mais pourquoi''Un intellect bien entraîné et l'étude sont deux choses différentes; quantité de gens ont beaucoup lu sans avoir pour autant un intellect bien entraîné. L'inertie peut affecter tout le monde, même les gens les plus instruits.On peut avoir beaucoup lu et cependant être peu développé mentalement. C'est en pensant, en comprenant, en recevant des influences mentales de ceux qui vous sont supérieurs par l'intellect que l'on développe son mental...

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L'intelligence ne dépend pas de la somme des lectures, c'est une qualité d'esprit. Les études fournissent seulement des matériaux à son activité, comme le fait aussi la vie. Il y a des gens qui, ne sachant ni lire ni écrire, sont plus intelligents que bien des érudits et comprennent mieux la vie et les choses. Au demeurant, une bonne intelligence peut se développer par la lecture, parce qu'elle a davantage de matériaux à remuer et qu'elle croît par l'exercice et par l'élargissement de son champ d'activité. Mais la connaissance livresque n'est pas en soi la vraie connaissance; elle doit servir d'adjuvant à l'intelligence, mais le plus souvent elle n'aide que la stupidité ou l'ignorance: l'ignorance, parce que la connaissance des faits est bien peu de chose si l'on est incapable de voir leur vraie signification.Ce n'est pas une règle. Mieux vaut avoir un mental fort et développé, mais l'érudition ne forge pas nécessairement un mental fort et développé.Son principal grief à l'égard des intellectuels est qu'il est tenu à l'écart de toute discussion d'ordre mental et de tout stimulant mental, de sorte que ses énergies mentales s'atrophient. Mais lorsqu'on a une vie mentale, on n'a pas à dépendre des autres pour l'alimenter, puisque cette vie se déroule à l'intérieur; il doit y avoir au-dedans des sources qui jaillissent par leur propre force.Ce que vous pouvez faire, c'est lire non pour passer le temps, mais dans la claire intention d'apporter des connaissances à votre mental.Lire ce qui apportera une aide au yoga, ce qui sera utile dans le travail, ou ce qui développera les capacités pour les fins divines. Ne pas lire toute cette littérature qui ne vaut rien, pour se distraire ou satisfaire une curiosité intellectuelle de dilettante, ce qui équivaut à boire un petit verre mental. Une fois que l'on est établi dans la conscience supérieure, on peut ne rien lire ou tout lire: cela ne fait aucune différence; mais vous en êtes encore loin...

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L'écriture et la lecture absorbent le mental et le remplissent d'images et d'influences; si les images et les influences ne sont pas de bonne qualité, elles vous détournent naturellement de la vraie conscience. C'est seulement lorsque celle-ci est bien établie que l'on peut lire ou écrire n'importe quoi sans perdre cette conscience, ou sans que cela vous nuise en aucune manière.Il n'est pas nécessaire d'être en contact avec le monde extérieur de cette façon; cela peut être utile en certaines circonstances et à certaines fins. Mais cela peut aussi constituer un obstacle. Tout dépend de la conscience dans laquelle c'est fait.Lire des livres divertissants peut servir à détendre la conscience mentale. Dans les premiers temps, il n'est pas toujours possible de maintenir le mental dans un état de concentration et d'effort spirituels constants, et celui-ci se réfugie dans d'autres occupations, se sentant instinctivement porté vers celles qui sont d'un caractère plus léger.Que les lectures soient utiles ou non à la croissance de l'être dépend de leur nature. Aucune règle générale ne peut être fixée. On ne peut pas dire qu'il faut, ou qu'il ne faut pas, lire de la poésie ou du théâtre; tout dépend du poème et de la pièce, et il en est de même pour le reste.Cela dépend de la nature du livre. Par la philosophie, le mental devient plus subtil dans certaines directions, ou du moins ce devrait être le cas. La philosophie ne peut nuire que si le mental commence à s'accrocher aux idées au lieu d'aller de l'avant pour avoir l'expérience directe...Nouvelles Lumières sur le Yoga, chapitre 3.


Oui, c'est ainsi qu'il faut lire ces ouvrages. Ces philosophies sont en majeure partie des intuitions mentales mêlées à beaucoup de conjectures (de spéculation), mais à l'arrière-plan, si l'on a la connaissance, on peut saisir une certaine Vérité à laquelle elles correspondent.Je ne vois rien de faux dans vos réflexions philosophiques. La philosophie est évidemment une création du mental; son défaut n'est pas qu'elle est fausse, mais qu'un système philosophique est seulement une partie de la vérité, alors que le philosophe la prend pour le tout. Si l'on ne s'enferme pas ainsi, mais que l'on regarde tous les aspects, il n'y a pas de mal à philosopher.La Vérité divine est plus grande que toute religion, croyance, Écriture, idée ou philosophie; vous ne devez donc vous attacher à aucune d'elles.
En ce qui concerne ce commentaire-ci, je ne sais pas, mais la plupart des commentaires sur les Oupanishads sont élaborés par l'intellect rationnel et spéculatif. Ils peuvent être utiles à ceux qui cherchent à découvrir par l'intellect la signification des Oupanishads; mais ils ne peuvent rien apporter au sâdhak qui, comme vous, est en quête d'expérience; ils risquent plutôt de porter la confusion dans le mental en lui retirant sa vraie base et en l'écartant de la route de l'expérience et de la réceptivité spirituelle pour le projeter dans le méli-mélo du débat intellectuel.La métaphysique traite de la cause ultime des choses et de tout ce qui se trouve derrière le monde des phénomènes. En ce qui concerne le mental et la conscience, elle s'interroge sur ce qu'ils sont, se demande comment ils sont venus à exister, quelle est leur relation avec la Matière, la Vie, etc. La psychologie traite du mental et de la conscience en essayant de découvrir non point tant leur nature et leurs relations ultimes que leurs fonctionnements pratiques, les règles et les lois de ces fonctionnements...

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Je crois qu'une certaine connaissance scientifique vous sera d'une grande utilité; ce domaine est tout à fait inconnu à la plupart des gens d'ici, et pourtant il influence la majeure partie de la pensée et de la connaissance modernes.En ce qui concerne le roman, je ne sais pas. Les écrivains y introduisent des relations entre hommes et femmes parce que depuis des siècles, l'habitude est de faire tourner tous les romans autour de ce thème, à part quelques-uns qui traitent d'événements historiques, d'aventures ou de sujets semblables. Dans un roman fondé sur la philosophie spirituelle, cette idée de l'homme et de la femme ne devrait-elle pas passer à l'arrière-plan ou disparaître, puisque l'amour spirituel est fondé non sur le sexe, mais sur la relation entre deux âmes?Le seul inconvénient de lire cette littérature est que le vital y trouve prétexte à l'excitation sexuelle. Autrement, il n'y a aucun mal à lire pour acquérir des connaissances; les faits de l'existence doivent être connus, et nous devons les étudier avec un mental libre et dépourvu de passion. Mais il faut éviter ce genre de lecture si la moindre réaction vitale apparaît.Savoir ce qui se passe dans le monde n'est pas contraire au principe de la vie yoguique; ce qui est antiyoguique, c'est d'être attaché à ces informations au point d'être incapable de s'en passer, ou de penser que ces questions sont d'une importance majeure. La chose la plus importante doit être la sâdhanâ, la croissance vers une nouvelle conscience et une vie intérieure nouvelle. Il faut faire le reste avec détachement, sans s'y laisser absorber. Il faut en arriver à sentir que si la Mère vous disait de ne plus jamais toucher à un journal, cela ne vous manquerait pas et vous ne sentiriez même pas la différence...

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De toute évidence, bien des choses s'appliquent également à tous et on ne peut les éluder de cette façon. L'adage "à chacun sa manière" n'est pas vrai: chacun a sa manière propre de suivre la "manière" générale, et cette "manière propre" peut souvent s'avérer très défectueuse. Il est vrai, bien entendu, que les natures et les approches diffèrent, qu'il s'agisse de sâdhanâ ou d'autre chose. D'une façon générale, on peut dire que lire des journaux ou des romans n'aide pas à la sâdhanâ; c'est pour le moins une concession faite au vital qui n'est pas encore prêt à s'absorber dans la sâdhanâ, jusqu'à ce que l'on soit capable — si on ne l'est déjà — de lire de la vraie manière, avec une conscience supérieure qui non seulement n'est pas "dérangée" par la lecture ou distraite de sa concentration yoguique, mais peut trouver à la lecture une utilisation juste, du point de vue de la conscience intérieure et de la vie intérieure.Ces raisons que l'on donne ne prouvent évidemment rien; elles peuvent n'être que des excuses que présente le mental afin de faire ce que veut le vital. Les journaux, c'est évident, portent une atmosphère qui rabaisse. Il s'agit de savoir si l'on peut se détacher suffisamment pour que cette atmosphère ne vous tire pas vers le bas. Pendant la lecture, la partie extérieure de la conscience, celle qui est en avant, est certainement à un degré inférieur. Cependant, si la conscience à l'arrière-plan n'en est pas affectée, on peut, aussitôt après la lecture, revenir au niveau supérieur habituel...

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Se contenter de suivre des règles extérieures n'est évidemment pas suffisant. Ces règles ne sont qu'une aide pour l'effort intérieur jusqu'à ce que la conscience intérieure soit complètement établie. En général, si l'on consacre beaucoup de temps à lire des journaux de la manière ordinaire, on reste attaché à un point de vue et à une vision ordinaires des choses, et intéressé par cela; lorsqu'on a la conscience intérieure, on peut voir d'un autre regard, plein de connaissance, ce qui se passe dans le monde; la lecture peut alors avoir une certaine utilité, même si la plus grande partie de ce qui est publié reste vide et futile. Mais s'abstenir simplement de lire n'est pas en soi très efficace. Par ailleurs, si l'on a besoin de se distraire, la lecture des journaux fait l'affaire.S'intéresser aux événements extérieurs n'est pas mauvais en soi; tout dépend de la nature de cet intérêt. Si on le fait comme une partie de la sâdhanâ, en regardant les choses du point de vue de la vraie conscience, cela devient un moyen de développer l'être. C'est ce qui importe: acquérir la vraie conscience, et c'est ce qui vient en vous lorsque vous avez ce sentiment de la Paix et de l'action de la Force en elle. Vous n'avez aucune raison d'être insatisfait ou mécontent de vous, puisque le progrès se fait en dépit de la résistance des forces inférieures. Il faut vous débarrasser de cette pression qui se traduit par une lourdeur d'estomac. C'est là que se trouve encore la principale résistance. La paix au-dedans, et extérieurement une confiance, une joie pleines de bonne humeur, voilà ce qu'il faut; alors les pressions et les troubles nerveux de ce genre cesseraient...

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On n'apprend pas l'anglais ou le français pour faire avancer la sâdhanâ; on le fait pour développer le mental, et comme une partie de l'activité dévolue à l'être. À cette fin l'étude du français est aussi bonne que celle de l'anglais, et si l'on s'y adonne comme il convient, elle est meilleure. Il n'y a pas non plus de raison, si l'on est doué, de se limiter à l'étude d'une seule langue.La connaissance des langues fait partie de l'équipement du mental.Tout dépend de ce que vous voulez faire de cette langue. S'il ne s'agit que de lire la littérature, il suffit d'apprendre à lire, à prononcer et à comprendre correctement. Si l'on veut une maîtrise complète, il faut apprendre à fond à converser et à écrire dans cette langue.Cela dépend; lire rapidement de nombreux livres permet de se familiariser avec la langue et de la manier avec plus d'aisance et de facilité. L'autre méthode est nécessaire à l'approfondissement et à l'exactitude dans le détail.C'est le mental pensant qui élabore les idées; le mental extériorisant ou mental physique les formule en mots. Vous n'avez probablement pas développé suffisamment cette partie du mental. Le don d'expression verbale est relativement rare. La plupart des gens s'expriment maladroitement ou s'ils écrivent avec abondance, c'est sans la composition et le style qui conviennent. Mais cela n'a pas une importance essentielle dans la sâdhanâ; tout ce qu'il faut, c'est communiquer avec clarté les perceptions et les expériences de la sâdhanâ...

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Jamais je n'ai entendu dire que l'étude de la logique était nécessaire pour bien s'exprimer. Pour autant que je sache, très peu de bons écrivains se sont donnés la peine d'étudier cette matière.On acquiert le pouvoir d'expression en entrant en contact avec les sources intérieures d'où viennent ces choses. Un mental calme et silencieux aide beaucoup ce pouvoir à couler librement, mais ce n'est pas indispensable, pas plus que cela ne suffira à le faire venir.La Connaissance d'en haut, comme tout ce qui descend, peut s'exprimer dans n'importe quelle langue.Lorsque la connaissance descend avec force, elle apporte très souvent son propre langage et les défauts de l'instrument sont abolis. Certaines personnes très ignorantes, lorsque la connaissance commençait à couler, écrivaient à merveille; quand elle ne coulait pas, leur langue devenait incorrecte et banale.L'expression, c'est une autre affaire, mais Râmakrishna était un homme sans instruction, le contraire d'un intellectuel, et pourtant son expression de la connaissance était si parfaite que même les plus grands intellects se sont inclinés devant elle.La pensée et l'expression présentent toujours un seul aspect des choses; il faut voir l'ensemble, mais on ne peut en exprimer qu'une partie, à moins d'écrire un long texte. La plupart des penseurs ne voient même pas l'ensemble, mais seulement des aspects et des parties; c'est pourquoi les philosophies et les religions sont toujours en conflit...Ce qui s'exprime n'est qu'une partie de ce qui est à l'arrière-plan, qui demeure inexprimé et, dans le langage de la manifestation, inexprimable.La voix apporte une vibration de force plus difficile à traduire par l'écriture, qui est elle-même un véhicule plus mécanique, bien que la parole écrite ait un pouvoir spécial qui lui est propre.Sauf peut-être parfois les corbeaux, dans leur parlement...Sri AurobindoMc3a8re et sri aurobindo sc3a9pia 2

 

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